La Mathilde, par ce simple prénom on imagine très bien l’enfant sage réclamant une part de tarte aux pommes à sa grand-mère et comme elle sourit et dis s’il te plaît, mamie lui colle une boule de glace vanille. Perso des Mathilde j’en ai connu des sympas, mais jamais qui faisait de la musique.

Après cette intro sur les prénoms, passionnante vous en conviendrez, attardons-nous sur ce groupe au prénom charmant comme une boule de glace vanille sur une tarte aux pommes.

La Mathilde groupe seine et marnais avec 5 membres, en formation rock classique, qui comprend un saxophoniste, et le chanteur joue de l’accordéon.

Ce quintet francilien sort un nouvel album le 11 mars me dit-on, ah oui ? cool ça c’est une bonne nouvelle ! oui d’ailleurs c’est le cinquième ! Incroyable… en allant sur le site pour faire cet excellent travail de journaliste que je ne suis pas, je me rends compte que oui 5 albums et 9 CD en tout de sortie !

Ça pèse dans le Game comme disent les jeunes, quel groupe aujourd’hui peut etre sorti du piège de ce fameux premier album ? pas beaucoup, mais 5 bordel c’est que la détermination est intacte, la motivation au coin des lèvres prête à bouffer le public.

« Crier la nuit » c’est son petit nom, 11 titres, affutés comme jamais dans le savoir-faire du groupe, du texte beau, qui sait parler du laid, Mr Simon a sa plume légère mais l’encre est solide et accroche la feuille comme jamais, on écoute il y a du fond.

Alors oui c’est toujours un peu triste mais y a de la lumière au bout du tunnel, l’écriture est aboutie à la mesure du disque qui l’est aussi.

Si la jaquette toujours aussi énigmatique avec ce jeune enfant fuyant les assauts d un bovin au sourire malicieux, on sent la nostalgie, la fin de la naïveté ? une mue secrète du groupe !

A la première écoute de ces chansons, c’est toujours la même énergie textuelle, couplée à la saveur orchestrée d’une section accordéonisée,  saxophonisée, et surtout rock and roll avec une saturation parfum punk pas piqué des hannetons.

« Bam », la première chanson envoie le steak haché contre le mur, sans matières grasses, tout ce qui fait la touche du groupe est toujours là, il y a toujours de l’accordéon, du saxo, et des grattes saturées typique d’un rock and roll post quelque chose, tout ça se mélange assez bien, c’est harmonieux sans que chacun se coupe la parole.

Si « Plumage » la troisième chanson enfonce le clou dans un mur qui n’en finit pas de se lézarder, les  grattes saturées empruntent au post hardcore sans jamais lui rendre, ça envoie bien surtout sur la fin.

« Pneu crevé » est la symbolique par excellence de la chanson de tournée, celle qui explique que parfois il n’y a pas que pneus qui peuvent éclater, les hommes sont aussi fatigués, ils le chantent très bien en chœur, le groupe est à l’unisson, la métaphore de l’épique tournée, et pique le pneu.

« Mon cachot bien aimé », amorce une reprise de Jean Genet la marche funèbre, pas moyen de crever avec ce morceau fort bien orchestré, Jean tu peux dormir tranquille !

« Hydre », morceau sans paroles ou le saxophone envoie des volutes nous propulsant dans une ambiance mythologique et mystérieuse une véritable bande son de film (si si !! écoute réalisée sans trucages) les sons se répondent……belle réalisation que ce morceau.

Cet album généreux réalisé dans des lieux atypiques, hors des schémas classiques type studio,  dans des granges ou des caves, un interview plus bas avec Éric et Julien du groupe qui vont expliquer cette prise de son, cette prise de risque.

Plus aboutit, plus Rock, plus profond cet album est vraiment une belle réalisation, bien sûr cet album ne satisfera pas les amateurs de couplet refrain, couplet refrain, la saveur y est ailleurs, il faut goûter cet album avec les oreilles de l aventurier, de celui qui ose la chanson néo réaliste, le post hardcore et le punk garage des soirs de pleine lune. Seul les vrais sachent !

Si le conseil auditif de  cet album est vraiment une évidence, il faudra aussi se faire une idée sur scène, les concerts de La Mathilde dantesques m’ont toujours fait un penser à  Madness,  dans l’ambiance de la scène Ska dans une Angleterre enfiévrée par Margaret.

Beaucoup de références de sons d’images et de couleurs quand il s agit de La Mathilde alleeez je sais que vous en avez envie de ce morceau de tarte aux pommes avec sa boule vanille. Régalez vous

@pyofficiel

Interview du groupe :

MERCI A ERIC ET JULIEN POUR CE TEMPS D’ENTREVUE

1). Quel est l’état d’esprit du groupe après cette parenthèse musicale forcée ?

Eric : Nous n’avons pas marqué de véritable « parenthèse » dans le sens où nous avons composé la grande majorité de ce disque à distance pendant le premier confinement. On a tenté d’utiliser les outils numériques à disposition pour maintenir l’écriture collaborative qui nous est chère. Après effectivement s’il est question de concerts, on est plus sur un trou noir que sur de la parenthèse. 

Julien : On est contents que l’album sorte enfin ! Entre la dernière tournée et cet album, il s’est quand même passé quelques années.

2). Qui est ce sympathique enfant sur la pochette de l’ album ?

C’est Julien (le saxophoniste). Pas de militantisme vegan ou de prosélytisme anti-spéciste derrière cette photo, on l’a simplement trouvée cool. Dans le livret 16 pages de la version physique de l’album il y aura une photo de chacun de nous enfant, en compagnie d’une bestiole ; un peu comme les calendriers Pirelli.

3). C’est votre troisième jaquette avec une figure animale après « Déborder » et « Au clocher des cigognes » la Mathilde est-elle un animal ?

Eric : C’est marrant, je n’avais jamais fait le lien. Encore une fois, on ne s’est pas particulièrement concertés là-dessus. C’est le résultat soit du hasard, soit d’un secret désir d’animalité.

Julien : Beaucoup d’animaux sont évoqués dans cet album effectivement..un vrai zoo !

4). Vaut-il mieux crier la nuit ou murmurer le jour ?

Eric : Il vaut toujours mieux faire les choses la nuit.

Julien :  Crier le jour, c’est rarement bon.

5). Pourquoi êtes-vous sorti de votre zone de confort avec ce 5ème album?

Eric : Pour éviter l’engourdissement. En réalité, j’ai pas la sensation qu’on soit « sortis » de quoique ce soit. L’objectif en tant que groupe est de maintenir quelque chose de divertissant et d’enthousiasmant. On compose avec les envies du moment et il se trouve qu’on a eu envie de se diriger vers quelque chose de plus électrique, plus mineur, plus intime. Mais tout ça s’est fait très naturellement. Peut-être qu’un jour on fera du heavy metal.

Julien : Ou des reprises de Zouk.  Il faut sortir de sa zone de confort, c’est une obligation pour ne pas tourner sur les mêmes acquis pendant des années.

6). Qu’est-ce qui vous a poussé à procéder de la sorte ?

Eric : S’il est question du « virage » musical, je ne suis pas certain que ça réponde à quelque chose de conscient. Ça fait maintenant quelques années qu’on s’oriente vers une musique plus proche du rock saturé, que de la chanson. « Crier la nuit » est la suite logique de « Déborder » (enfin je crois).

7). Était-ce facile ? Challengeant ? Est-ce quelque chose que vous conseillez pour un groupe ?

On conseille rien à personne, sachant qu’on est loin d’être des modèles en termes d’organisation. Mais se renouveler, éviter le ressassement des vieilles recettes, ça semble indispensable pour maintenir l’envie.

8). Quelles disciplines faut-il mettre en place pour enregistrer dans ces conditions ?

On a que partiellement choisi d’enregistrer dans des lieux pas faits pour (ancienne usine plastique, maison de campagne, chambre à coucher, studios de répétition parisiens…). Comme toujours chez nous, les choses résultent d’un mélange de bricole, d’improvisation, de restrictions budgétaires, et de fonctionnement en complète autarcie/autoproduction.

9). Est-ce que les textes et les morceaux ont changé pendant ces sessions ou vous aviez tout avant ?

Je crois que c’est la première fois de notre « carrière » que nous maquettons autant les morceaux. Et vu que la plupart d’entre eux ont été composés en numérique et à distance du fait du confinement, on a eu le temps de peaufiner tout ça tranquillement. De mémoire, c’est la première fois que nous arrivons en studio en sachant tout ce qu’on va faire (même le saxophoniste J).

Julien : Les choses ont pris du temps, les chansons se sont formées sur plusieurs mois. Entre les premières maquettes et la finalisation des titres en décembre dernier, des éléments pensés comme acquis pendant des mois ont sauté, d’autres sont arrivés au dernier moment. Et c’est tant mieux.

10). Les guitares sont assez mises en avant, diriez-vous que cet album est plus rock que les autres ?

Eric : Oui, on le dirait. On est souvent partis de trames guitaristiques pour ces morceaux, du fait de pas pouvoir être réunis, ça doit venir de ça. Mais les autres disent aussi souvent qu’il y a trop de guitare.

Julien : Plus rock dans la musique, plus apaisé dans les textes.

11). Beaucoup de morceaux avec des intros, à ambiance, si vous deviez faire une bande-son pour un film, quel serait-il pour illustrer la couleur de cet album ?

Eric : J’adorerais refaire la bande-son du film d’Alain Corneau « Série Noire ». Mais ça ne regarde que moi. Et si « Crier la nuit » devait être associé à des images, je pense que le cadre serait une ville de banlieue, dans laquelle il ne se passe pas grand-chose et où les gens se réunissent en buvant pour parler des trucs cool qu’ils ont vécu. Comme une collaboration entre Bruno Dumont et Vincent Lindon.

Julien : C’est arrivé près de chez vous pour certains morceaux, un film de Dupontel pour d’autres. Les possibilités d’associations images / sons sont multiples, tout dépend de sa sensibilité et de son écoute / regard.

12). Un clip est-il en préparation ?

On tente toujours de préparer un truc. Mais on en parle qu’une fois que ça prend vie ; et c’est pas le cas pour le moment.

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