Le thé noir est vital pour cuisiner une bonne chronique
Cet article est le numéro 7 sur 12 du dossier Paroles de chroniqueurs

Vous n’avez jamais pris votre clavier et votre courage à deux mains pour écrire, quelques minutes avant la date butoir, une dissertation, un rapport, un pamphlet, une tribune, une fable de La Fontaine ou un courrier électronique destiné à résilier votre contrat de mutuelle ?
Jamais ?

Bon, voici ma recette. Mais ça reste entre nous, hein.

Temps de préparation : 30 à 120 minutes (en fonction du nombre de couverts).

Temps de cuisson : quelques secondes à 180°C (le four à chaleur tournante est une invention merveilleuse).

Ingrédients :
– un album du jour

– trois louches d’esprit critique

– un casque audio

– deux oreilles attentives

– deux litres de thé noir (Earl Grey si possible)

– un ordinateur en état de marche

– une once de poésie

– une pincée d’humour

– trois cuillers à soupe de relecture (pour le glaçage final, c’est très important)
Certains conseillent d’ajouter un zeste de mauvaise foi, pour le goût. C’est une atrocité, ça laisse une note amère sur le palais, même si la première impression est plus sucrée en bouche. À bannir !

1) Mélangez l’album du jour, le casque audio et les oreilles attentives jusqu’à obtenir une pâte épaisse. Buvez du thé, et laissez reposer quelques minutes.

2) Fouettez la pâte avec l’ordinateur en incorporant l’esprit critique avec délicatesse. Vous obtiendrez une mixture onctueuse, mais fade. Buvez plus de thé, et laissez reposer quelques minutes.

3) Coupez l’humour et la poésie en fines lamelles, puis ajoutez-les au mélange sans cesser de remuer. Goûtez, assaisonnez, mettez la préparation dans le moule de votre choix.

4) Battez votre relecture pour la rendre homogène, et badigeonnez-en généreusement la chronique. Buvez le reste du thé. Enfournez, et publiez dès que la cuisson est achevée (c’est bien meilleur chaud).

Et voilà, c’est prêt ! À déguster, bien sûr, sans modération. À bientôt pour un prochain cours de cuisine !

Aude

Dans le dossier :<< Un chroniqueur sachant chroniquer sans chronique est-il un bon chroniqueur ?La chronique du juge félin >>
Share