Difficile de ne pas penser en boucle que le monde tourne dingo, alors que je profite de l’euphorie musicale annuelle procurée par Rock En Seine.

L’Amazonie part en fumée, le glyphosate et le plastok se portent très bien merci, nos dirigeants sont encore plus dingues, inconscients et surtout très corrompus, la guerre fait rage dans un tiers des pays du monde, la dictature dans un autre tiers, les trottinettes dans un tiers supplémentaires et les selfies dans le dernier tiers, et ça fait quatre tiers comme on disait dans un vieux film.

CQFD : let’s enjoy Rock en Seine.

Justement, une autre pensée vaguement profonde s’impose à moi après ce jour 1 ensoleillé et à la programmation redevenue « rock » et superbe. Adieu rap ripou et autotuné, good bye hip hop qui n’est pas pour ce public du dernier week-end estival parisien.

Yes, tout ça et des courbatures aux jambes ce matin, alors vous pouvez vous moquer de moi (gentiment) ;

La jeunesse, une vie, la mort… mais qu’est-ce donc ?

Prenez les minots de We Hate You Please Die, par exemple. Deux garçons et deux filles de Rouen, une musique punk sans bride et sans bide. Je les rencontre dans l’espace des loges, ils sont zen. Ils sont félicités pour leur concert échevelé et sincère, plein de fureur avec le soleil dans la tronche (« super chiant » me disent-ils et « j’ai fait un truc de vieux rocker, je me suis mis de l’eau sur le visage » ajoute la batteuse). Teenagers ou presque, ils sont ravis et encore surpris d’avoir joué devant tant de monde. Ils ont du talent, ils ont pour le moment les ingrédients du groupe qui pourrait durer. Mais voilà, voilà, c’est bien le sujet… la pérennité et pouvoir s’inscrire dans le temps, l’espace, frapper les esprits et marquer les cœurs.

We Hate You Please Die, ils sont sympas

We Hate You Please Die, ils sont sympas

(NB : Au début, on est une bande de copains qui répètent dans une cave, puis la cave s’agrandit et on finit dans un festival. Enfin, on espère, car dans le jeu de l’oie « rock band in progress », les cases piscine-noyade, deuxième album, overdose, manager ripou, tentation hit parade, départ du chanteur et ego boursouflé menacent à chaque lancer de dés.)

Frappage des esprits et marquage les cœurs, c’est précisément ce que The Cure a tatoué dans des milliers d’âmes qui font ho ho ho ho ho hoooooooo pendant Play for Today, et qui projettent en une gerbe d’étincelles mentales leurs souvenirs égrénés par chaque chanson née de la plume magique de Robert Smith.

La nuit, douce et bleue, tombe sur le Parc de Saint-Cloud, notre ami maquillé comme une Austin volée fait planer sa voix de tête sur nos destinées multiples. La sienne vient de souffler soixante bougies, il pourrait maintenant s’élever aux cieux que nous n’en serions pas surpris ni fâchés, car le saint homme a déjà signé ses évangiles musicales et trilogies sur vinyle.

On vit, on s’agite, on joue de la musique et puis hop on disparaît un jour (ça c’est pour ceux qui occupent la Main Stage).

On vit, on s’agite, on écoute de la musique et puis hop on disparaît un jour (ça c’est pour ceux qui tapent des mains devant la Main Stage).

Entre-temps, même si tout crame, avant que les banquises ne deviennent des ergs desséchés et que les Chinois ne détruisent tout à la fin, on aura écouté We Hate You Please Die, applaudi The Cure et passé une très belle journée à Rock En Seine.

Et ça, c’est quand même cool, non ?

Jérôme « ah oui, j’ai aussi croisé Jeanne Added à l’espace presse et je lui ai dit bon concert » V.

PS : même pas eu le temps de voir Johnny Marr ou Eels, vous pensez quand même pas qu’on ne mange, ni ne boit, ni ne cause avec des amis pendant 8 heures ?

PS’ : Je suis fier de moi car sans faire exprès j’ai fait une photo genre « Pornography », pas mal non ?

The Cure RES 2019 façon pornography

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