Idles – Brutalism
Une bien belle découverte que cet album d’Idles ! Remerciements à Tsugi, bel et bon magazine musical toujours à la pointe, de m’avoir fait connaître ce groupe de Bristol. Déjanté, agressif, sarcastique, Idles dépeint le tableau bien peu reluisant d’une époque qui part en vrille. Tout ici ne sent que la rancœur, la révolte sourde, les pubs crasseux. Joe Tablot et ses acolytes chargent contre tout cela avec comme seules armes des riffs abrasifs et du sarcasme à la pelle. Et histoire de prendre tout le monde à revers, Idles laisse son auditeur sur une notre douce-amère avec »Slow Savage », étrange ballade déprimante. Brutalism, élu meilleure surprise de 2017.
Mastodon – Emperor of Sand
Au cours de sa carrière et de ses sept albums, le groupe d’Atlanta a brillamment démontré l’étendue de sa palette de sons. Quelque part entre stoner, sludge bien gras, élans psychédéliques, Mastodon change de peau à chaque disque. Alors, que nous réserve Emperor Of Sand ? Du stoner tout-terrain, accessible. Certes, les compositions sont peut-être un peu moins reluisantes qu’auparavant, et la densité de riff moins ébouriffante qu’à l’accoutumée. Mais Mastodon sait y faire pour marier accroche et lourdeur. Les ambiances désertiques sont là ( »Sultan’s Curse »), et la fin de l’album réserve quelques morceaux de très haute qualité, notamment Andromeda, où une intervention vocale décoiffante de Kevin Sharp (Brutal Truth) vient remettre les pendules à l’heure. Bravo Mastodon.
Junius – Eternal Rituals for the Accretion of Light
Difficile, très difficile exercice que de catégoriser Junius. Un genre de post-rock très lourd, orienté chansons, surmonté d’une voix psalmodiée. Le résultat est unique, puissant, évocateur en diable, et tout simplement beau. Sur ce troisième album, un seul gros défaut à signaler : aucun changement dans la formule. La fraîcheur du groupe a malheureusement cédé du terrain à une certaine routine. Mais hormis cet aspect »ronronnant », le troisième Junius s’avère être un cru très satisfaisant : toujours cette atmosphère unique, presque religieuse, cette lourdeur de bon aloi qui vient asseoir la puissance quasi-opératique des compositions. On peut toujours compter sur Junius.
Japandroids – Near to the Wild Heart Of Life
Très très attendu que ce troisième album des canadiens de Japandroids. Comment succéder à l’incroyable »Celebration Rock », condensé d’énergie sulfureuse et de spleen urbain. Near to the Wild Heart of Life met la pédale douce sur les tempos exubérants, ralentit, prend le temps de cultiver l’émotion. Ce nouvel album s’ouvre avec un trio de chanson exceptionnel, sorte de tiercé gagnant de tout ce qui fait un bon groupe d’indie rock : une candeur touchante, un abandon total et surtout une capacité à faire se serrer les poings et les cœurs. Écoutez donc la magistrale »North East South West » et son final en chœurs héroïques et tentez de réprimer les frissons qui vous attaqueront l’échine. Hein, comment ? Vous n’y parvenez pas ? C’est normal.
Benighted – Necrobreed
Benighted, ça ne vous dit rien ? C’est (presque) normal, ce groupe stéphanois est plutôt confidentiel. Mais pourtant, de confidentialité il n’est plus question du tout une fois lancé leur huitième album. Du brutal death mâtiné de grind, autant vous dire que le résultat est particulièrement ébouriffant. Avec ses compositions ultra-bourrines mais toujours lisibles et sa grande variété vocale (oui oui, vous avez bien lu), Benighted surclasse de la tête et des épaules tous les autres groupes officiant dans le même style. Bref, une boucherie complètement cintrée et tricolore. Chevelus et mabouls de tous horizons, laissez-vous tenter !
Morceau de l’année : The Horrors – Something to Remember me By
Autant le cinquième album de The Horrors, très pragmatiquement baptisé »V’, n’est pas un chef-d’œuvre ; autant le morceau qui ferme ce disque, »Something to Remember me By », est une véritable pépite. La perfection faite synthétiseurs, une rythmique capiteuse, un chant délicatement ennuyé et mélancolique. Écouter ce morceau de The Horrors, c’est comme danser seul dans un dancefloor enfumé dans un monde où toute l’humanité sauf vous aurait disparu : grisant, euphorisant, mais quelque part profondément triste. Pépite, vous dis-je.
Concert : Helloween, 15 novembre au Zénith
L’année 2017 aura été assez peu riche de concerts pour votre serviteur. Mais s’il fallait n’en retenir qu’un, ça serait Helloween. Un véritable « blast from the past » avec Kai Hansen, Andri Deris ET Michael Kiske tous ensemble sur scène. La setlist était à l’avenant, avec beaucoup de morceaux tout droit sortis des eighties. Une installation vidéo amusante, un hommage à Ingo Schwichtenberg, et un final éblouissant sur l’incontournable »I Want Out »… De quoi faire oublier les soucis vocaux de Deris, le nouveau look emo de Kai Hansen ou l’assez faible qualité de son du concert. Un petit bout d’histoire que j’ai eu la chance de savourer.
Merci.