En direct de l’année 1978, arriva dans mon casque une musique hypnotique, touchante et belle.

Comment vous décrire ce que produit Hailu Mergia ?

Déjà, quelques informations factuelles : Wede Harer Guzo est la troisième sortie sur Awesome Tapes From Africa du claviériste et maître de l’accordéon éthiopien, Hailu Mergia. En 1978, la vie nocturne de Addis-Abeba doit faire face à des contraintes… Le régime du Derg, alors au pouvoir, impose un couvre-feu, interdisant aux citoyens d’être dans les rues entre minuit et 6h00 du matin. Une restriction qui n’empêcha pas une partie de la population de danser et faire la fête… Ainsi, les groupes qui souhaitaient se produire devaient investir la scène toute la nuit, jusqu’au petit matin.

Outre ce contexte historique, où la musique est symbole de résistance et facteur d’humanité résiliente, cet album au son « vintage » possède un charme réel. Un groove certain, de la mélancolie, de la joie, de la beauté, du crépuscule, de l’aube et de la sueur. Un funk un peu ralenti ? Un beat tropical mais pas trop ? Un jazz de canicule ? Très difficile à ranger dans une catégorie.

Mais envoûtant on vous dit.

Longues plages où les soli instrumentaux ont la part belle, notamment cet orgue qui tourne et tourne et vire en des volutes interminables. Laissez-vous enfumer.

hailu-mergia

J’imagine que ce style partage le monde en trois.

Ceux qui ont connu la « grande époque » ou ont des souvenirs liés à ce mouvement musical. Une Ethiopie très classe et peut être oubliée ?

Ceux qui détestent.

Ceux qui adorent.

Je fais partie de la troisième et serais heureux de rencontrer des membres de la première. Voire d’y être téléchargé dans le passé, au moins une nuit !

Lecteurs curieux, plongez deux oreilles là-dedans, vous pourriez fort bien me rejoindre.

Jérôme « African friend » V.

 

Share