Awa Ly

D’influence jazz, Awa Ly sort aujourd’hui Five and a Feather, un album à consonance plus folk-pop que j’ai écouté et pour lequel j’ai eu un vrai coup de cœur. Pendant tout l’interview, Awa fait preuve d’une gentillesse, d’une disponibilité et d’une intelligence rares.

Quelle enfant étais-tu ? Je parie que tu étais sage et bonne élève !

(Rires) Cela se voit tant que cela ! Oui tu as raison. En fait je suis l’aînée de quatre enfants et j’ai été responsabilisée très tôt. Mes parents m’ont protégée et j’aimais beaucoup l’école, même si je me reposais un peu sur mes lauriers. Assez rapidement j’ai compris que j’avais envie de vie active et de voyager. Mes études m’ont permis d’avoir des stages à l’étranger ; je suis ainsi partie à New York pendant 6 mois et par la suite j’ai pu repartir 6 mois à Rome, et ces 6 mois se sont transformés en 16 ans puisque je vis maintenant à Rome. Rome est d’ailleurs une ville fantastique !

Peux-tu me raconter le jour où tu as démissionné pour vivre de la musique ? As-tu eu le sentiment de plonger dans un précipice ?

Ah oui complètement, c’était un vrai saut dans le vide ! J’ai pris cette décision sans beaucoup réfléchir, j’ai foncé. D’ailleurs je n’ai pas tout de suite averti mes parents pour ne pas les inquiéter. Au début je m’occupais de la programmation artistique d’un Club (The Place), ce qui m’a permis d’avoir une activité et qui a constitué un apprentissage précieux. C’est à cette époque là que j’ai commencé à beaucoup jouer, avec le musicien Greg Cohen par exemple et d’autres artistes italiens. J’ai participé à des concerts de jazz, j’ai enchaîné des jam session, j’ai commencé à écrire mes premières chansons que j’ai eu envie de faire écouter.

J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ton album, et d’ailleurs je l’écoute en entier, tous les titres sont vraiment tous plaisants à écouter. Peux-tu me raconter l’écriture et l’enregistrement de Five and a Feather ?

Nous avons choisi de faire un album avec assez peu de titres – je crois qu’aujourd’hui les gens sont pressés et peut-être moins concentrés, le format court correspond à une tendance du moment. En fait j’avais écrit tous les titres auparavant, sans forcément penser à cet album. Ensuite, un peu comme des photos qu’on étale pour en faire un album-photo, nous avons choisi les titres les plus adaptés ensemble. Le titre Here, en featuring avec Faada Freddy (NDLR : que nous adorons à Songazine), a été écrit il y a 3 ans environ, au moment des évènements de Lampedusa. Le fil conducteur de cet album reste le thème de l’amour et ses différentes facettes. Je tenais à travailler avec Pascal Danaé, qui fait beaucoup de chœurs et qui apporte son jeu de guitare incroyable sur cet album. Pouvoir travailler aussi avec Jean Lamoot a été une vraie chance. Je suis très heureuse du rendu global et de l’atmosphère de l’album.

La pochette de l’album est magnifique, tendance Mucha Art Nouveau ; aurais-tu aimé vivre pendant les Années Folles ?

(Rires) Cette période me fascine, mais je suis très contente de vivre à notre époque ! J’aime beaucoup le travail de l’illustratrice de l’album, Saina Six – qui vit aujourd’hui au Japon. J’aime la magie qui se dégage de ses dessins et si on observe bien, il y a des petits détails cachés dans la pochette !

Le lancement de l’album se fait au Café de la Danse, que penses-tu de cette salle ?

Je suis très heureuse de jouer dans cette salle. J’y ai vu de nombreux concerts. Si on m’avait dit qu’un jour je serais sur cette scène, j’aurais rigolé je crois ! (Rires)

Dans quelle autre salle parisienne rêverais-tu de te produire ?

Le Casino de Paris, qui a justement un décor Art Nouveau est une très belle salle ; j’y ai joué en première de Michel Jonasz – qui est d’ailleurs pour moi un très grand Monsieur.

Quelle est la première chose que tu fais en te levant le matin ?

Je remercie et j’éprouve de la gratitude de pouvoir vivre une nouvelle journée. Puis je bois un jus de citron avec de l’eau tiède. Ma journée peut commencer !

Quelle est ta principale qualité et ton pire défaut ?

Je communique facilement avec les autres. J’espère que cela se ressent sur scène, car je fais le maximum pour donner un sentiment de proximité. Au niveau du défaut, je suis peut-être trop pointilleuse dans le travail.

Qu’est-ce qui t’inspire ?

Tout ! Tout ce qui est m’entoure, même notre échange par exemple, je suis ouverte comme avec des antennes ! Les voyages, la découverte de nouveaux horizons, les rapports humains sont essentiels pour moi.

Es-tu éco-responsable ?

Oui, je fais attention, et la ville de Rome est d’ailleurs plus en avance que Paris sur ce sujet, pour le tri par exemple.

Si tu devais défendre une cause ?

C’est difficile de choisir, mais je suis très touchée par la situation des réfugiés. Je me sens impuissante et en colère, et j’essaie de transformer cette colère en action. J’aide des associations avec le gain de mes concerts, pour qu’elles puissent agir ensuite sur le terrain.

Tes chansons parlent beaucoup d’amour, y a-t-il une histoire d’amour que tu aimes particulièrement ?

Roméo et Juliette, une histoire d’amour impossible qui se termine tragiquement, ou Tristan et Yseult. Je suis une optimiste de nature, mais la souffrance fait partie de l’amour. Beaucoup de gens ont peur de souffrir et préfèrent ne pas aimer pour se protéger.

Y a-t-il un artiste avec lequel tu rêverais de collaborer ?

Il y en a beaucoup, mais j’aimerais beaucoup pouvoir collaborer un jour avec Sting.

Penses-tu qu’être une artiste femme rend plus difficile sa vie amoureuse ?

Pour mon expérience, non. Après, je pense que cela dépend de la personne avec laquelle tu es. Je suis mariée, et avant que je me marie, il savait à qui il avait à faire ! L’écriture peut-être tourmentée et difficile, on peut perdre confiance en soi, mon mari est mon pilier et mon soutien constant, notre relation est très épanouissante.

 

Awa Ly sera le 31 mars prochain au Café de la Danse pour lancer la promotion de cet album, et nous y serons aussi.

 

Pascale Baussant, pour Songazine

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