Cet article est le numéro 7 sur 13 du dossier Bilan 2016

En me remémorant la musique de l’année 2016, mon coup de foudre est Junk, septième opus du groupe M83 (Naïve) sorti le 8 avril 2016.

m83-junk

Junk m’a électrifiée et j’en ai encore des frissons me parcourant le corps en le chantonnant. Ce tout dernier album se démarque en faisant perdre des repères aux fans historiques de M83 même si on y retrouve de mêmes vagues sonores. Succéder au succès de Hurry Up, We’re Dreaming (2011) n’était pas mince affaire. Après 3 ans passés à Los Angeles, les anges se sont penchés sur le berceau de Junk afin de faire naître une œuvre kaléidoscope d’atomes dans la galaxie M83. Et il fallait se réinventer, se renouveler en jouant sans se prendre au sérieux pour diffuser cette camelote (sens du mot « junk ») tant le jeu sous toutes ses formes est l’apanage de ce M83 millésime 2016. Le premier morceau Do It, Try It ordonne de se mettre en action pour suivre la danse des mains sur des synthétiseurs qu’on croirait issus des années 80. L’arrivée au synthétiseur en mars 2016 de la musicienne et chanteuse américaine Kaela Sinclair n’y est pas étrangère en pimentant la continuité de leur jeu musical. Des voix difformes laissent place à la précision des touches synthétiques de riffs de synthétiseurs. Même si on n’est pas encore entré dans le son M83, Junk uni en  Go ! un solo de guitare de Steve Vai, au panthéon des guitaristes mondiaux, aussi bon que son talent ne peut plus être décrit, à la voix de la chanteuse Mai Lan. Anthony Gonzalez leader vocal et membre fondateur du groupe ne voulait plus régner seul en maître sur les paroles de M83. Atlantique Sud est une balade poétique au français mélanco-dramatique sous forme de duo de voix entre Anthony Gonzalez et Mai Lan. La déroutante Moon Crystal met toute voix au garage pour ne transmettre que le son qu’on pourrait croire extrait d’une série télé de ses mêmes années 80. Tel un générique rebrassé pendant des années, il est fort à parier que nombre de titres de Junk pourraient emplir les listes les bandes originales de films ou séries à venir

Bien qu’il y ait dans Junk moins d’effets sonores que dans Hurry Up, We’re Dreaming, les paroles sont clairement d’un côté ou de l’autre des émotions, gaies ou tristes. Le titre Walkway Blues nous fait suivre les tribulations d’une rencontre ne pouvant se refaire lors d’un vol ou le long des trottoirs où la batterie imite le son des pas et les battements d’un cœur frustré. Dans Bibi The Dog Mai Lan chante le français d’un poème comme extrait d’une vidéo prise en temps réel dans une rue d’un quelque part en ce monde de fin ou début de soirée, de jeu organisé, de sortie assez remarquée de ses voix qui s’entrechoquent jusqu’à ne faire plus qu’une. For the Kids est une chanson berceuse entre un enfant à l’âge différent et sa mère. Destabilisant mais tendre à entendre. Le piano de Solitude entraîne l’oreille à écouter plus qu’il n’y est, révélés par les instruments à vent, ponctués par la batterie. Seul ce morceau étouffe sa mélancolie en un final instrumental digne d’une scène d’un blockbuster tiré de l’imagination collective.

L’intermède instrumental suivant dans The Wizard ajoute une pincée de magie et apaise le tempo en attendant que la Tension remonte. L’arrivée aux synthétiseurs de M83 en mars 2016 de la musicienne et chanteuse américaine Kaela Sinclair n’y est pas étrangère en pimentant la continuité de ce jeu musical.

Avec brio Laser Gun nous incite à se laisser aller à suivre les tonalités enfantines dans un jeu vidéo, à la réalité augmentée de nos jours où tout pour tous est permis. Puis le chanteur Beck prend la parole à Mai Lan pour scander des leçons de vie dont le « If you never play the game you never lose anyway » et présenter un autre aspect du jeu à la manière du son électropop des années 80. C’est un pur plaisir auditif d’entendre de nouveau cette voix de la reprise du titre Diamond Dogs de David Bowie ou sur le morceau The Vagabond du groupe versaillais Air. En presque fin d’album, on se prend au jeu du court titre Ludivine sur une mélodie sans paroles autres que l’élévation de voix vers un instant de fulgurante grâce indiquant la proche fin de l’écoute.

Une de mes plus mémorables expériences concerts de 2016 eut lieu le lundi 28 novembre au Zénith de Paris avec M83. Voir ce groupe dont le son me passionne depuis Hurry Up, We’re Dreaming album précédent m’a fait prendre part à une communion interstellaire propulsant dans leur atmosphère électro-cosmique. « Junk » qualifie ce qui attire mais qui n’est pas forcément bon et dès le premier titre du nouvel album je savais à quoi m’en tenir, mais je n’étais pas au bout de l’euphorie intense qui s’empara de moi dans cette atmosphère aux néons laser qui capture les émotions dans une gamme de sons assez variée en dépit de la dominante électro. Lors de leurs concerts de la tournée 2016, M83 performent plus de titres de leur album à succès Hurry Up, We’re Dreaming comme Wait ou Reunion et seulement quelques morceaux choisis de Junk. Entonnant Wait la scène au ciel étoilé devint peu à peu aquatiquement bleue. Les membres se mirent à bouger en une nage frénétique sur leurs instruments à l’image de l’envolée mélodique finale de ce morceau.

Voilà ce qui me plut le plus en 2016.

Pour 2017, il est encore trop tôt pour des mots.

Vanessa MDBS

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

Dans le dossier :<< Le 2016 de MaudLe 2016 de Claude >>
Share