Cet article est le numéro 7 sur 9 du dossier Les Stranglers à la Clef

J’ai découvert les Stranglers enfant, à la fin des années 80, avec la chanson « Golden Brown », extraite de l’album La Folie. La chanson est très connue, c’est une sorte de valse d’Europe de l’Est, interprétée au clavecin, tenue par une mélodie de chant descendante, qui lui donne un air presque traditionnel, peut- être même ancestral (l’essence des tubes ?). Bien entendu, je l’adorais. On m’a dit plus tard qu’il y était question de drogues : tout à coup, les choses avaient l’air plus sérieuses, et surtout plus punk. L’adolescente que j’étais devenue pouvait continuer d’aimer les Stranglers. Dans l’album Feline (1982), j’adorais cette guitare aux arpèges espagnols presque arabisants (« Midnight Summer Dream », « Never say goodbye »), la basse puissante de Burnel et les claviers à la patine à la fois synthétique et ancienne. La voix d’Hugh Cornwell, totalement arrogante, désinvolte, avec une pointe d’agressivité, me semblait faire un contrepoint parfait à l’unité finalement très pop des chansons.

Aux premiers temps de La Féline, je reprenais « Don’t Bring Harry », j’aurais aimé chanter comme lui ! Sur le titre « La Folie », issu de l’album éponyme, la diction de Jean-Jacques Burnel m’a aussi marquée ; j’y ai découvert la possibilité de la narration, dans une chanson, ce moment où le refrain n’importe plus, où on se contente de cette anaphore géniale : « parce qu’elle avait la folie », avec cette faute de français totalement addictive. Je crois qu’ils s’étaient inspirés d’un fait réel pour écrire la chanson : l’histoire d’un étudiant japonais qui avait assassiné puis dévoré sa compagne. Ça aussi, ça me donnait l’impression d’être dans le coup en les écoutant au casque dans le bus qui m’amenait au lycée. Le temps a passé, mais mon amour pour ces chansons des Stranglers ne s’est pas démenti.

Aujourd’hui encore, sans nostalgie particulière, je pense que ce sont des disques majeurs de l’histoire du rock et ce sont des disques auxquels je peux me référer quand je compose. J’ai appelé mon groupe La Féline, un peu comme un hommage à ces deux albums fétiches réunis…

Agnès Gayraud – chanteuse et guitariste de La Féline

la féline adieu l'enfance

http://lafelinemusic.com/

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