Iggy Pop

Iggy Pop, Nuits de Fourvière, été 2015.

Ce n’est qu’une nuit, parmi tant d’autres. Mais c’est leur nuit. Leurs étoiles, leurs ombres. Et leur chanson. Pour un instant (celui pour lequel ils ont troqué leurs économies contre des tickets de papier), le théâtre les accueille parmi les spectateurs. Le concert commence, Iggy Pop entre en scène et le monde leur appartient.

Dans la fosse qui grouille de corps puants de chaleur, ils dansent tels des sioux entre les gobelets vides. Leurs mouvements acharnés se mêlent à ceux de la foule heureuse. Jeunes, libres, ils rendent gestes désordonnés un hommage vibrant à l’iguane doré qui se tord sur scène, micro entre les dents. Tout le monde hurle, ou chante, je ne sais plus.

Quand les projecteurs passent sur eux, on ne distingue que leurs dents trop lisses, alignées en sourires trop heureux. Ce soir, ils sont les passengers. La ville leur appartient, maintenant. Pour la première ou la dernière fois, réunis dans un demi-cercle romain, entourés d’inconnus, ils dansent à moitié nus sur les paroles d’un fou qui s’égosille. Les accords faux de la guitare résonnent, ont un air d’infini, puis disparaissent, remplacés par d’autres, plus rapides. Trois minutes pour oublier tout le reste et sentir la vérité de la musique sur laquelle ils ont grandi.

« I am the passenger, and I ride, and I ride

I ride through the city tonight»

La poitrine nue, mains dans les mains, ils communient sans arrière pensée. C’est l’ode à leur jeunesse, à leurs rêves qui ont changé et qui les sépareront. Ils chantent, avant que la musique ne s’arrête et que leurs rires ne cavalcadent à l’autre bout de la ville, d’un bar à l’autre, avant de s’échouer dans le creux d’un canapé.

Mais cette nuit ils sont là, ensemble.

A moins que ce ne soit déjà hier.

Juliette D.

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