On ne peut pas tout connaître, serions-nous un rock critic expérimenté comme un Yoda poli par les microsillons séculaires.

Les merveilles soniques sont légions et les journées ne font que 24 heures sur cette planète surchauffée en voie de disjonctage (ça se dit disjonctage ? Ou à défaut… pétage de plombs).

Les daubes en revanche courent les rues, envahissent l’espace sonore :  summertime, j’en veux particulièrement à cette tendance vaguement estivale de morceaux pseudo-caribéens, rythmes tcha tcha poum, paroles ineptes, espagnolades par-ci par-là et clips dévêtus au bord d’une plage privée ou de piscine : une fête au sourire de requin, une joie de vivre feinte, une réjouissance artificielle à forte rotation en radios criardes et autoradios vulgaires, à laquelle je ne me sens pas invité.

Or, je paressais chez moi et descendais mollement d’un doigt non rongé un fil de réseau social défiscalisé, taclant les nazes, likant New Order ou la SPA et signalant par vengeance les pubs envoyées par le vicieux algorithme à tout-va. Rien n’y fait mais après tout qu’importe…

Un contact que je n’ai jamais vu, héraut du jour d’un « groupe » musical de bon goût signale à la communauté que Ride, et le morceau Leave Them All Behind « est la meilleure chose que vous allez écouter aujourd’hui ». Je clique, je clique.

Ce qui fut fait et ce fut avéré.

Etat des lieux après l’écoute forcenée et répétitive.

Le morceau précité 6 ou 7 fois (8 minutes 16, on voit que c’est les vacances, man !).

L’album Going blank Again, 2 fois (oui, c’est les vacances et puis je suis fâché contre Netflix (voir le Post Scriptum).

Autant dire que je vais encore vous la faire en mode laudatif.

J’ai donc raté Ride, groupe apparemment culte du shoegaze, dream pop. Des gentlemen d’Oxford ont dès 1988 décidé de faire groupe et d’envoyer au monde leurs créations amplifiées. Des hauts et des bas, split et reformation en 2013

Du talent et du style, oui.

L’album Going Blank Again (leur 2 ème, 1992) est riche, foisonnant et vous embarque dans un voyage puissant de guitares folles et de chants/ contrechants harmonieux : de la belle ouvrage. Un artwork de pochette juste superbe, qui explose de couleurs et 100% impeccable pour mettre sur des T-shirts en plus !

La gueule du Joker, explosé avec trois claques de Batman et avec des concombres sur les yeux…

Mais je retiens le chef d’œuvre Leave Them All Behind qui m’a rendu un peu dingo.

Une boucle de son de synthé modulaire obsessif qui ressemble à celui des WHO, vous savez le truc qui rend marteau au début de Won’t Get Fooled Again.

Des montées, des descentes.

Une batterie qui bastonne comme un homme fort fâché avec une basse rondouillarde qui prend aux tripes et les deux guitares qui s’affrontent en une curée à la My Bloody Valentine et nous laissent par terre en un final de typhon mauricien, les pupilles dilatées comme un cycliste du Tour de France après sa dose de haute montagne, le souffle coupé, l’envie de presser sur REPLAY, bordel !

Merci au héraut du groupe Facebook, et Ride you ARE great.

Jérôme «  burn them all behind »

PS :  Comme je vous le disais, j’ai un peu de temps ces jours-ci

Encore un essai Netflix ha ha. The Gray Man, LE film d’action de l’été ?

Ryan Gosling qui a la palette de jeu d’une enclume sortie du congélateur. Exprimer deux émotions pour lui et c’est la rupture d’anévrisme. Un cocktail 3D de cascades et des fusillades tellement peu crédibles.

Un mix entre 007 sous ecstasy, Superman sans cape et Rambo 7 qui tire une balle les yeux fermés et 16 méchants s’écroulent, raides. Les sentinelles sont toujours aussi bêtes : tu jettes un caillou, ils regardent tu les tues.

La CIA sont tous des ripoux (ah bon ?).

Quand tu as reçu une paire de ciseaux dans le bidon ? Tu fractures la porte d’un vétérinaire, tu manges 3 croquettes, un pansement vite fait, une piquouze dans le genou à travers le futal et tu repars plus vite que Ben Johnson à son apogée d’EPO et de vitamines pas légales (mais sur la distance d’un marathon, hein).

On imagine le budget : 3 téras octets de fichiers Excel et le scénario : il tient sur un ticket de métro (et encore, sur un seul côté).

Indigence totale, et zéro empathie pour le héros, sa petite amie au carré si bien coupé infroissable et qui évite les balles en zigzaguant élégamment (punaise les méchants rateraient un éléphant à bout portant dans le couloir d’un RER B), et même le méchant tellement méchant et cynique qui croit encore qu’arracher des ongles à la tenaille c’est tendance pour faire parler un ancien pote…

Côté dialogues et punchlines, à côté Derrick c’est du Raymond Devos.

The Grand Naze, on aurait pu traduire le titre, tiens !

Et ça c’est un effort surhumain pour exprimer une demi-émotion avant de sortir le flingue et tirer en rafales

 

 

 

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