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Interview exclusive et recueillie de Jon, chanteur de The Stocks, le groupe le plus prometteur de sa génération.
Vous avez récemment sorti un premier album très remarqué. Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de ce disque ?
- Je sortais d’une période très difficile. Il y a eu des travaux sur mon avenue, c’est très rare, tu sais, dans l’Upper East Side et il a fallu que ça tombe sur moi. Je ne pouvais plus supporter ce bruit permanent, ces camionnettes garées partout, cette odeur de hot-dog que les équipes traînaient avec elles. J’ai failli devenir fou, littéralement. Je crois que ça a détruit une part de moi, j’y laissé mon innocence, en quelque sorte. Mais en même temps, cette épreuve m’a grandi. J’aurais pu faire une connerie, tellement j’étais mal mais j’ai compris que j’avais cette musique en moi et que je devais vivre pour l’offrir au monde. C’est ce que j’ai fait.
Tu ne parles jamais de tes influences. Pourquoi ?
- Je trouve ça tellement réducteur. Avec Tom et Jamie on n’a jamais voulu imiter personne. Le groupe est l’alchimie de nos trois personnalités, même si je compose tous les morceaux. Quand je suis en processus de création, je n’écoute pas de musique, justement pour éviter de corrompre mon inspiration par des influences inconscientes. Je ne dis pas que je suis le seul à pouvoir écrire de la très bonne musique mais je suis le seul à pouvoir écrire ma musique. C’est une épreuve de solitude, parfois terrible, mais il faut l’accepter. Ce qui est sur nos albums, c’est mon âme toute nue, sans calcul, sans stratégie. Quand j’y pense, je me dis qu’il faut être inconscient pour se livrer à ce point.Tant pis si le risque est énorme, je le prends.
Sur quel label sortira le deuxième album ?
- Il sera produit par Feïkke Records. Je sais que nous allons essuyer pas mal de critiques parce que c’est la maison de disques de mon père. Tu sais, dans ce milieu, il y a beaucoup de jalousie, beaucoup de coups de poignard dans le dos. Les gens s’imaginent qu’un père producteur et une mère animatrice de talk show, ça t’ouvre toutes les portes. C’est très injuste et c’est une forme de racisme. Quand je pense à toute la souffrance, à toute la révolte que j’ai en moi, aux heures de travail et de découragement sur ma guitare, je me dis que beaucoup de SDF sont sans doute plus heureux que moi. Tom et Jamie ont vécu la même enfance que moi, ils ont souffert du même rejet dans le milieu du rock qui est finalement très intolérant et très fermé. Je crois que c’est ce qui nous a rapprochés.
Propos recueillis par Henriette de Saint-Fiel.