Cet article est le numéro 2 sur 5 du dossier Festival Hop Pop Hop

L’air est doux, d’une douceur estivale. Le Jardin de l’Évêché se remplit tranquillement en cette fin de journée. On aborde la quatrième édition du Hop Pop Hop Festival aux promesses de découvertes et de réjouissances assurées. Déambulations.

Les festivaliers sont accueillis par une drôle de cabine téléphonique qui-n’en-est-pas-une et d’où s’extrait un son électronique intrigant. La Western Electric 3.0, invention poétique des concepteurs du Music Box Village débarque de la Nouvelle-Orléans et s’animera périodiquement tout au long du festival.

18:30. Les Stuffed Foxes attaquent. De premières notes psychés cachent un rock sombre et tortueux. Trois guitares et une basse, un clavier et une batterie. Il faut bien ça. On pense à des anglo-saxons venus tout droit des 70’s pour l’aspect planant et les reverb. Mais non, ils sont de Tours et aiment étirer des plages atmosphériques que viennent soulever des tempêtes sonores.

Stuffed Foxes HPH 19 Fanny Veyrenotes_resultat

On continue de voyager avec Rozi Plain au CCNO. Avec délicatesse l’Anglaise nous attire dans une bulle de folk lumineux, ample et aérien. Elle communique son plaisir d’être « dans ce super festival ». Les titres du nouvel album What A Boost côtoient des morceaux plus anciens. Le groove de Swing Shut tutoie la pop ouatée de Trouble. Emmenés par Rozi Plain, solaire, et ses complices, on ne sait plus bien si on est en apnée ou en apesanteur, on sait juste qu’on est sacrément bien.

La soirée est désormais bien entamée. En déambulant d’un site à l’autre dans les rues d’Orléans on songerait presque à Jeanne d’Arc boutant les Anglais hors du royaume de France. Mais ils sont revenus. L’heure sombre a sonné. Fidèles autant que leur Brutus (ou est-ce Médor ?!) à leur noirceur éprouvée récemment à la Route du Rock, Crows s’emparent de la Scène Nationale et distillent un rock dense, tendu, crépusculaire. L’intranquille frontman James Cox, occupe l’espace de la Scène Nationale à grands coups de micros (il en a deux), s’agite, secoue convulsivement son chef, fébrile, devant ses trois complices entièrement dévoués à la cause. Le rock des Crows contient l’urgence d’un six coups, dont les déflagrations se perdraient à l’infini dans des ténèbres étonnement chaleureuses. C’est qu’ici encore plus que lors de leur set malouin, les murs du théâtre retiennent tension et ferveur : rien ne s’échappe des riffs et des assauts de batterie. Et comme pour mieux nous happer, comme si ses regards habités ne suffisaient pas, James Cox, descend dans le public, se mêlant à nous, nous aspirant dans son sillage. Envoûtant.

Il faudra donc retrouver le chemin de la lumière. Nous sommes guidés par une file d’attente installée devant le 108. La foule se presse pour Big Joanie. Prière de ne pas se fier aux tenues bariolées et aux attitudes policées so british : les trois sistahs ne sont pas là pour le tea Time. Bien au contraire c’est un post-punk mâtiné de riot grrl que Big Joanie défend, avec des morceaux brefs et efficaces et des paroles acérées qui nous rappellent que sous les apparences se cache parfois un monde haineux qu’on ne saurait accepter sans rien dire. Well done.

Cette fin de première journée prend une ultime teinte de voyage avec Ambeyance (duo rassemblant Charlotte Boisselier d’Oktober Lieber et Eric Thomas) au CCNO, qui assure un décollage immédiat vers un vortex italo-disco aux frontières synth-wave où rythmes syncopés et envolées catchy conçus pour danser font leur effet. Et si on embarquait dans un vaisseau spatial en forme de boule à facettes géante ?

Pour sûr ce soir l’atterrissage aurait lieu dans le Jardin de l’Évêché mais qui aurait de troublants airs stambouliotes, la Loire devenant Bosphore… Il est minuit quand Altin Gün arrive sur scène avec cette fusion de rock occidental psyché et de sonorités anatoliennes folk. La basse ondulante, les percussions orientales et le luth traditionnel sont comme toujours avec Altin Gün radieux et emballants. Le public ne résiste pas aux nappes où s’entrelacent disco, funk, électro et danse à n’en plus finir, obtenant même du groupe un improbable rappel exaucé avec joie.

Il est 01h, les portes de l’écrin se referment sur cette première soirée. Dans quelques heures le Hop Pop Hop Festival offrira de nouvelles déambulations inédites aux festivaliers et à leurs oreilles curieuses.

 

Veyrenotes & Wunderbear

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