Jeudi 4 mai 2017, 11h55

J’apprends avec une tristesse abyssale que le prince Philip d’Angleterre, duc d’Edimbourg (la reine), dont on ne louera jamais assez le courage sans bornes d’avoir été le mari depuis 70 ans de sa femme Elisabeth II, elle aussi d’Angleterre, prend sa retraite à 96 ans. Un prince qu’on sort ? Un prince con sort ?

Il sera toujours, apprend-t-on de source royale, à côté de la reine à certaines occasions. Pour lui brosser par exemple chaque soir le dentier royal afin d’y éjecter les restes de pudding pris à l’heure du thé. Bref, s’occuper de sa couronne… dentaire.

On apprend aussi avec désinvolture qu’il cède sa place dans l’organigramme de quelque 780 associations dont il est membre. La probabilité pour qu’une seule d’entre elles soit centrée sur l’organisation de concerts rock étant minime, soyons pleinement rassurés, cela n’aura pas d’impact sur le dynamisme des soirées-concerts britanniques.

Après l’Annus Horribilis de 1992 et le Brexit de 2016, encore une mauvaise nouvelle pour nos amis Britons !

Pour tenter d’oublier, direction Roazhon !

Jeudi 4 mai 2017, 20h00

Ah ! Que de souvenirs en ce jeudi 4 mai 2017 ! et ce à double titre :

 

Rendez-vous compte : Republik, avec son leader Frank Darcel et Daniel Paboeuf, tous deux ex-Marquis de Sade au début des 80s, sont à nouveau réunis ce soir sur la scène de l’Ubu, mythique salle rennaise.

AFFICHE CONCERT REPUBLIK @L_UBU RENNES 4 mai 2017

Retour aux sources ? Que nenni, ces deux-là n’ayant jamais véritablement quitté la cité rennaise depuis les années 80 couronnées de succès.

 

Et, dois-je vous l’avouer, un souvenir bien plus intime que ma pudicité m’aurait empêché de vous révéler sans la totale confiance à votre égard, chers lecteurs de Songazine, pour ne pas ébruiter l’affaire.

Le souvenir d’un autre Monsieur Paboeuf, mon prof d’anglais de première au lycée (année scolaire 84-85) que j’appréciais particulièrement pour ses cours majestueux en rien magistraux. Mais ce que j’aimais le plus chez lui, c’était sa fille Carole, qui agita mes ardeurs d’adolescent cette année-là et me mit plus d’une fois dans des états proches de l’Ohio.

Carole P., …. Un charme fou, un sourire aussi dévastateur qu’une tempête de force 10 au large de Molène, un regard aux iris Bleu Mers du Sud, une gentillesse à faire pâlir d’envie feu Mère Térésa et sa tenue aux couleurs de l’OM, un intellect au-dessus de la moyenne, des dents écarlates révélatrices d’une hygiène buccale irréprochable, et des seins en forme de citrons, synonyme d’un probable côté mutin, d’une joie de vivre certaine et d’une appétence pour une vie tranquille et équilibrée.

Plantureuse Vénus de la féminité, élégante, raffinée, évanescent mirage aux formes callipyges… Et de surcroît pas vestale…

Un arc-en-ciel de beauté majestueuse qui illumina mes jours et égaya mes songes nocturnes les plus doux.

En clair, une bombe atomique sur les rives du Golfe du Morbihan !!!

 

Désolé mais j’m’égare !

 

Revenons tout de go à cette soirée du 4 mai à l’Ubu, où une bonne frange du Rennes artistique qui compte était là : Jean-Louis Brossard, organisateur des Rencontres Trans Musicales, Pierre Fablet, guitariste militant, Philippe Maujard, chanteur trublion du groupe Ubik, Christian Dargelos, ex-Marquis de Sade, Alan Stivell (!)…

Daniel Paboeuf en solo entame la soirée, accompagné de son saxophone baryton et de son laptop gorgé de sons. La liste de ses collaborations artistiques est aussi longue qu’un hiver arctique finlandais sans soleil. Il a travaillé avec le nec plus ultra de la scène rennaise – Marquis de Sade, Anches Doo Too Cool, Sax Pustuls, Tohu Bohu, Ubik, Daho, Niagara – et d’ailleurs – Les Nus, Dominique A, KaS Product, Philippe Katerine, Alain Chamfort et Afrika Bambaata -.

Sa prestation entre électro, jazz et ‘’twist mou’’ (dont Pierre Fablet semble être le spécialiste) est puissante, lyrique et envoûtante. En fermant les yeux, on s’imagine téléportés dans le sous-sol du Smalls Jazz Club au cœur de Greenwich Village.

Pour Dominique A : ‘’Le son de Daniel Paboeuf est aussi emblématique de Rennes que les voix de Philippe Pascal ou d’Étienne Daho. Le son, toujours ce son. Cette voix, unique’’.

Merci Monsieur Paboeuf.

Concert DANIEL PABOEUF @L_UBU 4 lai 2017

Republik arrive pour sa ‘’réelle’’ troisième date de la tournée après les concerts donnés à La Charrue à Châteaubriand et à La Citrouille à Saint-Brieuc.

L’attente aura été longue depuis l’interview de Frank Darcel (que vous pouvez retrouver ICI).

Et ça démarre fort, sans préliminaires, par un ‘’Magic girls are back in town’’ bien péchu et direct, qui nous envoie le message que ce combo – Frank Darcel (chant, guitare), Stéphane Kerihuel (guitare), Romain Poligné (claviers), Niko Boyer (ex-Detroit à la basse) et Nicolas Hild (batterie) – est taillé pour la scène.

Le groupe alterne les titres du nouvel album ‘’Exotica’’ et du précédent ‘’Elements’’.

Notamment ‘’La fin des temps’’, sur lequel la voix de Darcel prend toute son ampleur… à se demander pourquoi il n’a pas décidé de chanter plus tôt. Et ‘’Saleen’’, que transcendent les claviers de Romain Poligné et les riffs de guitare saturés et jouissifs d’un Stéphane Kerihuel en grande forme ce soir.

Crinière cendrée et guitares rugissantes, d’ordinaire si réservé, il se métamorphose sur scène, véritable Docteur Jekyll et Mister Hyde de Republik, en mode courant alternatif sur ‘’I wanna be your car’’.

‘’Far out of sight’’ verra l’arrivée impromptue de Philippe Maujard, plus habillé dorénavant qu’à l’époque d’Ubik dans les 80s.

Le show se termine sur les sons distordus d’Ich Bin Schmutzig avec Darcel et Paboeuf réunis 40 ans après ou presque.

Messieurs, chapeaux bas et trugarez !

Concert REPUBLIK2 @L_Ubu - 4 mai 2017

Vendredi 5 mai, 1h00

Le concert terminé, direction Le Dejazey, bar situé au n°54 de la rue de Saint-Malo en compagnie de rennais d’origine, Stéphane, graphiste et érudit rock, écumant les salles de concert de l’Ouest (de l’Europe), rencontré un peu plus tôt à l’Ubu, Bertrand et Frank.

Autour de quelques bières, des autonomistes bretons (parmi les 250.000 que compte la Bretagne) prônent pour que les libertés rognées par l’Etat ultra-centralisateur soient rétablies. ‘’La Bretagne est un pays où les habitants de demain seront acteurs de leur avenir’’. Deux militants du même parti mais originaires de deux villes différentes se découvrent, preuve de la difficulté à s’unir dans un même élan, les autorités régionales ne favorisant pas la médiatisation de ce type de mouvement, cela va sans dire.

Un jeune insoumis est encouragé à descendre dans la rue pour faire la Révolution. Au vu du nombre de bières ingurgitées, ce ne sera vraisemblablement pas pour ce soir…

Il est tard dans la nuit et je rentre me coucher enfin.

Vendredi 5 mai, 12h30

Interview de Glenn Jégou, Directeur Artistique du festival Yaouank, organisé par la fédération des associations culturelles bretonnes Skeudenn Bro Roazhon au n°8 de la rue Hoche.

Yaouank (‘’jeune’’ en breton) est un concept unique, éclectique, détonnant et inattendu, qui met la musique bretonne au cœur des musiques actuelles. La 19ème édition, mêlant festoù-noz, concerts, rencontres et créations, se tiendra pendant trois semaines en novembre prochain. On vous en reparle très prochainement chers Songazous.

Glenn Jégou est un homme ancré dans la culture de son pays et ouvert aux cultures du Monde. Le définir en un mot ? Humaniste.

Glenn Jégou - Festival Yaouank

Après une crêpe veggie à la Crêperie Ouzh Taol ! (‘’A table !’’ en breton), au n°27 rue Saint-Melaine, il est temps d’aller à la rencontre de Seb ‘’Boogie’’ Blanchais, disquaire au Rockin’Bones situé au n°7 rue de La Motte Fablet et boss du label Beast Records. On accède au shop par une arrière-cour et là, c’est la caverne d’Ali-Baba et les quarante rockers.

Seb est un mec ‘’à la cool’’, intarissable lorsqu’il s’agit de parler de blues rock, punk/rock garage et de la scène australienne qu’il connaît sur le bout des doigts.

Je reste deux bonnes heures en sa compagnie et je prends une grosse claque à l’écoute de Cash Savage and the Last Drinks, Movie Star Junkies, Shifting Sands, Hits, Six Ft Hick ou Gentle Ben.

 Seb Blanchais - Beast Records

Rendez-vous est pris pour 19h autour d’une bière au Bistrot de la Cité, l’antre de Philippe Tournedouet, figure rennaise depuis 40 années. Ce soir à 20h, Double Cheese, groupe de garage punk/90’s cheesy pop/trash rochelais, est en release party pour jouer les 11 titres de leur premier LP ‘’Summerizz’’ sorti le 10 avril dernier chez… Beast Records.

 

Vendredi 5 mai, 17h00

Petit détour par le disquaire O’CD au n°7 de la rue d’Antrain. Encore une caverne d’Ali-Baba rock. Je chine trois CD : ‘’Fire Like This’’ de Blood Red Shoes, ‘’Entertainment’’ de Gang of Four et ‘’The Dandy Warhols are sound’’ des The Dandy Warhols.

 

Vendredi 5 mai, 17h30

Je retrouve Stéphane, rencontré la veille à l’Ubu, sur la terrasse du Melody Maker. Il fait encore beau sur la cité rennaise en cette fin d’après-midi et il faut en profiter. Stéphane me remet le n°0 de Persona, une revue papier classieuse et glitter, pensée et créée par Frédéric Lemaître, Directeur-Rédacteur en Chef.

L’esprit de Persona ? ‘’Dérouler le fil d’une pensée et explorer, dans une trajectoire libre, les à-côtés de l’artiste et entrouvrir une porte sur le rapport que nous pouvons avoir avec nous même au travers de l’art mais aussi à travers l’autre… les autres’’.

PERSONA N°0 - Décembre 2016

Vendredi 5 mai, 19h00

Les gars de Double Cheese sont déjà là pour le soundcheck. On veille ici au respect du voisinage, pas plus de 100dB.

Accoudés au zinc avec des gars du coin habitués des soirées Beast Records, on déplore le départ vers d’autres cieux du grand acteur français Victor Lanoux, redoutant qu’il ne passe injustement à la postérité grâce à son rôle de ‘’Louis La Brocante’’. On préfère se remémorrer son rôle de Jo dans la comédie culte de Bernie Bonvoisin, ‘’Les Démons de Jésus’’ (1997), aux côtés de l’hilarant Patrick Bouchitey. Dont on craint à son tour, lorsqu’il passera l’arme à gauche, le plus tard possible, que sa mémoire ne tienne plus à ‘’La vie privée des animaux’’ dont il assure la réalisation et le doublage des voix des animaux qu’au culte ‘’Lune froide’’ (1991), film N&B radical et rock’n’roll dont il est le réalisateur et acteur, aux côtés de Jean-François Stévenin.

On évoque les grands acteurs du cinéma français : Ventura, Marielle, Rochefort… quand Ugo Martinez, le chanteur et guitariste déjanté du trio rochelais balance ses premières vociférations punk. Ça sature à la guitare fuzz, ça reverb à tout va, ça démolit au niveau des fûts (Anthony Vignaud au look de métalleux) et ça ne mollit pas à la basse (Willy Barre).

Ce soir au Bistrot de la Cité, nous avons droit au menu Maxi Best Of Double Cheese, un plein d’énergie ‘’ouest coast’’ !

Concert DOUBLE CHEESE @Bistrot de la Cité Rennes - 5 mai 2017

Vendredi 5 mai, 22h15

Il est temps de rejoindre le Melody Maker au n°14 de la rue Saint-Melaine pour écouter l’un des groupes phares de la scène garage hexagonale, les Tourangeaux de Volage. On y va les yeux fermés quand on sait que le nouvel EP 6 titres ‘’Coffee Dreamer’’ est signé sur le label Howlin Banana.

Le groupe déroule de jolies mélodies et des harmonies vocales efficaces sous les poutres basses, volontiers plus folk mélancolique électrifié que garage. On notera notamment la reprise de Neil Young, ‘’Cowgirl in the sand’’, parfaitement maîtrisée.

Concert VOLAGE@Melody Maker - 5 mai 2017

La pluie s’est mise à tomber drue et froide entretemps sur le pavé rennais. Ce qui n’entame en rien l’énergie et l’effervescence de la ville, pas encore prête à s’endormir.

Décidément, Rennes a des allures de Melbourne breton !

Alechinsky.

©Crédit photo : Stéphane Perraux (photo Republik)

Dans le dossier :<< RENNES, UNE BREVE HISTOIRE DU ROCK – 1ère partie : 60s-70sMARQUIS DE SADE (1977-1981) : cinq européens en costumes électriques >>
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