Brian S. Cassidy, compagnon de route d’ Okkervil River, aura collaboré à sept albums du groupe texan et à d’autres projets de la même veine avant de composer son premier album solo. Estampillé indie folk, celui-ci balance entre la tristesse inhérente au genre et des tentatives plus rock pas toujours à la hauteur. Si Musset n’a pas écrit que des conneries et en a aussi faites, sa formule « les plus désespérés sont les chants les plus beaux » s’applique admirablement à cet album où les morceaux les plus mélancoliques sont particulièrement réussis et conviennent parfaitement aux soirées d’hiver à venir où il n’y aura probablement rien de plus intelligent à faire que d’écouter des Américains potentiellement dépressifs et manifestement maniaques de la finition. C’est d’ailleurs là que le bât blesse (un peu, ne faisons pas nos princesses pénibles), le son trop lisse, les arrangements surabondants donnent l’impression qu’il y a quinze couches de vernis sur l’album. C’est un peu trop beau, un peu trop propre, on a peur de salir. L’émotion ne nous saisit que quand Brian S. Cassidy se dévoile un peu en faisant vibrer la corde sensible. Là, la profondeur du son des guitares prend son sens, tout comme le travail sur la voix et l’on se dit qu’on est plutôt pas mal, installé avec lui, que ce soit pour le très okkervilien « Beyond the dark », l’aérien « The South » (petite pénalité pour le final avec chœurs d’enfants superflus qui se trouvent être le chant démultiplié de sa fille, ce qui n’empêche que ça sert à que dalle) ou l’épuré et ensorcelant « Rich Man ». Et comme ce garçon est maître dans l’art des effets, il nous abandonne avec un splendide dernier morceau dans la pure tradition folk, sans fioriture aucune, intitulé « If i could write a song ». Ironie ou fausse modestie, va savoir, il est de toute façon déjà parti.

Henriette de Saint-Fiel.

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