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- I am a Marshall amp who’s been working for Sleater-Kinney for a long time…
- Inspiration, conversation
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Quelques heures avant leur passage sur la scène Firestone à Rock En Seine, le groupe français Vox Low au grand complet a accepté une interview centrée sur leur expérience des festivals et du live, sur leur manière de composer ainsi que sur leurs découvertes musicales. Ils annoncent également la sortie d’un nouveau maxi chez Born Bad et une compilation à venir (toujours chez Born Bad) regroupant tous leurs EPs et 45 tours, titres qui ne figurent du reste sur aucune plateforme du Web. Voici donc un entretien des plus agréable et amical avec un des groupes français les plus passionnants sur disque comme sur scène avec Psychotic Monks, Bracco, Frustration ou encore La Jungle…
***
C’est la première fois que vous jouez à Rock En Seine…
Jean-Christophe Couderc (voix et synthé): Oui. On en parlait avec JB de Born Bad tout à l’heure. Notre premier album est sorti en mars 2018 et l’année d’après, il y a eu le COVID. L’actu était un peu passée ensuite, avant que ne sorte notre deuxième album en 2023. Logique, donc…
Vous commencez à avoir l’habitude des festivals, malgré tout ?
Pas tant que ça.
Benoit Raymond (basse, guitare, synthé et accent du sud prononcé) : Il faut dire que, personnellement, ce n’est pas ce que je préfère.
JCC : Le plus gros qu’on ait fait, c’est le Primavera en Espagne. C’était l’enfer. T’es juste un numéro…
Mathieu Autin (batterie et percus) : …Quand tu n’es pas la tête d’affiche, en tout cas.
JCC : Le lendemain, on jouait au Festival Yeah! de Laurent Garnier, à taille humaine, tout autre chose…
Vous avez également eu une belle expérience au Mexique, en 2018…
Ça, c’était après…
M.A.: Le Mexique, Acapulco, ça change la donne (rires)…
J.C.C. : Une demande du programmateur! Il a mis 10000 dollars sur la table juste pour nous faire venir. On a vu Timber Timbre ou The Allah-Las sur une scène sur la plage avec le Pacifique derrière. Et nous, on nous a programmés sur la grande scène après Devendra Banhart et les Beach Boys! Sur les 4000 personnes, s’il y avait 500 personnes qui nous connaissaient, c’était le grand max. Mais il y a bien 2000 personnes qui sont restées pour notre concert.
Ce soir, vous allez jouer en même temps que Massive Attack…
Oui, c’est con. Mais par contre, on joue de nuit et ça, c’est cool car on n’est pas des bêtes de scène, on n’est pas Idles. Notre musique fait sens la nuit, avec un côté transe.
Elle est bien cette scène Firestone, un peu à l’écart, à taille humaine. J’y ai vu il y a peu The Scratch, un groupe australien très bon…
Ah oui, j’ai entendu parler de ce concert!
M.A. : On a ramené notre décor comme Lana Del Rey mais ça ne va pas rentrer sur la scène, j’pense (rires).
Vous aimez Lana Del Rey ?
Plaisir coupable. Le premier album, en tout cas.
J.C.C. : C’est un truc mega pop, mais elle arrive à me mettre la larme à l’oeil. C’est intense. Le morceau « Blue Jeans », quand j’écoute, j’ai les poils…
J’ai du mal avec ce genre de voix…
B.R. : Pareil, j’aime pas du tout!
Pour en revenir aux Festivals, c’est sans balance ou presque. Vous avez un set spécial pour ça ?
J.C.C. : Excellente question. Ce n’est pas le set habituel, en effet. Comme on n’a pas de balance, on commence par « Now We’re Ready To Spend » du premier album qu’on connait par cœur et qu’on maîtrise tous. On sait que, même sans retour, on peut être calés.
B.R. : Notre set-up est assez compliqué sans balances. On a 28 lignes (Ndr : entrées micro du line-check), des séquences synchronisées en Midi, tout cela fait que cela peut être une épreuve.
Il y a donc besoin de se mettre en confiance. Et du coup, il y a des morceaux injouables en festival pour vous ?
J.C.C. : Pour ce soir, on a retiré « Henry Rode » par exemple de notre set-list, justement. On ne peut pas prendre le risque de ne pas avoir la rythmique dans les retours. Ben, à la basse, doit vraiment se caler sur le truc. Sinon, ça part complètement de travers. On a préféré jouer la prudence…
C.A. : Mais on la jouera le 7 novembre au Trianon…
Avec Bracco! C’est vous qui avez demandé qu’ils ouvrent pour vous ?
J.C.C. : C’est un mélange. D’une, on a le même label et le même tourneur, Azimuth (Ndr : Vox Low bosse avec Azimuth depuis 2019 et en sont très contents!). D’autre part, on a fait plusieurs dates ensemble et c’est devenu des copains, ça faisait sens qu’on fasse la date ensemble. Mais notre vrai choix a été Spill Gold, le troisième groupe de la soirée qui jouera sûrement en premier…
M.A. : Un duo de Hollandaises chanmé…
Vous les avez découvertes sur scène ?
J.C.C : Non, jamais. Mais on adore leur album et leurs clips. Leur disque sort sur Teenage Menopause…
Je vous ai vus plusieurs fois sur scène et il ne me semble pas avoir vu « Love Affair » en live. Une raison à cela ?
En effet, c’est un des gros chantiers. On sait qu’on doit le bosser et on espère qu’il sera prêt pour le Trianon. C’est un morceau assez lent avec pas mal d’éléments synthétiques qu’il va falloir agencer. Avec Vox Low, il y a toujours pas mal de choses sur disque qui ne font plus sens en live. C’est de la prod très précise, au cordeau. En live, il faut se décider sur ce qu’on garde et ce qu’on met en avant.
C.A. : Et pour l’instant, avec « Love Affair », on n’y arrive pas.
J.C.C. : Mais on espère bien le jouer. On a mis du temps à jouer un morceau comme « Rejuvenation » sur le premier album. On ne savait pas comment le mettre en place et ça s’est décanté. Et c’est devenu un de nos morceaux phares. « New Place In Town » nous pose problème, aussi.
C.A. : Mais on va y arriver…
Aucun morceau du dernier album n’a été testé live, je crois. Ils ont dû évoluer depuis que vous les jouez. Aucune frustration ? Des titres que vous souhaiteriez, pour une raison ou pour une autre, réenregistrer ?
B.R. : Non, c’est vraiment deux trucs à part. On propose un truc un peu différent en live, ce qui est intéressant pour nous, même si ça peut surprendre une partie du public…
J.C.C : Il faut trouver le juste milieu. Il y a des groupes qui te jouent exactement l’album, nous on essaie de changer quelques petits trucs, sans changer totalement le morceau. Il y a peut-être un morceau qu’on aimerait bien réenregistrer, c’est celui qui finit notre set, « Strange Machine », qui était sorti sur un maxi plutôt electro et mental sur le label de Jennifer Cardini. Réadapté au live, il a pris une deuxième vie et une deuxième tournure et je le ressortirai bien tel qu’il est aujourd’hui.
C’est un morceau sur lequel vous pouvez improviser ?
Oui, il peut faire aussi bien 10 minutes que 30 minutes.
B.R. : De toute façon, quand on a commencé, on n’avait pas de limites de format. Sur EP, si on pouvait faire 15 minutes, on le faisait. Mais la contrainte du vinyle, à moins que tu aies deux morceau par face, t’oblige à raccourcir sur album…
J.C.C. : JB de Born Bad a cette volonté de rester sur un format classique. Moins de 8 morceaux, ça le fait pas. Mais c’est un super exercice de rentrer dans un format plus court et plus pop, finalement…
B.R. : Et du coup, se permettre de rallonger le truc en live…
C.A. : C’est comme « Something Is Wrong » sur le premier album, un morceau qui finissait nos lives au début et qui pouvait durer jusqu’à 25 minutes, comme à Manchester!
Ce format album a-t-il changé votre approche de la composition ?
J.C.C. : Oui, quand on a bossé sur le deuxième album, on avait d’entrée cette contrainte. On a dit quand même à JB qu’il y aurait un ou deux morceaux un peu plus longs, notamment « Love Affair » qui mettait un peu de temps à se mettre en place. Mais pas 10 minutes non plus. On veut continuer à sortir sur de petits labels des morceaux sur format maxi, du reste. Le prochain sera sur un label de Metz fondé par quelqu’un qui bosse au Tetris au Havre : Records Ruin The Landscape. Sinon, on a une compile qui sort chez Born Bad en octobre et qui regroupe tous nos EPs et 45 tours, titres qui ne figurent pas sur les plateformes du Net. Des chansons électroniques, froides, minimal wave que l’on trouve dommage qu’elles soient un peu passées à la trappe…
Il y a un peu plus de guitares sur le deuxième album que sur le premier. L’arrivée de Jérôme en remplacement de Guillaume Léglise y est pour quelque chose ?
Oui.
Jérôme Pichon : J’ai participé à la composition de deux morceaux. « We Walk » et … Euh… « Breathless Tuesday ». Le titre a changé en cours de compo…
Ce sont les paroles qui ont amené ce changement ?
J.C.C. : Oui. Les paroles arrivent souvent après. C’est la ligne de basse, souvent, qui fait la mélodie. On travaille autour, on construit les rythmiques puis je pose la voix, souvent dans du frangliche avant que je ne bosse au mieux les paroles pour que ça sonne.
Il peut arriver qu’un morceau ne parte pas d’une ligne de basse ?
Presque jamais. Mais « Distance » est un morceau que j’avais commencé dans mon coin de manière électronique. Ben est venu rajouter la ligne de basse sur la mélodie de voix, il y a donc quelques exceptions.
Les paroles peuvent changer légèrement le morceau ou tu t’obliges à rester fidèle à l’idée de base ?
Ça peut changer les arrangements de synthé, par exemple. Ou une guitare qui répondrait aux paroles. Voire un élément percussif.
M.A. : Mais ta mélodie de voix est souvent présente dès le début.
Qu’est-ce qui inspire les paroles en dehors de la musique ?
J.C.C. : Ça peut être un sujet de discussion qu’on a ensemble. Globalement, c’est assez sombre, un constat dans une situation de vie un peu « lose »…
La pochette du dernier disque évoque un peu la guerre ou la fin du monde…
Bien sûr. Le titre aussi, Keep On Falling, c’est la chute qui continue… A priori, on ne va pas se relever tout de suite.
Vous êtes plutôt du genre pessimiste ou optimiste ?
Entre deux. On a des gamins, on est plutôt des bons vivants et de joyeux lurons, contrairement à ce que pourrait évoquer notre musique. Mais nos discussions politiques et existentielles ne sont jamais très joyeuses et s’expriment dans notre musique.
Vous n’allez pas le mettre trop en avant non plus. J’ai interviewé ici même un autre groupe français que j’aime beaucoup, Psychotic Monks. Eux, ils affichent carrément la couleur, s’expriment sur scène sur leur façon de voir les choses, affichent t-shirt et drapeau Palestinien. Vous pourriez faire ça ?
Non. Chacun fait ce qu’il a à faire. J’ai une gamine de 17 ans qui fait le blocus dans son lycée pour la Palestine. J’essaie de discuter avec elle et de lui expliquer que les choses ne sont pas noires ou blanches. Chacun son âge, chacun sa sensibilité. Nous, on n’est pas dans la revendication, la rébellion ou la fulgurance. On essaie d’avoir un peu de recul, avec pas mal d’ironie.
C’est l’âge (rires)…
Carrément. « Si à 20 ans, t’es pas de gauche, c’est que t’as pas de cœur. Si à 40 t’es encore de gauche, c’est que t’as pas de tête ». Ca résume assez bien les choses, je trouve.
Vous avez commencé à composer de nouveaux morceaux ?
Oui. Depuis avant les vacances. Et on a des restes du deuxième album. On a bossé sur deux tracks dernièrement. Ca devrait se mettre en place plus rapidement que pour le deuxième album.
M.A. : Et puis, on a un endroit aussi, depuis bientôt deux ans. On a notre studio à la Station Gare Des Mines avec tout notre matériel… T’allumes les machines, t’enregistres…
J.C.C. : N’importe quand, quand on veut, aux portes de Paris. Ce n’est pas donné à tout le monde. Alors on en profite…
Il y a les jams et ensuite un gros travail de montage, j’imagine…
Oui! Je suis le moins technique de la bande. Je mets de la reverb là où normalement on ne le fait pas, je bidouille, je tords le truc…
B.R. : Chacun son rôle. Avec J.C., on bosse depuis plus de vingt ans ensemble (Ndr : auparavant dans Think Twice). On n’a quasiment plus besoin de se parler.
J.C.C. : On s’engueule rarement, on se frustre parfois, mais rien de méchant.
Forcément beaucoup de compromis…
Exactement! D’autant qu’on a ouvert les compos à Math et Jérôme, cela fait donc quatre égos à gérer mais on s’en sort bien. Déjà, parce qu’on a de la bouteille et parce que, on le répète souvent, la musique n’est pas notre activité principale. C’est une récréation…
M.A. : On est potes, on aime se retrouver et bosser ensemble. Ca fait une quinzaine d’années que je joue avec eux…
J.C.C. : A part la thune, et ça ne nous arrivera pas, je ne vois pas ce qui pourrait émousser notre amitié…
Les tournées, parfois…
Mais on ne fait pas ça.
M.A. : Au pire, on fait trois dates de suite, puis on ne se voit pas pendant quinze jours, c’est bien (rires).
Vous avez des anecdotes de tournées ?
J.C.C. : Peut-être lorsqu’on a joué dans un Festival au Pays Basque (Ndr : le festival Euskal Herria Zuzenean – EHZ- à Arbérats-Sillègue), près de Saint-Palais. 90% des groupes chantaient en Basque. Il n’y avait guère que nous et Lysistrata qui n’étions pas du coin. On a dû jouer à 3h du matin sous la pluie, une sacrée épreuve. Mais on s’est fait une bonne bouffe avant avec quelques bonnes bouteilles de vin. On a appris quelques mots en Basque, notamment le mot merci qui se dit « mila esker ». On nous a dit de dire Mick Jagger à la place, ce que j’ai fait toute la soirée et c’est passé crème (rires).
Vous êtes tous quadragénaires, voire quinqua. Vous avez donc grandi avec le post-punk et vous avez sûrement écouté du Kraut et du psyché. Mais y-a-t-il des choses récentes que vous avez découvert récemment que vous n’auriez pas imaginé écouter plus jeune ? Vous parliez de Lana Del Rey tout à l’heure…
B.R. : On écoute de tout. J’adore le jazz, le rock progressif. Je suis fan de Yes, Genesis, King Crimson, Nick Drake et surtout Lou Reed et Neil Young que je peux écouter tout le temps et n’importe quand!
Quoi, en particulier, de Neil Young ? Régulièrement, j’ y reviens, mais je n’accroche jamais vraiment…
J.C.C : L’album Barn est incroyable! Ou le morceau « Old Man » sur Harvest.
B.R. : « Ambulance Blues », dernier morceau d’On the Beach. Une tuerie.
J.C.C. : Sinon, pour en revenir plus précisément à ta question, dans les trucs plus récents, on adore le rappeur Damso. On a des gamines de 17 ans qui écoutent du rap et qui nous font découvrir des trucs…
B.R. : Moi, j’ai découvert grâce à mon fils Childish Gambino, genre de Funkadelic Hip Hop, grave bien. Kendrick Lamar, aussi.
Les Psychotic Monks me disaient qu’en termes de prod, ils adoraient Kendrick Lamar.
J.C.C. : Il y a une noirceur et une mélancolie dans sa musique. Dans les textes, Damso, c’est un lover éperdu dans la lose, ça peut nous parler (rires). Et puis, à force que nos gamins écoutent ça toute la journée, ça rentre, aussi. c’est le propre de la variété et de la pop. Mais sinon, notre dernier coup de coeur commun, c’est le dernier Beak>!
B.R. : Grosse claque!
J.C.C. : On les adore depuis le début, mais là, c’est la quintessence. Le travail des mélodies rappelle Simon & Garfunkel, ça t’arrache le cœur.
Oui, le genre d’album qui s’écoute en entier, sans temps mort. Comme le vôtre, du reste…
Jérôme nous a fait remarquer que 80% de nos morceaux sont en Ré.
A.C. : Le Ré, c’est la vie (rires)!
J.C.C. : Ils en ont même fait une île, c’est dire (rires)!
Interview : Yannick Blay
(Île de Ré)