Faisons simple : Les Wedding Present sont le meilleur groupe de l’histoire du rock. Et logiquement, Seamonsters est depuis 25 ans le meilleur album de tous les temps. Mais tout le monde n’est pas encore au courant.
Ceci étant posé, il ne reste effectivement plus beaucoup de place pour le débat. Une seule question subiste, comme tous les deux ou trois ans. leur 9ème album studio, Going going, sorti début septembre 2016, est-il digne du talent de David Gedge, le chanteur guitariste de Leeds qui incarne seul le groupe depuis que Peter Solowka est parti en 1991 créer les Ukrainians, mélange réussi et toujours actif de folk ukrainienne et de rock occidental ?
L’ancien protégé de John Peel a construit un album d’artisan inspiré. Un album ou plutôt un objet musico-visuel puisque ses 20 morceaux accompagnent autant de vidéos contemplatives. C’est peut-être artistiquement une bonne idée mais c’est pénible à gérer concrètement : on culpabilise de ne pas respecter à la lettre l’œuvre mais c’est déjà parfois compliqué de trouver 73 minutes pour écouter respectueusement les 20 pistes, alors s’il faut le faire en restant scotché devant un écran cela devient une sinécure, même pour un fan absolu.
On aurait pu espérer qu’il a passé l’âge, après 30 ans de carrière, de mettre en œuvre à tout prix de nouvelles idées, surtout s’agissant de celui qui a dit que « All the songs sound the same ». Mais non. Il s’essaie au trio vocal puisqu’il doit partager avec Belle & Sebastian et d’autres les doubles voix mixtes. Il alterne instrumentaux d’accompagnement d’images avec des morceaux qui se suffisent à eux-mêmes.
En fait, on dirait un peu le CV d’un créatif d’agence de pub qui fait l’étalage de ses talents.
Mais les talents sont réels et cela sauve le tout. Des parties post punk peuvent rappeler leur premier album, George Best. Des envolées de guitare rageuse sonnent comme à la grande époque de Seamonsters. Et la voix prend toujours aux tripes, moins en retrait qu’auparavant.
Le plaisir de se lâcher transparaît souvent avec une fraîcheur qui manquait parfois ces dernières années.
C’est tout sauf surjoué.
C’est même plutôt très bien joué. En faisant quelques coupes, on a un album de plus de 12 titres excellent.
Il aurait inventé le premier disque do it yourself ? Faites du Lego avec 20 pistes son et vidéo et construisez l’album de vos rêves.
Arno Gedge