Il y a eu tant de morts dans les artistes que j’aime que là, ce 08 août 2016, j’imagine tout à trac que Jerry Lee Lewis s’en va brusquement rejoindre Elvis et Johnny Cash dans un ailleurs éthéré.

Je le vois vieillir et ne souhaite pas du tout qu’il périsse mais je crains de voir soudain une rafale d’annonces, de posts et de tweets nous annonçant un de ces quatre matins (gris) la mauvaise nouvelle. Comme je serai triste, j’écris dès aujourd’hui un texte pour lui rendre hommage. The Killer tué par la Mort, c’est un peu comme Lemmy emporté par la Faucheuse : un truc bizarre, un oxymore du destin impossible à éviter mais un trou noir de plus dans nos cœurs de rockers. Désormais un respectable vieux monsieur légendaire, il joue encore un peu mais notre sang vibre surtout de ses prestations de jeune homme fou.

jerry lee piano

Jerry Lee est (j’utilise le présent, comme cela il est encore vivant au sens propre et figuré) un personnage ultime du rock and roll. Non seulement un grand musicien, mais un bonhomme sulfureux. Laissons de côté ses affaires de cul et ses penchants pour les boissons fortes, et gardons en tête son énergie à jouer des morceaux, pied au plancher, debout devant ou sur son piano. Homme du Sud des USA, natif de Louisiane, il nous a régalés par sa virtuosité et son sens du rythme entraînant. Il faut voir des extraits de ses concerts pour se rendre compte de cette excitation qu’il pouvait faire naître et mettre le feu (au sens propre parfois) sur scène. Sans oublier ses disques country, son autre talent et sa passion authentique longue durée (qui j’avoue me touchent moins)…

Le film de 1989, Great Balls of Fire qui lui est consacré est excellent avec un Dennis Quaid habité et plein de vie. A voir, le volume sur 10+.

Cher Jerry Lee, je vous ai vu une fois en concert, le 16 novembre 1989 à la Halle Georges Carpentier. Vous êtes arrivé avec plus d’une heure de retard, vos musiciens ne savaient plus quoi faire et vous aviez dû vider 4 ou 5 minibars de chambres d’hôtel avant d’arriver (et pas le compartiment glace !). Vous avez joué 40 minutes et puis goodbye. Rock and roll, furieux, incorrect, fumant, incandescent. Je m’en rappelle encore et je vous aime pour cela aussi.

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Maintenant, merci de nous écluser le bar du Heaven Up There et de faire swinguer un peu Saint-Pierre et son Boss. Ils en ont bien besoin, je crois. Un peu de Whole Lotta Shakin’ Goin’ On pour leur redonner le moral ? Parce qu’avec Jerry Lee, le mode R.I… P, ce ne sera pas possible !

Jérôme «boogie woogie piano lover » V.

 

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