Le combo synth/psych pop Temples était sur la scène de L’Elysée Montmartre ce lundi 24 mars 2017, presque deux mois après la sortie de ‘’Volcano’’, leur second effort.
Retour sur une soirée à l’ambiance apocalyptique et envoutante que Songazine retrace pour vous.
En 2014, le premier opus du groupe britannique originaire de Kettering, ‘’Sun Structures’’, avait reçu un accueil de la presse musicale et du public massivement positif.
On pouvait dès lors s’interroger sur le traditionnel périlleux exercice du deuxième album. Alors que Foxygen, après le formidable ‘’We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic (2013)’’ et les Allah-Las après l’éponyme ‘’Allah-Las (2012)’’ n’avaient pas confirmé les attentes, James Bagshaw et sa bande confirment tous les espoirs mis en eux sur ‘’Volcano’’.
Laissons aux pythies déclinistes de la psych pop leurs vains et inutiles parallèles avec le monumental album ‘’Currents (2015)’’ imaginé par Kevin Parker de Tame Impala.
‘’Volcano’’ est bel et bien un grand disque. On imaginait le single ‘’Certainty’’ comme étant l’Everest de l’opus ? Force est de constater que les onze autres titres ne sont nullement en reste, virevoltant eux-aussi sur les plus hauts sommets.
Planants, addictifs et dansants, Temples enfile les tubes comme Mister Bean les gaffes ou Russell Westbrook les triple-doubles en NBA.
Nul doute que le chef-d’œuvre ‘’Mystery Of Pop’’ figurera un jour au panthéon, voisin de ‘’God Only Knows’’ des Beach Boys ou de ‘’Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band’’ des Fab Four (oui j’ose le penser).
Comme le Roi Midas, James Edward Bagshaw a ce don, dès lors qu’il effleure les cordes de sa guitare et posent les doigts sur un clavier, de créer des pépites.
Quand certains se donnent des allures, lui en a simplement une. Jusque dans la couleur dorée de ses chaussures et l’éclat de sa veste à paillettes scintillante sous les éclairages nombreux derrière la scène, laissant le groupe dans la pénombre en début de concert, comme pour exacerber nos sens.
Bagshaw le timide et sa tignasse bouclée aussi fournie que sa créativité, presque effacé lorsqu’il s’agit de s’adresser au public, laissant l’affaire à son compère bassiste Thomas Edison Warmsley (nom prédestiné pour être dans la lumière ?), look de Brian Jones brun.
Il est impossible de ne pas penser à David Bowie devant les silhouettes glam de ces deux-là.
Une esthétique et une beauté rares qu’ils transposent dans leur musique gracile et fine.
Nul besoin d’acides, chaque morceau est un voyage psyché au naturel, une transe guidée par la voix en suspension de Bagshaw au service de refrains imparables, aux côtés d’une section rythmique parfaite : les rythmes de batterie parfois lourds de Samuel Toms (encore un blaze parfait lorsqu’il s’agit de tâter des percussions !) et les lignes de synthé d’Adam Thomas Smith occupant une place prépondérante.
‘’Open Air’’ est un trip gigantesque. On atteint aussi les cimes sur ‘’Strange or be forgotten’’, au refrain monstrueux, la voix haute perchée de Bagshaw atteignant la majesté.
La pochette de ‘’Volcano’’ n’est pas fortuite : le band a trouvé la clé de mélodies aux structures complexes, aériennes et fédératrices. La clé du paradis. Eux les anges qui trônent là-haut, tout là-haut, en impesanteur sur la planète pop psychédélique.
Hier soir sur la scène de L’Elysée Montmartre, Temples était bien au meilleur de sa forme.
Un des tout meilleurs groupes du moment assurément, aux côtés des new-yorkais de Woods et du californien Ty Segall. Avec ce surcroît de grâce, de beauté, d’évanescence et de charme qu’ils partagent avec les frangins surdoués Brian et Michael d’Addario de The Lemon Twigs.
Alechinsky.