A une terrasse, en face de la Flèche d’Or…
A Songazine, nous sommes adorateurs des Parlor Snakes avec leur garage rock pulpeux et rugissant. Nous avons réalisé nombre d’articles à leur sujet, à retrouver partout sur notre site. En voici un autre qui se rajoute à cette longue liste. Celui-ci aborde la photographie, à travers l’histoire de Séverin, le bassiste du groupe, qui pendant ses heures perdues, se livre à des portraits oniriques de musiciens français.
Le hasard n’a pas été au rendez-vous pour notre artiste, car la photographie lui est arrivée naturellement. « Elle est venue au naturel. J’ai commencé à aimer les photos de reportages et la photographie de rue. » Lui, qui « bosse dans le cinéma et a cette culture de l’image », a feuilleté un nombre incalculable de pages de magazines avant de se lancer dans le bain. Il raconte ses premières influences et son évolution : « Dans la street photography, tu commences toujours avec Robert Doisneau. Quand t’es gamin, c’est de la poésie. Il bossait surtout en noir & blanc. Cependant ce que j’apprécie chez lui, ce sont ces couleurs, lors de son séjour à Palm Springs aux Etats-Unis. » Il s’arrête, prend une gorgée de thé et continue : « Après je me suis dirigé vers le travail des portraits de la photographe Diane Arbus. » Pour notre bassiste-photographe, seul le portrait photo est quelque chose dont il se veut perfectionniste. « Je trouve que je suis moins doué en photo reportage. » Pourtant, il subsiste quelques clichés sur son site qui au premier regard sont plaisants à l’œil. Les photographes qu’il apprécie sont ceux qui pratiquent un autre domaine que le sien. « J’apprécie la street photo des courants 70’s où elle devient plus libre, plus conceptuelle. Le travail d’Harry Callahan, mais aussi celui d’Harry Gruyaert sont excellents et superbes. Je les adore mais je ne serais pas capable de le réaliser », confesse-t-il. La peinture est une inspiration pour Séverin. Pour ces réalisations, il s’inspire d’un peintre italien du Quattrocento : « Carlo Dolci. Il a su travailler avec brio la lumière. J’adore ses portraits figés. Les miens en sont inspirés. »
Lorsqu’il travaille avec les artistes, il ne cherche pas à les forcer à prendre une pose. Il les laisse se mettre « comme ils le veulent ». « Dans mes photos, le mouvement doit être simple mais aussi précis. Il existe une certaine neutralité au niveau de l’expression du visage. » Le détail qui le différencie des autres portraitistes, c’est son travail de la lumière. « Je ne suis pas un gars qui bosse sur Photoshop. Je modifie, juste, les contrastes, les petites luminosités dans un endroit. Toutes ces petites choses que tu effectues en argentique. » Notre homme travaille en numérique, plus simple à réaliser. « L’idée qui m’intéresse est que la personne retrouve sa musique dans les effets lumineux de son portrait. Je désire que l’artiste voie sa musique à travers son portrait, » conclut-il.
Une petite rasade de thé et il se remet à poursuivre sur l’origine de ces portraits de musiciens. « Je suis parti du principe suivant : comme je suis musicien, naturellement je vais me diriger dans la musique. J’adore prendre les musiciens car ils sont plus dans le vrai. Un comédien est beaucoup plus dur à saisir. Ce sont des gens qui sont plus attachés à leur image alors qu’un musicien sera beaucoup plus libre. » Dans ses modèles, peu figurent dans le monde du rock, mais plus dans la scène indie-pop française. « Je prends peu de groupes de rock, mis à part Wall Of Death car ils ont ce côté onirique. Je ne pourrais pas faire dans le Metal. Je prends des artistes qui sont d’un autre univers que moi, ce qui me pousse aussi à m’ouvrir et à écouter ce qu’ils font. Quand j’effectue une session photo, je mets toujours de la bonne musique. »
Autre particularité, les femmes. « Je pense que je suis un photographe de nanas. Si, c’est des mecs, je préfère, ceux qui assument leur côté féminin. J’ai, par exemple, photographié Dani Terreur. Sa partie fragile m’a inspiré. Par contre, je ne pourrais pas prendre en photo Antonio Banderas. »
Une photo réussie pour lui, qu’est-ce que c’est ? « Tout d’abord c’est quand moi je l’adore et que je suis satisfait de mon travail. Cependant, tu peux être surpris d’une séance médiocre. Quand tu passes à l’editing tu te rends compte qu’en fait, certaines sortent du lot. Puis, si l’artiste la trouve fantastique, c’est encore mieux. » Une de ses dernières, qu’il apprécie : « Celle de Pamela Hute. Elle est toute simple, pas d’effets lumineux, c’est la première photo sur mon site. Elle met une petite claque. Techniquement, elle est superbe. »
Enfin, Séverin a un prochain défi à accomplir : « Mon challenge est de prendre en photo Céline Dion », sourit-il.
Challenge accepted…
Thomas Monot
Son site : Severin photography