Le Covid (et peut-être aussi quelques frictions avec la nouvelle municipalité) l’avait contraint à se déplacer sur la pointe de la Rognouse, magnifique site dominant la mer, deux années de suite. Baptisé «Cathédrale», l’événement n’avait pas démérité, loin de là, mais ce n’était plus vraiment « Binic »…


***

Retour autour du port, donc, avec deux changements de taille : certainement pour mieux maîtriser les coûts et la foule, l’événement est devenu payant (10€/jour, 25 les trois, ça reste presque symbolique…) et il ne reste que deux scènes sur les trois d’avant la pandémie.

Et c’est vrai qu’en descendant de la rue du cimetière (oui, très bon plan pour se garer à proximité, mais chut…!) et en arrivant devant le Chaland qui Passe on a un pincement au cœur en l’absence de la troisième scène et son joyeux bordel qui faisait la marque de fabrique du BFBF d’avant.
                                                                   ***

Mais en définitive, une fois passé la billetterie et sa sécu bon enfant on retrouve l’atmosphère du Binic d’avant, ses deux scènes de mieux en mieux équipées (attention, point trop n’en faut) et un public enthousiaste et très accueillant pour les artistes, mélangeant aficionados, gens du coin, spécialistes lookés, familles un peu perdues, vieux punks hilares, retraités en cure de jouvence, bref un super mélange qui ne semble pas avoir été gâté par le côté payant…La tente du merch’, les stands de vinyles de Beast Records, de fringues vintages, de sérigraphies et autres T-shirts souvenir sont pris d’assaut, les bars et restaurants ne désemplissent pas…

Bref, un succès sans pluie (si,si…) qui fait chaud au cœur (les organisateurs annoncent 40 000 personnes, ça parait énorme mais c’est vrai qu’il avait beaucoup de monde, presque comme avant).

Bravo aux équipes de la Nef Des Fous et aux dizaines de bénévoles d’avoir su garder/retrouver l’esprit initial malgré ces contraintes et à l’année prochaine !

                                                                    ***

Heu…, oui mais la musique alors…? T’as vu des trucs ?

C’est vrai qu’à Binic l’ambiance ferait presque  oublier le côté musical alors que la qualité est impressionnante, une pincée de folk, un peu de blues et beaucoup de rock n’ roll baignant dans l’esprit punk avec une formidable sélection australienne trustant près de la moitié du plateau. Militons pour un jumelage du « Grain de Beauté des Côtes d’Armor » avec une bourgade du pays des kangourous.
Bon, j’ai pas pu tout voir car les deux scènes jouaient presque en même temps et puis la plage et l’apéro ont parfois fait arriver un peu tard…Que les oubliés me pardonnent car ça avait aussi l’air vachement bien.
On a retrouvé avec le sourire les Anglais de Top Left Club, mix de Devo et des Buzzcocks qui ont gagné le concours de la chorégraphie et des costumes les plus kitsch du moment, entre Captain Flame et les Rubbettes.
Le chanteur des Australiens de Mini Skirt, à l’accent cockney/punk dont le t-shirt proclamait « Don’t be a Youboo » (?) a croisé dans son slam une petite dame aux cheveux blancs ravie de surnager au-dessus d’un public électrisé.

Mini Skirt 

Les trois australiennes de Moody Beaches, seul groupe 100% féminin, nous a peu à peu pris dans les fils d’une pop assez complexe faite de stridences et de ruptures, avec une batteuse très impressionnante, tenant ses baguettes comme dans le jazz…!

 

The Moody Beaches


Côté pure pop, les Silver Synthethic, aux mélodies pourtant lumineuses, nous ont vite endormis par un manque total de présence scénique et un charisme d’huîtres (de Paimpol, or course !).

Mais l’immense déception est venue des Meatbodies, qui ont transformé leur garage skate punk en un heavy rock sans âme joué si fort qu’ils ont réussi à transformer toute la viande soûle du vendredi soir en viande…sourde.

The Meatbodies

Une belle surprise, incongrue au milieu des déluges de décibels, le récital du crooneur pas crâneur ( merci Ouest-France) Jack Ladder qui forme avec Billy, son clavier/Sherlock, un genre de Soft Cell et convoque tous les fantômes qui peuplent sa chambre, de Lou à David en passant par Amy. Touchant.

À propos de fantômes, Bowie 70 et T.Rex are back, ils s’appellent Gyasy (pronounce Jah-See), cheveux peroxydés, costume à paillettes et boa violet, avec un show rétro (un peu trop?) et ultra généreux (« Bisous, Bisous! ») à la manière de ceux qui ne doutent de rien. Dommage que le son du guitariste, très référencé glam lui aussi, se soit perdu dans le sable…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

GYASY


Impressionnant aussi le psyché-blues ultra speedé de Sunny Milk (un bassiste-chanteur, un batteur, c’est tout). L’avantage quand il n’y a pas de guitare dans ce genre de musique, c’est qu’il n’y a pas de solos de guitare non plus…
La palme du spectacle total revient à Long Hours, une sorte de Suicide à lui tout seul, un maître en termes de contacts avec le terrain, dans tous les sens du terme…voir les vidéo de ses prestations bretonnes qui affolent le breizweb.

Long Hours

La claque du festival c’est Frankie and the Witch Fingers ! Le psyché garage légèrement rétro des Américains s’est transformé en une frénétique machine à électrocuter jouant à 200 à l’heure sous les frappes incessantes d’un batteur phénoménal. Ok, ça fait beaucoup de qualificatifs, mais ne ratez leur prochain passage et on en reparle !

Frankie… (goes to Binic !)

Pour finir avec un dernier verre et encore en Australie, Cash Savage and the Last Drinks ont joué les trois soirs, comme à la maison ( « Binic, my second home »), la bande formidablement soudée faisant à chaque fois passer par toutes les émotions possibles le public, littéralement hypnotisé  : « You are the best crowd in the world ! »

Cash Savage and the last … words?

Pas mieux comme conclusion !

France Rock

Share