Il paraît qu’au Liban il existe un téléphérique qui relie la mer ouverte sur l’Occident à la montagne tournée vers l’Orient. Transport rapide de passagers garanti pour la rencontre de deux mondes.

En France existe Teleferik, le groupe d’Eliz Murad (chant, basse) et Arno Vincendeau (guitare). Transport rapide de l’âme garanti pour la rencontre de deux mondes. Si vous saviez comme leur soif est grande de relier le rock, le funk et la musique orientale…

Pour ce cocktail, prenez donc une bonne dose de rock (guitares électriques et savantes distorsions), une bonne rasade de musique orientale (claviers, oud), des paroles engagées, en trois langues (Arabe, Français et Anglais), des riffs pop-funk et enfin une voix féminine puissante et envoutante. Vous obtiendrez Blood Orange Sirup, deuxième album de Teleferik sorti le 12 avril chez Differ’Ant.

 

La veille, le groupe offrait au public du Black Star Live Club (Paris) la primeur de ses nouveaux titres. Sur scène Sami Bouchareb (claviers) et Olivier Hurtu (batterie) étaient là dans la version live d’un album riche en collaborations (Rizan Said, musicien d’Omar Souleyman, et Kenzi Bourras, entendu avec Rachid Taha et Acib Arab, aux claviers), savamment arrangé par Azzedine Djelil (assistant son de Fred Chichin).

« Il fallait taper fort pour ce deuxième album ! » Pour le duo qui travaille ensemble depuis presque dix ans, une phase initiale de composition a eu lieu avant d’être rejoint par Rizan Said et ses claviers dabkeh (« pièce maîtresse pour reproduire le son contemporain de la variété arabe »). Eliz avait « depuis toujours envie de mélanger sa vision de l’Orient et les sonorités qu’elle connaissait avec le rock, le punk, la soul » sans tomber dans les clichés de l’exotisme ni la caricature. Arno de son côté a fait ses armes de guitariste sur les albums de Jimi Hendrix et les premiers Red Hot Chili Peppers, sans jamais délaisser le funk dont « le groove l’habite encore dans ses riffs aujourd’hui ».

On retrouve cette même volonté d’exploration, de découverte dans les paroles écrites par Eliz, sur des sujets aujourd’hui indissociables de notre quotidien, où que l’on se trouve (la difficulté d’être pleinement soi-même, la liberté d’aimer, les discriminations, la tragédie des migrations forcées et les histoires d’amour).

 

22h05 Le Black Star Live Club et son espace intimiste, chaleureux s’apprête à voyager. Après Bafang Ibabemba, première partie très enthousiasmante repérée par les Transmusicales de Rennes, le public dense, est fin prêt à embarquer au son de Teleferik.

« Yalla ! » résonne et les claviers de Sami accompagnés de la guitare d’Arno lancent le set. Arrivent ensuite Eliz et Olivier. Le ton résolument rock de The Night est donné, la complicité d’Eliz et Arno, elle, robe et lui, costume bleu pétrole comme sur la pochette de l’album, est évidente. Au deuxième morceau (Just a Woman) Eliz prend sa basse et ne la lâchera plus.

Avec Believe on plonge intensément dans les rythmes dabkeh et la ferveur rock.

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Eliz remercie le public : «  Ça fait 3 ans qu’on attend ça ! C’est un album particulier : hommage à Rizan Said et Kenzi Bourras qui ne peuvent pas être là ce soir ». L’enchaînement avec De l’autre côté fait s’animer la salle instantanément. Le rythme est endiablé.

Eliz invite ensuite à applaudir Azzedine Djelil, producteur et arrangeur de l’album, présent dans la salle.

Teleferik déroule Aloule : le plaisir est grand à jouer ensemble et à partager, ça se sent. La salle se lâche et reprend en rythme Khalina N Shouf ! Avec You Are Poetry on ralentit le tempo, on se calme, avant d’être touché par l’émotion communicative de Cheveux Denses.

Les riffs de Sarr Lezim, vertigineux, nous portent jusqu’au blues de Queen of the Harem où la voix d’Eliz atteint des sommets. Applaudissement nourris, chaleureux, d’un public transporté. Et Teleferik reprend dans un rappel Bombs and Rockets (morceau emblématique de leur premier album), repris en chœur par la salle.

 

Teleferik prend la route. Pour goûter à l’elixir de Blood Orange Sirup, que vous soyez dans l’Est, le Sud, le Centre, l’Ouest ou à Paris (Boule Noire le 13/06) prenez un ticket pour un tour en Teleferik, vous n’en redescendrez plus !

Veyrenotes & Wunderbear

Choukrane bezef Eliz et Arno !

 

Site web de Teleferik et chronique de l’album par Jérôme V. ici

 

 

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