Malik Djoudi était annoncé sur le Biches Festival donc je suis parti à sa découverte. Première rencontre auditive lors de l’excellente émission de Aurélie Sfez A la dérive sur Radio Nova (à réécouter en PODCAST).

Deuxième rencontre physique dans le cadre bucolique du Biches Festival pour sa 3ème édition. Nous nous retrouvons backstage, dans un champ, à 5 km de Gacé où se trouve le musée de la Dame aux Camélias qui a fait tourner le cœur et la tête de Litz, Alexandre Dumas fils

Nous sommes dans l’Orne en pleine nature ce samedi 23 juin 2018, le soleil est au zénith et il est là, souriant, disponible, émouvant à souhait. Il parle doucement : « A 5-6 ans, très rapidement, j’ai eu un amour pour la musique, c’était vraiment un métier que je voulais faire. Chez mes parents, on écoutait Supertramp, Gainsbourg, Pink Floyd, Led Zep… ».

Le piano qui trône dans le salon sera son grand compagnon, il tapote, il tapote, n’apprendra pas les bases traditionnelles de la musique, ce qui aura comme effet de ne pas limiter les accords, les notes imaginaires. Il ne lit pas la musique mais la connaît très bien. A 13 ans, première rupture amoureuse qu’il soigne en composant des chansons, piano-voix, le tout en anglais.

Vers 18-19 ans, il quitte Poitiers pour Paris, compose pour la télé et le cinéma, mais une seconde rupture amoureuse aura raison de lui. Retour à Poitiers. Il monte un groupe pop/rock Moon Palace « Je chantais en anglais, ça a duré 10 ans. On a aussi rencontré un chorégraphe avec qui on a fait un opéra-rock avec nos chansons qu’on a composées spécialement pour ce projet et on l’a beaucoup tourné. Donc j’ai pas mal d’expérience de la scène en groupe mais j’avais toujours en tête l’idée de faire quelque chose tout seul. »

Autre rupture, au décès de sa grand-mère vietnamienne qui vivait à Poitiers, il part un mois et demi au Vietnam avec ses cendres. A l’aide de quelques photos, il retrouvera la maison de la famille. Les cendres resteront au pays. Lui reviendra extrêmement changé. C’est le moment de bascule, la phrase de Nietzsche « Deviens ce que tu es » résonne parfaitement, « J’ai ramené des choses que j’avais en moi mais que je ne savais pas, comme pourquoi sourire comme ça ? Comme avoir ce rapport-là avec les gens, comme parfois en avoir rien à foutre des choses, j’ai su un peu d’où je venais tout simplement. »

Là-bas, il s’est retrouvé face à lui. Qu’est-ce qui avait du sens désormais ? Au retour il est en accord avec lui-même et sa musique. Il estime avoir ramené plus d’authenticité.

Le premier album mettra un an à éclore.

C’est un ami qui a réalisé la pochette, qui lui conseille de faire simple, donc de garder son nom et de nommer son premier album : Un. Épurer donc.

Album Malik Djoudi - Un (sortie avril 2017)

Album Malik Djoudi – Un (sortie avril 2017)

« En réalisant cet album je ne savais pas où j’allais mais j’allais quelque part ». Et ce nouveau chemin empreinte la langue française. « Au tout début, je chantais en anglais, je n’aimais pas ma voix en français. En français, je ne chante pas du tout pareil, il a fallu placer ma voix différemment sur ma musique, c’était un travail d’orfèvre. »

L’inspiration va et vient « Pour le morceau Séquence con, il m’a suffi de trois jours instruments et texte, mais parfois, je mets trois mois pour trouver un mot et ça me rend dingue. En premier, c’est souvent la musique qui construit un morceau, parfois une expression. Les mots, surtout en français, c’est un peu une mise à nu. »

Il parsème ses chansons d’expressions populaires comme : « C’est ballot ». « C’était un de mes professeurs au collège qui l’employait. Quand tu arrives à les faire sonner, c’est génial, utiliser des mots communs, Gainsbourg n’employait jamais de mots compliqués. »

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Son univers est sentimental, entraînant (on pourrait danser tout l’été sur Sous garantie) et extrêmement personnel (pas étonnant qu’Étienne Daho l’adore).

Sa musique que l’on peut qualifier d’électro-pop distille quelques discrets sons asiatiques, en écho à son histoire. Ce sont surtout des ambiances sonores qui invitent à l’ailleurs. Car la structure des morceaux se brise régulièrement, emmenant l’auditeur dans des allers-retours sensoriels, parfois extrêmement organique comme sur le morceau Odepluie.

Le deuxième album est déjà composé et il a travaillé seul, mais n’exclut pas de partager plus tard son univers dans des collaborations, comme avec le Guembri (instrument de musique à cordes pincées des Gnaouas), pousser les limites, « Je pourrais aussi chanter les mots des autres, l’un de mes paroliers fétiches est Jean Fauque, pour moi une référence absolue ».

Et sur scène alors ?  « Etre sur scène, ça me switch, j’ai l’impression de vivre, tout s’en va, le vide total… »

Sur la scène de Biches Festival, son corps esquive quelques pas de danse, gestes des bras, il y a un peu de Philippe Pascal dans sa gestuelle, moins saccadée, plus en retenue, minimaliste mais d’une force visuelle fascinante.

Voyage intérieur, voyage immobile, humeur vagabonde…

Szamanka

Concerts à venir : 9/07 Festival Vercors Music Festival @Maison des Sports à Autrans (38) – 13/07 Francofolies @Théâtre Verdière de la Rochelle (17) – 19/07 Festival Les Escales du Cargo @Théâtre Antique d’Arles (13) – 20/07 Paleo Festival @Plaine de L’Asse à Nyon (Suisse) – 21/07 Brive Festival @Théâtre de Verdure @Brive-la-Gaillarde (19) – 22/07 Festival Biarritz en été @Cité de l’Océan Biarritz (64) – 24/07 Théâtre Silvain @Marseille (13) – 25/08 Festival Rock en Seine @Domaine National de Saint-Cloud (92) – 14/09 Festival Hop Pop Hop @Jardin de l’Evêché Orléans (45) – 15/11 Festival Nouvelles Voix en Beaujolais @Théâtre de Villefranche-sur-Saône (69) – 23/11 (et 6/04/2019) Salle MacOrlan @Brest (29) – 28/11 (et 29/03/2019) La Laiterie @Strasbourg (67) – 29/11 La Gaîté Lyrique @Paris (75) – 4/12 (et 14/03/2019) Salle Paul Fort @Nantes (44).

 

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