La Piéta est le nom d’une artiste hors normes qui fait bouger les lignes de silhouettes trop marbrées.

Après des années dans la musique, à composer, à prendre plaisir en guitare voix, les origines du projet de La Piéta remontent à 2014, lorsque les éléments et événements tirant vers le bas l’ont fait stopper la musique, déménager dans le sud de la France et débuter l’écriture d’un roman (qu’elle ne veut pas décliner sous forme d’autobiographie mais qui inspire les chapitres de ses albums) de textes sans pression, avec du temps, de la liberté…..et heureusement les faire partager. Début 2015, La Piéta met seule les morceaux de son roman en musique avec des samples, clavier et des instrumentations comme le ferait un rappeur et en slamant. Autodidacte en chant et guitare, et tout ce qui entoure sa création musicale, elle arbore un masque blanc souvent maculé de mots, dessins, traits, d’union entre blancheur des idéaux et noirceur du mot :

« J’ai fait des études d’arts graphiques, j’aime le contraste entre le noir du fond du trou et le blanc de la lumière ».

Un masque qui est un symbole de retour à la musique, en mettant de côté ce qu’elle faisait avant, avec une manière d’avoir la liberté de l’anonymat pour faire autre chose « sans qu’on préjuge » de ce qu’elle donne à entendre ou à voir dans l’urbain, électro rap punk.

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Portrait masqué

A première vue, La Piéta (circa 1498-1499) est la fameuse statue en marbre qui a fait la renommée de Michel-Ange lors de la Renaissance italienne. La Mater dolorosa ou Pietà en latin représente la Vierge Marie dans le douloureux épisode de La Bible du corps du Christ descendu de sa croix avant sa mise au tombeau. La Piéta qui tient le corps du Christ sur ses genoux est exposée à la Basilique Saint Pierre du Vatican à Rome.

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La Piéta fait partie intégrante d’elle, mais pas en globalité:

« C’est un personnage qui peut être une partie de n’importe qui d’autre triste ou sombre ».

Sans nom apparaissant et sans visage vraiment apparent protégé par un masque de félin, c’est la partie sombre et dépressive de n’importe qui que tout le monde ressent au moins une fois dans sa vie:

«Dans la vie tout n’est pas rose. Mais blanc, noir ou rouge qui représente l’évolution de La Piéta».

Ecrire pour La Piéta est un vrai exutoire à émotions, à pensées sans tabous ni censure qui avait vocation première à rester dans l’intimité. Il est devenu public avec des textes puissants, accrocheurs et troublants. « Tutto Va Bene » est le titre d’un des premiers textes en transition entre pop et slam, qui a failli rester dans l’intimité de son studio d’enregistrement.

La particularité du projet de La Piéta était de ne pas forcément se faire connaître, ni tourner, ni aller sur scène au commencement à l’inverse d’une logique artistique. Ni demande, ni démarchage. Juste un clip « La Moyenne » aux paroles sans demi-mesures effectué artisanalement sans gros moyens et seule. Une voix parlée plutôt que chantée, le résultat de ses recherches musicales, La Piéta poursuit sur cette voix, cela plaît, retient l’attention et plein de contacts naissent. Vite repérée sur internet par un tourneur qui voulait travailler en live, La Piéta veut s’entourer et recrute des musiciens pour faire des live dès début 2016. Au Printemps de Bourges 2016, c’est la révélation pour le 3e concert live.

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« Tout était en noir, très noir, très sombre puis noir et blanc, mais plus tirant vers les gris et depuis 2018 un peu de couleur, du rouge » se fait remarquer. «J’ai injecté de la couleur dernièrement, c’est ça le rouge de « défoncer le cœur »

Comme sur la photo sortie lors du Printemps de Bourges, et aussi une première fois sans masque. Mais le voile des cheveux reste, le côté mystérieux est préservé tout en ouvrant un peu. La Piéta, la mère douloureuse en latin, est aussi cette femme douloureuse sous toutes ses formes qui peut parler à tous :

« Regarder, lorsqu’en dépression on a l’impression que tout est noir et que c’est super dur on peut en faire quelque chose ». « J’ai fait quelque chose de ma douleur et c’est ce que j’éprouve tous les soirs surtout quand je suis sur scène ».

La Piéta.com, #lapiéta

La Piéta est une artiste active qui alimente quotidiennement ses réseaux sociaux et qui n’apprécie pas les effets de mode, elle se nourrit différemment et à distance des écrans à passivité massive, TV, radios etc. Elle fait un clin d’œil masqué à la vie en numérique dans le morceau « Perdue.com ». L’actualité se suit en temps réel grâce au virtuel tant personnel qu’interpersonnel et à propos des remous qu’ont provoqué certains mouvements lancés en relation avec la femme et la pression médiatique du moment (NDLR : #Metoo, #Balance ton porc etc.) elle livre des précisions en lien avec son projet :

« La condition de la femme m’a toujours touchée et interpellée. Ce vécu d’injustice, de solitude nourrit mon écriture » comme « Le mal-être dans la société, mal-être de la femme face à la société, le mal-être face à la religion ». Son projet s’abreuve en effet d’une figure biblique significative, une femme qui porte son fils mort, et une des plus connue en ce monde, La Piéta de Michel-Ange :

« C’est une statue qui a fait beaucoup parlé d’elle parce que la madone a une beauté incroyable, elle fait plus jeune que son fils. On peut se poser la question, Est-ce qu’une femme est forcément belle, est-ce qu’elle est forcément jeune ? »

Questions d’images, images en questions :

« Est-ce qu’une mère douloureuse qui a un fils de 33 ans dans les bras n’est pas censée être plus âgée que ce qu’il n’y paraît ? ».

Ces images de la femme, la douleur, la sexualité, le rapport à l’homme, être mère, être femme et le rapport à la religion constituent ses « faire de lancement » d’inspiration et de questionnement:

« Le rapport à la femme dans la religion, la question de droits restreints et de devoirs est quelque chose d’intéressant pour moi ».

A propos de la chanson  « La Fille la Moins Féministe de la Terre » (NDLR : performance d’à peu près 6 minutes slamée en non stop live au 21 ème festival Les Femmes S’En Mêlent !) La Piéta précise :

« Ce texte je l’ai écrit car au bout d’un moment je ne savais plus ce que cela voulait dire être féministe. Très souvent on est cataloguée quand on est féministe, on dit « ah tu n’aimes pas les hommes », alors qu’au contraire cela n’empêche pas d’adorer les hommes et même d’être très amoureuse».

En octobre 2016, La Piéta déclarait en avoir marre d’être « traitée de », cataloguée dans une catégorie qui ne correspond pas à ce qu’elle est, ce qu’elle a au fond d’elle, ce qu’elle veut faire passer en utilisant des mots crus, forts et bien souvent mal compris encore.

La Piéta dans la vie et en live

Transie par une énergie communicative à faire sortir son punk rap corrosif et en même temps ne pas pouvoir retenir une fragilité palpable, elle ne peut passer inaperçue et in-entendue lors d’un show. Sa chanson « J’Aime Pas Les Gens » ose chanter tout haut ce que tout le monde pense au moins une fois dans sa vie tout bas:

« Il y a une certain nombre de chansons dans lesquelles je n’ai pas envie d’être que « dark » que triste etc. J’avais envie qu’au bout d’un moment il y ait du second degré ».

Encore faut-il le sentir et le saisir :

«J’ai travaillé dans un collège du sud de la France. On a fait des ateliers d’écriture et ils ont entendu et vu des clips. Certains ont pu les choquer un peu. Puis on a fait la mise en musique. On les a fait chanter pour enregistrer leurs voix dans les refrains. Ensuite on a fait un clip. Cela a duré toute une année. C’était une super expérience. Il y avait des élèves qui n’ont pas du tout compris le second degré de la chanson ». « Je me fous de ma propre gueule dans cette chanson » « On n’est pas qu’une chose dans la vie. La Piéta est certes la vie en colère, désabusée mais je suis plutôt à me marrer et à kiffer la vie ». « C’est une partie de moi que j’ai voulu exorciser à un moment donné, de sortir cela ». « Je me suis rendue compte qu’auparavant j’écrivais peu sur l’amour ».

La relation à l’autre et l’amour sont objet de second et de premier degré à prendre à la lettre. Avec un grand A l’amour joue aussi de mauvais tours et son morceau « A La Folie » parle de ces relations passionnelles mais pas que :

« Je ne voulais pas que cela parle que de relations homme-femme mais de la passion en général. Je compare la passion amoureuse à plein d’autres choses du monde et de la vie. De tous ces sentiments un peu extrêmes qu’on peut ressentir. C’est la chanson la plus passionnée qui souvent sur scène fini en transe. J’essaie de partir vraiment ailleurs. C’est la sensation que j’ai quand je ressens cela, je suis quelqu’un de vraiment passionnée et forcément extrême dans tout ce que je vis ».

Par rapport au concert live, le côté aller dans la fosse au public, faire participer le public est important pour La Piéta :

« Je n’aime pas le côté passif, cette distance que cultive certains artistes avec leur public. Ce côté super élitiste même de certains artistes qui donne l’impression de ne pas s’adresser à tout le monde. J’aime interagir avec les gens, leur parler, et leur parler beaucoup m’a d’ailleurs été reproché ».

Pas de mise en scène, du moins de sur-joué ou de formaté chez La Piéta mais de la spontanéité et une envie de vivre le moment présent en communion et en adaptation avec ses spectateurs :

« C’est important pour moi de ne pas avoir prévu exactement ce que je vais dire, de leur parler en fonction de leur réaction, de leur visage. Je suis dans le vrai. Je ne vais pas ressentir exactement la même chose chaque soir, pas la même transe  (…) Je n’ai pas envie d’un show formaté, que cela soit le même chaque soir. Je n’ai pas envie que cela soit du maquillage », par delà le masque.

La Piéta liste d’écoute du moment :

« J’écoute Cabadzi qui m’a fortement inspiré. J’écoute beaucoup Orelsan, Johnny Cash et Dalida chaque matin ! J’aime bien Diam’s. On m’a comparé à elle depuis peu. Je n’écoute pas forcément ses chansons les plus connues, mais j’adore « Ecorchée » qui est super belle ».

Dans le panthéon musical de La Piéta : 

« Il y a Nirvana qui m’a fait prendre une guitare, il y a Renaud qui m’a fait prendre un stylo. Il y a Hole de Courtney Love qui m’a vraiment donné cette hargne positive de femme justement. Comme j’adorais Nirvana qui met quand même dans une ambiance dépressive pour le coup j’aimais bien ce que lui répondait une Courtney qui était le pendant vivant de cela ». En plus, j’ai tatoué le nom de mon album préféré de tous les temps ici (NDLR : Sous son bras droit, un tatouage Life Through This, 2ème album de Hole sorti en 1994, chez DGC Records). « J’aime énormément la chanson française, Aznavour, Brel, Ferré, Gainsbourg pour ne citer qu’eux et encore plein d’autres. Et à l’extrême très différent, j’adore Eminem ».

Appel à la foule du crowdfunding

2018, après six premiers mois à produire le chapitre 3 et 4 sur scène, La Piéta travaille actuellement sur son EP qui sortira à l’automne. Elle a lancé un appel au financement participatif sur ULULE dont voici le lien :

https://fr.ulule.com/jesuislapieta/

« On a atteint la somme minimale mais on a besoin de plus sans harcèlement pour financer l’album, payer le studio etc. »

Il y a de plus en plus de projets qui se montent grâce au crowdfunding ce qui permet de soutenir plus concrètement un projet et de le suivre jusqu’à son aboutissement. D’en être pleinement participant en quelque sorte. La fin du ULULE de La Piéta est prévue pour le 20 juillet 2018. Le compte à rebours compte sur vous.

Le site de la Piéta : http://www.jesuislapieta.com

Vanessa MdbS

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