Vous êtes deux gentlemen, cultivés s’il en est, aux goûts polymorphes et riches et je suis homme à écouter vos judicieux conseils en matière de musique amplifiée.
A la vue du succès effrayant -voire suspect- à mes yeux de Taylor Swift et de son album le plus récent, aka Midnights, j’ai bien entendu fait la moue et vous m’avez dit tous deux : « halte-là, tu devrais écouter ! ».
Allant au-delà de mon fort et assumé biais cognitif inversé (« si c’est très populaire et que tout le monde en parle c’est donc de la m**** », j’ai été donc écouter, car oui j’ai fait l’effort !! (mais ooops = en navigation privée, j’avoue pour ne pas que mes préférences soient brouillées pour l’IA qui me surveille et m’abreuve d’électro barrée, de new wave vintage et de punk énervé). Subjectif et râleur, je serai presque capable de renier Joy Division si j’en entendais un morceau dans un ascenseur ! C’est dire…
Cependant, j’ai fait 1000 découvertes inédites depuis que je me suis attelé à ma modeste mission de rock critic amateur et bénévole. Donc, wait.
La Swift m’a-t-elle touché, un peu beaucoup, à la folie ?
Hé bien, non.
Ces chansons me laissent aussi froid qu’un regard de Poutine parcourant un rapport du GIEC ou la bio de Mère Teresa.
J’ai bien essayé, j’ai écouté au calme je me suis dit : « tu es un méchant vieux bougre, ouvre ton esprit ! »
Envoi.
Je n’aime pas du tout du tout la voix, son registre ultra-commercial et pile dans les copycats des hit-parades. Je visualise des clips avec des danseurs « essuie-glace » qui s’activent en ondulatoire derrière la Miss.
Ayant l’âme abonnée aux intonations des Mona Soyoc, PJ Harvey, Beth Gibbons, De Laurentis, Ina Forsman voire Kristin Hersch, des Larkin Poe ou encore de la puissante Miët, j’ai mon petit niveau d’exigence quand même !
Ce côté « petite fille qui monte et descend dans les aigus hoooo hinnnnn oooooo » ne me séduit point. Et adopter de temps à autre « pour varier » cette scansion à la limite du rap ou des égéries black en plastoc, je ne peux pas, vraiment désolé. Ou alors tenter de « forcer » un peu mais bon, n’est pas Liz Frazer qui veut.
Au passage Maria Cariée, nein danke ! (jeux de mots vaseux, mais vous avez sûrement vu qu’on la ressort du placard à dividendes, elle et sa guimauve à l’huile de palme, chaque année de J-45 à J+30 du 25 décembre, soit le SEUL jour de l’année qui s’appelle… Noël !)
Revenons à la blonde bankable.
Je vois bien qu’on lui a dit de varier un peu les intonations (on dirait que j’ai 12 ans, j’ai 18 ans, j’ai 10 ans) et de partager des petits soucis de cœur, mais Poupette, j’ai du mal à fondre en larmes en chœur. Oui on est tout seul dans la vie parfois, y’a des gens pas gentils : hé bé, ça c’est une découverte !
Les rythmes me semblent plats et convenus, tapoum pschiii, et j’entends bien les coups de synthés tirés de la banque preset de série de machines élégamment rangées dans un joli studio fort coûteux.
Simple amateur de musique, rock critic curieux j’ai aussi la sensation que les accords et arrangements sont 1000 fois vus, revus, vendus et revendus. Je perçois de la facilité, là, hmmmmm ?? Qu’en pensez-vous ?
Rien me m’accroche, rien ne me donne une envie autre que de pousser un gros soupir pffffffffffffffff, de lever les yeux aux ciel (vous remarquerez que je ne ricane même pas)…
Je vous redonne le fond de ma pensée subjective : Madonna -par exemple- a fait plus fort, plus neuf, plus chaud et surtout… plus tôt.
Je suis désolé, chers amis, non pas de votre recommandation (car débattre, échanger et discuter est sain et salutaire, merci à vous), mais de l’invasion « marketing » tous canaux de cet album qui occultera tant d’autres talents qui auraient fait briller mes yeux et vibrer mon petit cœur sensible. Le biais cognitif « de confirmation » mondial va se révéler implacable et la popularité de Taylor S. va s’autoalimenter, la machine folle est lancée. SEO, ça va rapporter gros !
Et vous savez que dans Songazine, on parle d’un max de gens pas trop connus mais qui rêveraient de partager quelques miettes d’un gros gâteau. En tout cas, hein, j’aurai essayé !
Bises et hugs les amis,
Jérôme « en navigation privée » V.
