Alors que le soleil commence à décliner sur Blois et que le public se rassemble au bord de la scène du Festival Des Lyres d’été, TiM arrive, guitare en bandoulière pour livrer 11 titres, dont 2 partagés et 1 emprunté. Une belle et bien attachante découverte.
En guise de préliminaires, il débute son set par sa Princesse, un titre faussement malicieux. Tiens tiens, TiM aimerait être une pièce de lingerie féminine pour être caressé le matin puis farouchement caché, tout contre la belle. Un titre à la fois tendre, coquin et parfois un peu cruel car sa belle ne fait pas dans la dentelle. Le public et quelques passants curieux s’approchent pour en savoir plus et en découvrir encore davantage sur ce chanteur, auteur, compositeur, interprète orléanais. Et TiM nous invite à le rejoindre sur une île, Okinawa, au Japon, connue pour abriter le plus grand nombre de centenaires. L’ambiance passe du rose au bleu de l’océan pacifique. Faisant le constat qu’il nous manque souvent du temps quand tout va bien, fuir à Okinawa donne des minutes en plus aux amoureux. L’envie de profiter de ces petits moments d’éternité dans une histoire d’amour avant qu’elle ne s’essouffle, TiM aime-t-il le temps qui passe ? Pas évident de le savoir. Sa belle reprise de Serge Gainsbourg, Marilou sous la neige, donne peut-être un indice. TiM n’aime pas que les histoires se finissent, se fadent, ou s’épuisent.
Et pourtant, entre les chansons mélancoliques, le ton change. A un fan visiblement égaré qui scande « Rock’n’roll », il répond, riant, le poing levé par « chanson française ». La promesse de passer un moment de chansons françaises pas forcément gaies mais franchement sympathiques semble séduire le public. Les mélodies comme les textes sont soignés. Brooklyn en est un bel exemple. TiM joue les timides, éloigné, restant à distance de la beauté de cette amoureuse aussi insaisissable et froide que les rues désertes de New York.
Influencé par Serge Gainsbourg ou Miossec découvert en 1995 et qui lui a donné envie de jouer de la guitare (ah bon, c’était pas seulement pour faire des sérénades aux filles ?), certains observateurs comparent son énergie et ses chansons à Joseph d’Anvers. En 6 ans et deux albums, TiM a aussi enchaîne les concerts. Parfois accompagné de musiciens, il sait aussi prendre l’espace scénique et défendre ses titres, comme ce soir, seul à la guitare. Le public de Blois, habitué aux concerts, ne s’y trompe pas et chante avec lui le refrain entraînant de Trois petits tours.
Un titre qui figurait sur l’album Minuit sorti en 2015. La guitare électrique remplace la folk. Il enchaîne avec un titre plus récent, une (com)plainte sur les amours libres ou libérées après une histoire aussi attachante que salissante. S’il joue ou chante pour figer le temps, il sait aussi le rendre pesant. A présent, c’est aussi histoire d’une rupture qui colle à la peau comme des souvenirs dont on voudrait se laver pour mieux se reconstruire.
Grand bavard à la répartie espiègle, partageur d’anecdotes, TiM aime aussi inviter ses amis chanteurs à le rejoindre. Deux titres pour découvrir une nouvelle collaboration prometteuse. Avec MirQ le chanteur d’Arcadya, ils nous proposent deux titres, Haute couture, et Les embellies.
Crédit Photo : Denis Pondaven
Une vraie belle surprise pour le public qui sait déjà qu’il y aura une suite à cette classieuse proposition éloignée de chacun de leur univers mais tellement alléchante et encourageante.
Pour finir ce set qui réunit désormais plus que des passants ou des promeneurs, TiM a choisi Le ciel carabine, une chanson sur la résilience. Une chanson pour nous, qui nous adaptons à tout. Les masques tombent, TiM n’est finalement ni mélancolique, ni nostalgique mais un grand optimiste. Malgré le ciel lourd, l’état d’urgence et l’ambiance pesante, la musique, les concerts doivent continuer dans les ronces et les épines. En bord de Loire, vendredi soir, les cieux étaient cléments, les lumières belles, tantôt chaudes, tantôt froides et TiM a plu. Nul doute que les prochaines ballades de TiM nous emporteront loin.
France Valormon