Il y a mille et une façons d’écouter de la musique. Prendre la route et avaler l’asphalte avec la bande-son idéale en est une. Le dernier album de Fred Nevché, Valdevaqueros, paru le 21 septembre chez Internexterne fait partie de ces bande-son cinématographiques absolues qui invitent au voyage.

 

Pour les non initiés Fred Nevché, aka Frédéric Nevchehirlian in extenso, est un artiste accompli, avec déjà quatre albums à son actif.

Orfèvre de la rime, artisan du rythme, partisan du flow, il sait sublimer le réel d’un battement de plume tel un photographe à l’œil affûté saisissant la beauté cachée dans le quotidien, invisible aux yeux des quidams. Après un premier album avec son groupe Vibrion (2005), deux albums rock de poésie scandée entrecoupés d’un opus de mise en musique de textes inédits et libertaires de Prévert, Fred Nevché, poète foisonnant d’idées, de projets et de collaborations est parti avec Valdevaqueros explorer largement l’horizon électro et les claviers lumineux.

Ce dernier album est l’une des différentes facettes d’un vaste projet nourri par « 3 ans d’écriture, 180 pages… » qu’on peinerait bien à catégoriser, et c’est tant mieux. Soyons libres semble nous souffler Fred Nevché, qui, généreux, nous a livré début 2018 le premier volet de son projet, Décibel, un long poème chanté de 30 minutes. Puis en septembre, Valdevaqueros, l’album, dont chaque titre est accompagné d’un clip. S’en suivra un film en 2019.

Si c’est Vittorio Bettini qui a réalisé les différents clips (déjà l’artisan de Marseille sur l’album Rétroviseur), Fred Nevché a largement oeuvré à leur minimalisme, à leur dépouillement. Et nous invite à suivre les pérégrinations de quatre personnages dont il a beaucoup contribué aux caractéristiques.

Fred Nevché explique ainsi avoir tout imaginé en même temps : poème, morceaux, album, film, clips.

« Je vais raconter une histoire parallèle, une sorte de puzzle que chacun peut monter à sa façon selon son entrée. »

Sur l’album Valdevaqueros, la rage des guitares s’est apaisée, le son des claviers y est doux et progressif comme le rythme d’une vague qui nous berce, nous hypnotise et dont on devine le potentiel de déchaînement. Pour réaliser cette oeuvre audacieuse et très émouvante, Fred Nevché s’est entouré de Simon Henner (French 79 / Nasser) et Martin Mey (Ghost of Christmas). De leur collaboration ressort une lumière qui vient éclairer des sujets intimes, engagés, portés par des mélodies raffinées et la voix douce et posée de Fred Nevché.

« J’ai voulu que tout ça soit un pamphlet de liberté, que ce disque soit un drapeau au vent qui souffle et qui dise à tout le monde « Faites bien ce que vous voulez mais faites-le ! » C’est une ode à la liberté. »

Fred Nevché nous laisse donc la liberté de trouver dans Valdevaqueros ce qu’on veut. On est porté dans cette traversée intérieure par le souffle électro poétique aux accents subtils de musique électronique des années 70.

De souffle et de traversée, c’est bien ce dont il s’agit lorsqu’on rencontre Fred Nevché. D’échanges aussi. Comme en live, ce mardi 11 décembre au Point Ephémère, où le Marseillais, entouré de Martin Mey (claviers, choeurs) et Gildas Etevenard (batterie, choeurs), nous a emmené sur une introduction instrumentale délicieusement surprenante du titre Valdevaqueros vers un voyage où chacun a pu être traversé de part en part par l’émotion.

Comme à l’écoute de l’album, on s’abandonne « dans cette sensation douce lorsque tout se détend », on ne sait plus exactement si c’est l’interlude ou le morceau, Décibel ou Valdevaqueros. Hypnotisé, naviguant dans l’univers onirique de Fred Neché qui rêve de Johnny souvent, on découvre incarné le sublime titre Pénélope puis on se jette dans cet Océan où un « colorant éclair a lessivé la terre ou le ciel à l’inverse coloré l’océan ».

 

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La formation réunie sur scène a condensé une énergie contagieuse, portée haut et fort par Fred Nevché. Authentique, généreux, cet artiste brillant parvient à étirer le temps et nous maintient en apesanteur, comme lorsque se fait sentir Le besoin de la nuit, dédicace à ses amis de la coopérative culturelle Internexterne qu’il a cofondé à Marseille.

Dans sa quête d’expérimentation, Fred Nevché s’affranchit des codes et garde son cap. Celui du « chant » des possibles et des horizons sans limite.

 

Veyrenotes et Wunderbear

La chronique détaillée de Valdevaqueros par Violette à retrouver ici.

Site web de Fred Nevché.

 

Un grand merci à Fred Nevché pour sa disponibilité ainsi qu’à Chloé de Vscom.

 

 

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