Ulrika Spacek

Berlin, une des plus grandes capitales européennes de la culture. Elle a permis à de nombreux groupes d’éclore depuis les années 70 à aujourd’hui. C’est le cas d’Ulrika Spacek. A la suite d’une soirée, le  groupe est formé avec deux anglais, Rhys Edwards et Rhys Williams. Ils arrivent avec leur premier album réussi : The Album Paranoïa (sortie le 5 février).

L’œuvre de ce duo est un énorme trip hallucinatoire. On apprécie cette ambiance shoegazing, post-punk, où des murs de sons à la guitare fuzz sévissent. On se laisse traîner dans les méandres des dix morceaux qui varient du clair à l’obscur, entre l’aérien et le terrestre. On se laisse porter dans ses longues phases instrumentales à la fois lourdes, pesantes mais qui peuvent se transformer en des sons plus épurés et légers.Ulrika spacek L’album s’ouvre avec I Don’t Know, où la guitare rappelle un rythme et l’effet fuzzy de Don’t Play With Guns des Black Angels. Elle vous amène dès ces premières notes intenses dans leurs abysses paranoïaques. Porcelain, la suivante, change de ton. Elle devient plus délicate à la mélodie, frêle comme cette matière dont la chanson porte le nom. Circa 1954 est une courte ballade où l’on reste perché dans les nuages, par une guitare apaisante et une batterie molle. Strawberry Glue est le titre par lequel Songazine a découvert le groupe. Celui-ci possède un son mordant, partant dans des moments triturés. Le clip est un excellent huis-clos en noir & blanc. On plonge dans une sorte de colocation étudiante, où une soirée se passe. La vidéo se réfère sans doute à cette fameuse « party » à Berlin, où tout a débuté pour les deux amis d’enfance. Beta Male commence par une introduction en crescendo, où une tension musicale se maintient de plus en plus forte pour ensuite se relâcher dans les trois minutes de la chanson. NK entame doucement les premières secondes, puis elle déclenche un son massif, profond, proche du noise rock, voire stoner. Ensuite, on repart sur Ultra Vivid, où l’on retourne vers les cieux. C’est vrai qu’à l’écoute on ressent la patte d’un Tom Verlaine de Television*, au niveau de la gratte. On termine par Airpostism, une courte musique finale, d’une douceur mélancolique à la Radiohead. Elle nous exprime l’au revoir de ce trip appelé Ulrika Spacek.

Pour finir, The Album Paranoïa, est un excellent premier album pour ce quintet anglais. Ils étaient deux à la base, puis ensuite cinq musiciens. En ce qui concerne la bibliothèque musicale, on le range autour de Spacemen 3, Brian Jonestown Massacre, Black Angels, Sonic Youth. En bonus les Velvet Underground, puisqu’ils organisaient des « Oysterland » : des soirées concerts/expositions. Dernière information, ils seront au Paris International Festival of Psychedelic Music en juin, et Songazine y mettra sûrement les pieds.

Thomas Monot

Bonus lien :

Strawberry Glue

*Note de l’auteur : Marquee Moon, 1977, un délice auditif de post-punk.

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