ROCK EN SEINE 25 août 2023
 
A peine arrivés sur le site de Rock En Seine pour cette deuxième journée de l’Edition 2023, on aperçoit le couple qui se cache derrière Arrache-toi un oeil/Frissons Acidulés courir vers la scène où a commencé le set de Turnstile.
Comme ces deux-là ont plutôt bon goût (voir la prog de leur prochain festoche à Vitry), on oublie la buvette et nous précipitons également vers la scène Cascade. Bien nous en a pris car le groupe de Baltimore – doté aujourd’hui d’une nouvelle guitariste nommée Meg Mills – est excellent sur scène avec un chant me rappelant fortement Perry Farrell et un son très 90’s (RATM style) entre hardcore teigneux pour le meilleur et punk à roulettes pour le moins bon.
Mais nous, on est surtout venus revoir Les hurluberlus de Viagra Boys, toujours géniaux sur scène. Setlist impeccable avec « Ain’t No Thief », « Slow Learner, « Troglodyte », « Ain’t Nice » ou « Sports » et surtout « Research Chemicals » et son riff de basse entêtant qui te tenaille les tripes.
Le chanteur américain aux tatouages de concours et abdos Kronembourg performe tel un quadrumane éthylique, en chaussettes et pantalon de survet dégueu, et se permet quelques mots en français malheureusement incompréhensibles entre deux borborygmes. Il osera même quelques pompes sur scène jusqu’à en vomir son trop plein de houblon. Et on ne parle même pas des facéties du guitariste saxophoniste ou du Korg-iste blond aryen suédois, tous deux affublés de shorts gogo dancer ras les rouleaux du plus bel effet. Absolument grandiose!

Viagra Boys

Ayant reçu par SMS une proposition d’interview de ces mêmes énergumènes par attachée de presse interposée, nous zappons Flavien Berger direction l’espace VIP.
 
Mais finalement point d’interview, les gars ont changé d’avis, ce qui vexe quelque peu mon ego flamboyant. Après trois binouzes de consolation, nous allons découvrir les jeunes et sympathiques Pogo Car Crash Control. Brut et grunge-core, bref très 90’s, avec un chant en français à la limite du parodique. Parfait pour se chauffer avant Bracco sous la tente de la scène Ile De France. Show intense type physique psychose qui nous emmène dans le tunnel du mal avec une sensualité toute reptilienne et ce, malgré quelques coupures de son.
Coupures qui entacheront également le show de Fever Ray, le groupe de Karin Dreijer. Mais là aussi, une extraordinaire proposition artistique qui me fait oublier la précédente tournée un peu décevante de ces cinq iconoclastes suédoises. Costumes étranges et décadents joliment élaborés, light-show idoine et mise en scène/chorégraphie impeccables avec un superbe lampadaire en plein milieu de la scène. L’ensemble Cabaret Queer évoque autant Bowie que Fischerspooner ou encore Coil. Les nouveaux titres « Even It Out » ou le divin et plaintif « Shiver » fonctionnent à merveille et « If I Had a heart » en titre ultime offre un point final hypnotique à souhait. Seul ombre au tableau, cette impression (juste ou erronée) que tout est en playback, si ce n’est les percus interprétées par Diva Cruz. « Trop intellectuel et perché pour moi », entend-t-on en commentaire derrière nous
On invite alors cette personne à nous suivre vers la scène où joue Dalle Béton qui propose tout l’inverse. Les Neubauten bretons (non, je déconne) ne se prennent nullement au sérieux et rappellent le punk alternatif et revendicatif de la fin des 80’s. Plus Ludwig Von 49.3 que Bérus, ils arriveront quand même à faire lever les doigts d’un public enthousiaste et acquis à leur cause, non pas contre Le Pen mais plutôt un gros fuck à Gerard D., ce qui est un peu la même chose. Beaucoup d’humour (« merci les Parisiens d’avoir fait augmenter le prix du mètre carré chez nous pour vos résidences secondaires »), de revendications Ruffinistes (ils dénoncent notamment la dissolution scandaleuse du Soulèvement de la Terre) et un certain savoir-faire, en tout cas en termes d’artisanat, puisqu’ils coulent carrément une dalle de béton sur scène! Une belle manière de finir cette journée avec le sourire.
Direction la sortie vers la Grande Scène où se produit Placebo. « And it’s a race, for rats to die » entends-je couiner Brian Molko déguisé en Stephan Eicher période D’Artagnan (?!). J’e dois avouer aimer ce morceau, alors je scotche bêtement devant jusqu’aux rappels avec une excellente reprise de Tears For Fears et une autre totalement inutile du plus beau standard de Kate Bush. Aucun contact avec le public de la part du leader mousquetaire.
 
C’est pro, carré mais sans aucune chaleur, une prestation semble-t-il en demi-teinte, donc…
 
Yannick Blay
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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