Tucson, Arizona, 33°C au soleil. La ville d’Howe Gelb (auteur, compositeur, chanteur, pianiste, guitariste), légende du rock indé américain, artiste prolifique et père du « son de Tucson ». Il est notamment l’un des fondateurs de Giant Sand (collectif à géométrie variable) devenu au fil des années une référence incontestable. Après Future Standards (2016) et Further Standards (2017) ses derniers albums en date, Howe Gelb nous offre Gathered son 24ème album (oui oui vous avez bien lu) sorti en mars chez Fire Records.

Gathered album très abouti, d’une infinie douceur, riche de partages multiples (Anna Karina, The Lost Brothers, Gabriel Naïm Amor, Kira Skov, JB Meijers et Pieta Brown) a été enregistré tout au long d’un périple qui a conduit Howe Gelb de Dublin à Cordoue en passant par Amsterdam, Copenhague ou Paris sans oublier bien sûr Tucson. C’est chez lui que ce « grand voyageur » a enregistré avec sa fille Talula une version du titre Moon River de Henry Mancini et Johnny Mercer.

Dans ce recueil partagé, Howe Gelb, de sa voix profonde blues – country, conte des histoires intemporelles accompagné des voix jazzy renversantes de ses invités. L’espace sonore et les paroles dessinent une dimension folk pendant que les arrangements et les rythmes évoquent des ballades blues – jazz.

L’ensemble évoque un mélange de jazz, Rythm n Blues et country disséminé et décliné sur 15 morceaux d’une rare pureté et transparence acoustique. On pense à Paolo Conte, à Neil Young et bien sûr au grand Leonard Cohen dont Howe Gelb nous offre une sublime reprise de A Thousand Kisses Deep partagé avec Matt Ward (She and Him) et la touche gipsy de Fernando Vacas.

La Seine Musicale, Paris, 10°C sous les nuages. Howe Gelb se produit solo pour une date unique en France. On descend une volée d’escaliers jusqu’au ventre du Seguin Sound qui abrite les immenses futs de la micro brasserie alignés le long des murs de briques et de carreaux, la lumière est tamisée et l’ambiance feutrée. Sur scène : un piano, une guitare électrique posée contre le mur, un ampli et un verre de vin blanc attendent.

Le barman s’affaire derrière le comptoir, l’ingé son caché au fond de la salle affine les derniers réglages. Le murmure du public bourdonne.

Casquette verte vissée sur la tête, veste en cuir, jean brut et Santiags : Howe Gelb, délicieusement nonchalant monte sur scène et s’installe au piano. Contre toute attente, il profitera de son set pour nous faire voyager dans ses précédents albums, piochant ici et là des morceaux de Giant Sand ou une reprise enlevée de Wayfaring Stranger.

Il alterne piano et guitare, tombe la veste et joue avec sa casquette jamais très éloignée.

Charismatique, il prend le temps de nombreux apartés : ironise sur le piano dont le bois paraît « recyclable » entre Sweet Confusion et Paradise Here Abouts, fait référence à Satie avant Irresponsible Lovers qu’il ponctue d’un « Santé ! » en levant son verre. Vif, il souligne d’un « shake ! » en plein morceau le travail du barman qui se fait entendre au loin, plein d’humour il joue avec le public sur Home Sweat Home et nous, on se régale, captivés par tant de classe et d’élégance.

On se délecte de The Shiver Revisited au piano. Il évoque sa soirée la veille à Belfast, qu’il s’envolera le lendemain pour Athènes.

« Any final question ? » glisse t il malicieusement avant de traverser la salle jusqu’au bar.

Veyrenotes et Wunderbear

 

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