Acte 1. Concert des Morning Robots @Supersonic. 15 février 2017.

Ma rencontre avec les Morning Robots, quatuor pop-rock parisien composé de Romain Duquenoy (chant et guitare), Benjamin Hayoun (guitare), Jérôme Terroy (basse) et Victor Duquenoy (batterie), a lieu fortuitement un soir de février, à l’issue de leur formidable set au Supersonic.

Un set qui me laisse pantois et le souffle court, heureux de cette divine surprise comme il s’en offre parfois à ceux qui bourlinguent dans les salles de concerts à Paris ou ailleurs.

On distingue chez ces quatre-là des influences multiples, des Arctic Monkeys à Oasis pour le côté pop aux Strokes, White Stripes, Queen Of The Stone Age et The Prodigy pour la partie rock plus couillue.

Mais ne vous y méprenez pas, leurs compositions délicates, aériennes et classieuses transcendent cet inventaire à la Prévert pop-rock et figurent en bonne place dans le Top Of The Pops de votre serviteur chroniqueur.

Concert Supersonic 15.02.2017 - MORNING ROBOTS

Acte 2. Nuit du 15 au 16 février 2017 et les jours suivants.

Je rentre tardivement et ne peux m’interdire d’écouter en boucle jusque tard dans la nuit les deux singles du groupe disponibles sur YouTube, ‘’Shiny Laughter’’ et ‘’Fall For You’’.

‘’Shiny Laughter’’ est un joyau pop enthousiasmant dont les riffs de guitare côtoient un refrain addictif qui vous touche en plein cœur, tel un Guillaume Tell sous acide qui aurait manqué sa cible (ce con !) :

Hey !

He feels he’s losing a certain grip

Keeps it to himself over the lake

The sunset just becomes shallow

Allows him to direct shiny laughter at

Une mélodie sublime que ne renieraient pas Miles Kane et Alex Turner de The Last Shadow Puppets et qui n’a rien à envier aux titres ‘’My mistakes were made for you’’ ou ‘’Standing Next to Me’’ du duo anglais.

‘’Fall For You’’ nous transporte dans une ambiance résolument western, flirtant avec The Shadows. Un morceau porté par la voix de Romain (You’d no idea what I was going through / Though I still was ready / To fall for you), des rythmes de batterie que Victor nous avoue influencés par des beats hip-hop et Notorious Big pour la puissance (!) et magnifiquement mis en images d’animation par Oscar Langevin.

Hey Humans ! Puisse cette chronique mettre fin à l’aveuglement général devant autant de talents.

Quand on constate que ces deux titres ne totalisent respectivement que 2742 et 1971 vues sur YouTube, c’est à n’y rien comprendre !

On en viendrait même à imaginer le pire :

  • La planète pop rock se serait-elle mise en disponibilité comme on le ferait professionnellement pour ‘’prendre du recul’’ et ‘’gagner en hauteur de vues’’ ?
  • Les labels indépendants, ô combien habituellement passionnés et dénicheurs de talents (car, comme le disait le Général : ‘’Les chercheurs c’est bien, les trouveurs c’est mieux’’), auraient-ils fermé boutique ou pire encore, quitté le gréement en bois de l’underground pour le vaisseau amiral mainstream (produisant Kendji Girafe ou Amir Couleur) ?
  • Les associations, producteurs et tourneurs se seraient-ils offert un trip intergalactique dans la soucoupe volante d’Elon Musk pour un congé sabbatique prolongé en impesanteur à bord de l’ISS ?
  • Ou bien serait-ce l’œuvre du cathodique Messmer qui, pris d’un soudain abus de pouvoir, aurait hypnotisé avec excessivité le monde entier ?
  • Serait-ce plutôt le fait du mythique bug informatique de l’an 2000 qui aurait figé à retardement l’activité des webzines musicaux ?

Terrible méprise collective !

Quand on pense que ces quatre mecs sont à peine connus au-delà de leur cage d’escalier et de la concierge de leur immeuble, ex-punk reconvertie dans la non-violence et les tâches ménagères, au service du syndic local !

Mais on se dit que les choses sont bien faites en général, rentrant toujours dans l’ordre tôt ou tard. Pour preuves : après la guerre l’Armistice, après le tee-shirt de Poutou les costumes de luxe du sarthois débordant de probité, après la pluie le beau temps. Bref, vous avez compris.

C’est entendu, on a coutume de tout mettre entre parenthèses à l’approche des élections nationales. Mais au lieu de lire des programmes coûteux, que l’on qualifiera ici de branlette intersidérale (oui je sais, je m’emporte), et qui ne seront de toute façon pas appliqués, prenez 8’27’’ dans votre vie pour écouter ‘’Shiny Laughter’’ et ‘’Fall For You’’.

Le temps d’une promesse de plaisir pérenne, un oasis de sincérité où vous viendrez vous abreuver à chaque fois que votre cœur et votre esprit se dessécheront, un instant so shiny.

De grâce, faites-le avant que Messmer n’estourbisse le monde entier, profitant au passage de sa toute-puissance pour smacker (le gredin) Gisèle Bundchen et Scarlett Johansson ; avant que Donald Trump et Kim Jong-Il ne nous engagent dans un very bad trip atomique. Il en est encore temps.

Pour paraphraser les Arctic Monkeys, j’ai envie de vous dire ceci les gars de Morning Robots :

‘’(I’ll support you)

Until the stars fall from the sky

Until the rivers all run dry

Until I die

I’m gonna stay right here by your side,

 

(I’ll support you)

Until the sun no longer shines

Until the poet run out of rhyme,

In other words, until the end of time,

Until eternity’’

 

Alechinsky.

© Crédit photo : LaureneZ-Photographie.

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