Il m’a fallu du temps pour finir les 550 pages écrites par Romain Lucazeau, tant son livre « Latium 1 » est dense. On est ici plutôt dans la pierre noire et lourde de météorite que dans le caillou léger issu d’un volcan de bonne humeur.

Un corps céleste à masse imposante.

Amateur de SF depuis longtemps, j’avais (paresse ? procrastination ? distraction ?) peu exploré cette voie mythique de la littérature depuis quelques années. Heureux ce jour d’avoir trouvé un bouquin de référence qui explose les pistes trop connues.

Latium 1 est carrément, je ne retiens pas mes jet packs, un énorme pavé dans la mare des idées et concepts du genre.

A la fois space-opéra, saga fondamentale, monument d’anticipation, ce roman fort m’a fatigué, passionné, dérangé et troublé.

On y découvre que l’Homme a disparu mangé par un virus (tiens, tiens), mais que les I.A. ont perduré et pris des dimensions à couper le souffle. Dans ce contexte dystopique exalté et robotisé, des variations prodigieuses surviennent. Je ne vous donne pas les détails, mais c’est foisonnant.

Nefs et vaisseaux aux tailles démesurées engendrent des déclinaisons multi-dimensionnelles de créatures numériques mais fort ambitieuses, colériques et symbiotiques qui, à leur tour engendrent des mondes complexes.

Des pages entières vous feront vous promener dans des endroits-concepts épuisants à décrire, suivre des batailles apocalyptiques et acharnées mais aussi apprendre à aimer une peuplade d’hommes-chiens qui parlent comme Démosthène ou un général spartiate.

Car l’un des attraits de ce livre est qu’il combine l’hyper technologie et l’anticipation forcenée ET un vocabulaire, des allusions, une musique, des systèmes de pensée et d’organisation sociale de l’Antiquité (oui oui avec moult mots grecs et latins, quel bonheur) à chaque coin de page.

Roman très copieux par son intensité et sa texture, il se lit doucement et donne des vertiges quand on le pose avant de s’endormir et sombrer dans des rêves étranges.  

« Il faut suivre », certes mais agiter ses neurones, n’est-ce pas le but de la Culture ?

Ouvrage récompensé à juste titre (Prix : de l’Imaginaire – Grand Prix – Roman Francophone- 2017)

Un coup de cœur qui fait mal et qui fait du bien.

(A lire et à offrir à tout ami qui pensait avoir tout lu en SF).

Jérôme « augmenté » V.

 

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