Sphyxion

La musique pour accompagner l’arrivée des premiers hommes sur une planète bien plus éloignée que notre pauvre système solaire- ô combien mortel- est déjà prête. On aurait embarqué, sous la contrainte, vers un ailleurs car notre Terre brûlait peut-être déjà de feux atomiques ou d’incendies furieux devenus incontrôlables ?

L’album éponyme du groupe Sphyxion est la B.O. parfaite pour ces temps futurs. Regardez sans indulgence notre présent étouffant, ces temps seront au mieux inquiétants, au pire : abominables.

Onze plages instrumentales et synthétiques, évocatrices et prophétiques. Ici, partout : des nappes glacées lancées par des machines froides à claviers marmoréens et des rythmes simples mais entêtants, un afflux de boucles qui se répètent pour finir par se noyer dans un écho cotonneux. On entend des vibrations, des grincements, des montées et des descentes d’insectes fous composés de 0 et de 1. Ils se cognent contre la vitre du vaisseau, embarqués par erreur à l’état de vers dans des fruits et ayant éclos pendant le voyage ?

Et si tous les passagers étaient morts pendant la traversée, demeurant à tout jamais coincés dans leur hyper-sommeil ?

Glorieuse et solitaire, résonnerait la musique de Sphyxion, alors que les rétrofusées rugiraient pour permettre à la fusée de se poser en douceur sur un sol inconnu. Dernier acte d’une traversée sans espoir.

Personne n’en sortirait, les mouches finiraient par se lasser de cogner aux hublots et l’oraison funèbre n’en serait que plus belle.

La fusée, droite, seule et immaculée deviendrait un mausolée et quand le dernier titre se terminerait, seul le silence et la poussière draperaient doucement ce tombeau effilé mais dérisoire.

Jérôme « 3001, a space odyssey » V.

Sphyxion, Label Anywave Records

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