Photo du groupe Shoefiti, by Jessica Coppola
Commençons par définir cet acronyme.
« La FOMO (acronyme de l’expression anglaise « fear of missing out ») désigne la peur de manquer quelque chose de bénéfique ou de divertissant. Elle est souvent associée à la pression sociale et à la crainte de ne pas être au courant des dernières tendances ou événements. Pour un journaliste, la FOMO peut être un facteur important à prendre en compte dans le choix des sujets à couvrir. Si la FOMO est un phénomène largement répandu, il peut être intéressant de s’en servir pour capter l’attention de son audience, en proposant des sujets qui répondent à cette crainte de manquer quelque chose d’important ou de divertissant. En même temps, il est important de rester critique et de ne pas céder à la pression de la FOMO en couvrant des sujets qui ne sont pas pertinents ou qui ne correspondent pas à l’éthique professionnelle du journalisme… »
Deux éclairages pour les questionnements d’un chroniqueur musical, même amateur, sur cette peur (qui n’est pas mortelle, rassurons-nous).
En clair, quand vous recevez 100 mails par jour et en supprimez 98, vous vous demandez toujours si vous ratez le premier EP d’un futur Jimi Hendrix, le SoundCloud de Stranglers débutants ou les balbutiements des Depeche Mode 2023-2063 dont le copain qui s’est vu bombarder le titre d’attaché de presse a trouvé votre email via un copain qui l’avait par hasard !
Ensuite, vous voulez éviter de parler à votre tour, comme les neuf dixièmes de la presse (print, web, TV, radio) du gros et gras blockbuster qui, lui, bénéficie d’un plan marketing digne du lancement de Coca-collé zéro sucre, avec les affiches dans le métro en bonus. Sans vouloir être trop méchant, ni élitiste en diable, si je lis un article dans Femme Plus et Maris Patch, je n’ai pas envie de relayer, mais en revanche si Tsugi, Rock And Folk, Gonzaï, Radio Nova, mes amis dans le coup et en plus le fan club de Joy Division s’émerveillent tous d’une découverte extra et que je ne suis pas au courant, c’est la lose !
La FOMO du chroniqueur se partage entre ne pas rater le groupe qui aura du succès (mais pas trop, hein, un passage en supermarché, en ascenseur, chez Drucker ou TF1 et c’est la sortie de route de « street cred ») ET l’accoutumance à l’adrénaline de la découverte qui fera l’unanimité du milieu initié ( disons … de Michka Assayas à la programmation de Rock En seine en passant par la playlist de JD Beauvallet, et ce dont je pourrais parler avec un britannique entre deux âges mais cultivé et très informé dans un voyage en business class entre Paris et Chicago…)
La joie suprême, la récompense du chroniqueur résilient et un poil chanceux est de pouvoir dire à son entourage : «Les Flying Winches ? Mais bien sûr, j’en avais parlé en 2008 ? Et je savais… pour leur album de remixes par Rone avec Dave Gahan et le chanteur de Clutch en voice feat. ».
Ah, ben Songazine vous avez du nez et du goût !
(fierté)
Sur ce, avant de faire le kéké et le faux modeste, voyons ce que j’ai retenu depuis une dizaine de jours, la pêche fut-elle bonne ? Vous allez voir, je vous livre les coulisses du journalisme musical amateur mais consciencieux !
La Bretagne, ça vous gagne en 2023.
Annonce de 2 albums made in Ouest de la France. Deux groupes rock que l’on connaît et pressent comme toujours pertinents, donc, on en dit du bien (et c’est sincère) ;
THE RED GOES BLACK seront de retour cette année, avec un nouvel opus et on écutera cela, les doigts dans le Douarnenez ! In The Chest, single le 13 janvier…
CANCRE : (je cite) Dans la lignée d’un Bashung moderne, le trio morlaisien articule avec audace la subtilité de la chanson française avec la puissance de la culture rock. Après deux EPs et à l’aube d’un 1er album à paraître- le 20 janvier- le groupe lève le voile sur « Mon Accoutumance », une balade idyllique naviguant entre rock brut et nostalgie tumultueuse.
A suivre avec plus de texte, mais, voyez, je pourrai dire « ouais, tu vois, en France on a quelques bons groupes quand même… »
Dirk, une belle accroche dans l’annonce
Puisque je vous parle de FOMO, lisez plutôt.
Quand on lit un titre de mail qui dit : « NOUVEAU SINGLE | DIRK. – No | le meilleur des Pixies et de Weezer en un coup ! », vous êtes obligé d’écouter, non ? Vous imaginez quelqu’un ressortir un post où vous écriviez avec certitude en 1986, «Ces Pixies, mais quel nom ridicule, n’ont pas d’avenir et leur son peu harmonieux se perdra dans la cacophonie de leurs guitares acides et ce chant qui grince ». LOL moins moins moins.
On lit ensuite : « Le single traite la masculinité toxique et des alpha males cupides pour lesquels chanteur Jelle Denturck et son groupe ont un message concis mais clair en réserve : « No !« .
A l’écoute, il est vrai que c’est bien énergique et un peu acide, donc, on prend le temps de le signaler. Bon point pour Dirk, c’est pas NO c’est YES. On écoute sur Youtube et c’est good. En 2033 seront-ils encore là ? THAT is the question.
NB : Pour vous faire sourire, sachez que Youtube enchaîne directement sur « Careless Whisper » – GEORGE MICHAEL.
WTF ??
Une autre accroche qui fait mouche
Bim, je lis ensuite : « Shoefiti : ce groupe de rock qui va marquer 2023 ! »
Et comme ceci est envoyé par quelqu’un de crédible, je fonce aussi.
Bonne musique rock indie, la sauce prend très bien.
Auront-ils les faveurs de la Gloire ? Je ne sais pas, mais on pourra écrire qu’on les a cités de façon laudative un 9 janvier 2023.
On creuse et lit Shoefiti = album « City Terror » (Sortie le 4 février 2023 – Label : Le Cepe Records / Flippin’ Freaks Records / Influenza Records) et qu’ils sont français et qu’ils se sont creusé la tête pour l’artwork.
J’avoue qu’il fait peur, mais ce que le dossier de presse ne mentionne pas c’est l’allusion directe à « Orange Mécanique » de Kubrick.
NB : là aussi c’est une crainte du chroniqueur : rater une allusion, une référence culturelle que « tout le monde » avait vue, bien entendu ! Ben oui, ils citent les XXX dans le refrain, t’avais pas compris ?
Et au passage, je n’oublie la grosse astuce utilisée plus haut pour Dirk par exemple, le « big name dropping ».
Le « hook » peut sonner ainsi : c’est The Cure inspiré par Nirvana avec les paroles de Johhny Cash et la curiosité intellectuelle de Bowie, les synthés de Kraftwerk et le nombres de vues sur Youtube de Norman avant qu’il ne soit jugé pour … (mais ceci est une autre histoire).
Il suffira d’un mot ?
Au hasard des 1001 propositions que je reçois ; avouez que c’est tentant !
FUCKED UP – One Day
27/01/2023 – (Merge Records / Modulor)
Clip : « One Day » // En écoute : « Found »
Avec One Day, Fucked Up livre l’un de ses albums les plus énergique et complexe de sa carrière, un disque au son massif. Les légendes canadiennes du hardcore sont connues pour leur envergure épique. Ce sixième album studio du groupe est le plus court à ce jour, écrit et enregistré en une journée (d’où le titre). Mais il ne faut pas confondre longueur et substance : le son du groupe ne fait que gagner en ampleur et en force, avec des mélodies toujours plus denses.
Gloire passée, gloire à (re)venir ?
Si on vous dit « Peter Gabriel est de retour », vu qu’on l’a aimé et que c’est un grand monsieur, on doit aussi écouter !
Un single Panopticom, extrait d’un album à venir « i/o », qui semble hmmm, pas mal, pas le grand amour immédiat, c’est malgré tout bon… mais l’envie de réécouter les titres formidables de l’artiste est déclenchée, alors c’est déjà fort sympathique.
Youtube, petit vicelard, propose juste après : Genesis live, Paris Bataclan 1973 long version, 16mm master in 4k.
La voix était plus rauque, épicée, chaleureuse, le maquillage ambiance zarbi et les cheveux longs, ha ha ha… tempus fugit.
Évidemment, on se fera une idée plus complète avec l’album ET on met la croix dans la case « je n’ai pas manqué de parler de cette news, hi hi ».
Ce sera tout, chers amis, car l’une des leçons du journalisme web est que trop long, un article est rarement lu et celui-ci pourrait maigrir de 30% facilement.
Mais, j’étais parti et mon AZERTY ne bronche pas.
Bises et hugs
Jérôme « stll standing » V.