Le 17 Novembre dernier, le Flow nous a accueilli quelques heures avant le concert d’Aufgang pour nous permettre de leur poser quelques questions :

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En faisant quelques recherches, j’ai vu que vous aviez à l’origine un 3è membre qui vous a quitté en 2014. J’aurais voulu savoir si cette séparation a affecté votre procédé de création, de production artistique, musical?

Aymeric Westrich :          Pour le procédé, ça fait longtemps qu’on (lui et Rami Khalifé) travaille ensemble donc on à l’habitude de créer ensemble, après, l’impact à surtout été un impact humain, sur le groupe en tant que tel. Musicalement on continue, ça fait longtemps qu’on travaille Rami et moi. Même sur l’album précédent, même si on était trois on avait fait le plus gros du travail ensemble, on avait déjà l’habitude de travailler ensemble, on avait déjà fait d’autres projets à côté d’Aufgang également.

Ah, au départ Aufgang, ce n’était que vous deux ?

A: Non non, c’était vraiment un projet à trois. On a du changer au fur et à mesure parce qu’il (Francesco Tristano) était de moins en moins disponible, et puis il y avait des différences de point de vue aussi.

Concernant le nom, Aufgang, je n’ai pas réussi à trouver la signification concrète, vous pourriez m’en dire plus ?

Rami Khalifé : Aufgang cela veut dire une ascension, le fait de monter

A: Oui, ça s’applique aussi au lever de soleil, ou dans les directions quand on cherche dans un Hôtel, aufgang nous mène à la mezzanine, c’est un mouvement. Tout ce qui est en -gang implique un mouvement, ausgang c’est le mouvement de sortir.

 D’accord, donc si vous deviez décrire votre groupe à travers le nom ?

R: C’est ça, cette notion de progression qui nous intéresse.

A: On aimerait bien monter l’Everest (rires)

 Je trouve cette notion de progression intéressante, j’ai écouté ce que vous faisiez avant et j’ai pu le comparer avec ce que vous avez fait pour cet album et on sent évidemment une différence, une progression, est-ce que, dans le processus créatif vous pensez à ce changement ou c’est quelque chose qui se fait tout seul?

A: C’est des envies, on a des fondamentaux qui constituent notre ADN musical, notre type de composition, notre écriture vont être notre ADN. Quelque soit le type de musique qu’on fait on le fera de la meilleure manière, mais on est des chercheurs, des laborantins, on aime énormément expérimenter et cet album est une super expérience pour nous parce qu’on s’est fait notre album de poche avec des morceaux beaucoup plus courts. Jusque là on  faisait des morceaux de dix minutes, la c’était expérimental. À chaque fois qu’on fait un album on se fixe un cahier des charges, dans le précédent c’était de ramener le côté live brut sur un album, celui-là c’est de faire des choses beaucoup plus courtes et de mettre du chant.

R: Oui on cherchait vraiment à avoir une production album, de se démarquer du live, d’avoir un album concret et que l’expérience live soit différente.

Donc vous faites une distinction entre l’expérience live et l’expérience album ?

Oui, exactement.

aufgang-turbulences

 Vous y apportez des choses en plus ou des choses différentes ?

R: Juste des choses différentes, il n’y a pas en plus ou en moins, ce sont deux types d’expériences différentes. On essaye que ce soit digeste pour tout le monde, que ce soit le plus accessible tout en restant pointu, que cela puisse s’écouter partout à volume fort ou faible et que le live soit une expérience quasi physique qui prenne au tripes.

D’accord, et donc ces morceaux que vous proposez en live…?

R: C’est des structures plus grandes, plus débridées, plus complexes, où il y a plus d’impro, on se lâche plus, on s’éclate plus.

A: Oui, en live on lâche les choses, on déroule ce qu’on ressent, c’est un instant.

Vous diriez qu’il y a une majorité d’improvisation en live ?

R: Il y a beaucoup d’impro, mais aussi beaucoup de choses définies. C’est un mix des deux.

On s’octroie des plages d’improvisation, tout n’est pas improvisé, ce ne sera pas n’importe quoi. On sait qu’on va développer le morceau, et à un moment on pourra faire de l’impro et après revenir au morceau.

C’est très intéressant comme fonctionnement, comme harmonie. J’aime beaucoup la musique électro en général, et je me suis toujours demandé, comment est-ce qu’on arrive à se dire qu’on tient un morceau, est-ce que c’est en composant qu’on se rend compte qu’on a quelque chose ? vous par exemple, comment vous savez quand vous avez un morceau que vous pouvez développer ou utiliser ?

A: Je pense que la musique, le savoir de la musique en général, c’est un moyen. Que l’on aime quelque chose est de l’ordre du goût, donc je pense que quand on a un morceau c’est qu’on aime ce qu’on produit. C’est tout un processus mais je pense que c’est vraiment question de goût. On aime ce qu’on fait donc on en fait un morceau. Il y a plein de morceaux qu’on a fait qu’on aime beaucoup, qu’on a pas pu mettre sur l’album pour des questions d’équilibre, de cohérence, on est obligé de faire des choix. Même dans le processus de création on a eu des phases ou on faisait des impros et on isolait des bribes et on en faisait des morceaux.

 

En écoutant l’album j’ai écouté beaucoup de chant arabe, il y a une influence particulière de l’orient ou c’est une volonté artistique, esthétique ?

R: C’est plus qu’une influence, 50% d’Aufgang est du Moyen Orient, je suis du Liban, donc l’arabe n’est pas pour faire beau, c’est l’ADN aussi du groupe. On n’avait pas dévoilé cette influence là auparavant mais c’était toujours sous-jacent et on a voulu le mettre au grand jour.

C’est en lien avec cette idée de progression dont vous me parliez tout à l’heure ou c’est quelque chose qui s’est fait naturellement parce que c’était le bon moment ?

R: Ça s’est fait assez naturellement, c’était l’envie du moment, ça s’explique pas vraiment.

Dans cette idée d’influence et d’ADN, quelles sont les influences qui nourrissent et renforcent Aufgang ?

On est inspiré par des courants plus que des noms. On aime un peu tout dans la musique, on écoute des choses très variées, très différentes.

C’est aussi la richesse de la musique électro, pouvoir se nourrir de son éclectisme.

Oui c’est ça, on a une éducation du sample,[échantillonage] on aime bien créer nos propres samples mais aussi sampler. Je pense que ça a permis un échange de culture et c’est ce qu’on cherche à faire, on l’utilise dans cet optique là.

R: À part que la plupart des choses qui sonnent samplées dans nos morceaux sont des choses que l’on a créé, pas que l’on a pris.

Quelles sont vos ambitions, vos projets pour la suite ?

Notre ambition c’est de décoller avec Aufgang et de vivre pleinement avec ça. On veut pouvoir voyager plus, faire plus de choses, de collaborations.

De collaborations avec… ?

Pas forcément dans le milieu de la musique, on a collaboré avec des danseurs, avec Vivienne Westwood à la Fashion Week de Paris. On veut des collaborations comme ça, avec des peintres, des sculptures, des danseurs.

 C’est super ! Pour finir, est-ce que vous voulez dire quelque chose aux personnes qui liront ceci ?

Oui, il faut absolument venir nous voir en Live, et venir nous voir après les concerts, c’est super important !

(Rires) C’est noté ! Je pense qu’ils seront heureux de le savoir ! Encore merci du temps que vous m’avez accordé et bon concert !

Merci à toi

 

Interview réalisée par AXEL VIERSAC

 

 

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