De la fenêtre, Lolita regarde le train
Il passe avec son air grave et son chagrin
Elle devrait être en train d’étudier son latin
Mais elle pense à ceux qui vont pointer chez fout rien

De la fenêtre, Lolita regarde m’sieur Martin
Il passe et claudique avec son mal de rein
Elle devrait être en train d’étudier son latin
Mais elle pense à tous ceux pour qui c’est la fin

Se retournant, elle regarde son père en lui demandant
« C’est quand qu’on va où? »
Il comprend alors que Lolita n’est plus une enfant,
Qu’elle dit « halte à tout »

De son lit, Lolita attend le matin
Il lui promet le bel infini souverain
Morphée aurait du la bercer jusqu’au lendemain
Mais elle résiste, insoumise, ce n’est pas un pantin

De son lit, Lolita attend un câlin
Une carresse, un coeur à crever son trop plein
Mais il n’y a que le spleen baudelairien
Qui repeint sa chambre et son paysage urbain

Se réveillant, elle regarde son père en lui demandant
« C’est quand qu’on va où? »
Il comprend alors que Lolita n’est plus une enfant,
Qu’elle dit « halte à tout »

De sa place, Lolita regarde ses voisins
Ils sont différents: calmes, vifs, sérieux et sanguins
Intelligents: lunaires, communicants et malins.
C’est une lectrice consciente et bonne en dessin

De sa place, Lolita regarde plein de dédain
L’autorité d’un système qui ne va pas bien
Né de langue de bois, de vide-vil tintouin
Qui s’essouffle, qui souffre, qui tire à sa fin.

En rentrant, elle regarde son père en lui demandant
« C’est quand qu’on va où? »
Il comprend alors que Lolita n’est plus une enfant,
Qu’elle dit « halte à tout »

Il ferme les yeux, regarde en dedans et ouvre la bouche en déclarant:
« L’essentiel à nous apprendre
C’est l’amour des livres qui fait
Que tu peux voyager de ta chambre
Autour de l’humanité
C’est l’amour de ton prochain
Même si c’est un beau salaud
La haine ça n’apporte rien
Pis elle viendra bien assez tôt »
Augustin.

 

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