Le label légendaire Mute Records me fait l’honneur de m’envoyer le nouvel album de Cabaret Voltaire, Shadow Of Fear (Mute Records)

Depuis 1974, avec un pic dans les 80’s, Cabaret Voltaire nous expédie dans les tympans et le cerveau des millions de sons bizarres. Musique dite « industrielle », froide et raide mais qui possède une âme et c’est pour cela que je l’aime. Une âme tordue, déchirée, incertaine et magnifique. Ces chansons/ morceaux sont des assemblages de samples, de grincements, de bleeps et de bzoings.

Alors me direz-vous ? Pourquoi aimes-tu cela ?

L’émotion ici passe par des chemins subtils. La répétition. Le choix de sonorités aux accents dramatiques. Des accords mineurs. La pertinence de l’ambiance dépeinte.

A contrario de la musiquette de hit-parades au sourire niais, qui est faite pour la consommation rapide, la danse (pas de souci à ce sujet, il faut bien se reproduire, hey), ou simplement alimenter des ratios Excel comme des objectifs de chiffre d’affaires, la sombre production de Cabaret Voltaire touche un public restreint mais profondément passionné. Point de « c’était mieux avant » ici. La daube de 1974 vaut celle de 1981 qui égale celle de 2020 (un plus autotunée, celle de 2020 !).

Cabaret Voltaire c’est aussi un « son » que l’on reconnaît aisèment, un monde aux tons foncés et à la lumière rare où l’on retourne en un consentement mutuel ironique. Comme toute la discographie du groupe, Shadow Of Fear ne vous servira point de fast food auditif, du couplet-refrain décérébré, mais bien plutôt du courant électrique blanc et froid, qui vous fait sursauter en serrant les dents.

Vous courez dans une usine désaffectée, poursuivi par un drone et des aliens mécaniques vous mordent les chevilles. Quand vous enlevez votre casque de réalité virtuelle, vous soupirez. Ce n’était qu’une illusion créée par des artistes ?

Dehors les gens inquiets et en colère portent des masques et des coups de tasers sont réservés à ceux qui veulent acheter des livres. La glace fond, de nouveaux virus se préparent à tout contaminer. Vous avez déjà la bande-son de votre vie à venir. Merci Cabaret Voltaire.

Jérôme « WTF is goin’ on ? »

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