Est-ce que vous aussi, vous corrélez vos envies musicales à la météo du moment ? Est-ce que l’état du ciel et la température vous donnent envie d’ajuster le traitement que vous réservez à vos esgourdes ? Quand les frimas règnent en maître, on se dirige plus volontiers vers des trucs qui confinent à l’hypothermie. Du folk glacial, du black metal issus des fjords norvégiens…
La contraposée est tout aussi vraie : quand le mercure défie la gravité, quand l’astre du jour vous rappelle à son existence dès six heures du matin, que vous vous demandez si vous avez de la fièvre mais qu’en fait non, c’est juste le temps qu’il fait, on a bien plus d’appétit pour des groupes qui sentent la mélanine et les embruns de bord de mer. Stoner, pop punk, pop 60s… name your poison.
Et en ce 4 juin étouffant, quoi de plus approprié que la jangle pop shoegazante d’Alvvays ? La musique est un véritable zéphyr satiné, un sirocco apaisant. Les guitares évoquent toute une imagerie granuleuse et sépia, comme autant de souvenirs issus d’un album photo d’un été lointain et insouciant. Visualisez donc le clip d’ « Adult Diversion », vous comprendez rapidement.
C’est donc dans un Trabendo bondé et brûlant qu’Alvvays prend place sur scène et attaque directement avec un petit « Pharmacist ». Le public se soulève un morceau plus tard, à l’entame d’ « After the Earthquake ».
Hé oui, nouvel album oblige (le sympathique « Blue Rev » sorti à l’automne 2022), la setlist fait la part belle aux compositions les plus récentes. Nous aurons en fait droit à l’intégralité de leur dernière livraison studio, très apprécié par les fans. Les deux albums précédents seront bien représentés, avec « Adult Diversion » (justement) pour le cru 2014 ou le merveilleux « In Undertow » de la cuvée 2017, curieusement placé en début de set.
Le groupe est en place, les morceaux défilent. Molly Rankin n’est pas très causante mais elle est très en voix, et tout sourire. Après un rappel qui est l’occasion de jouer un petit « Next of Kin » bienvenu, voilà que les lumières se rallument déjà.
Merci Alvvays, et bonne route.
Matthieu Vaillant