Teenage Menopause Records

Dans un café, près du disquaire Born Bad, Bastille, Paris…

JC Satan, Heimat, Jessica 93, I.D.A.L.G, Essaie Pas…. Ces noms viennent du label indépendant, Teenage Menopause. La fusion musicale entre deux gars amoureux de la musique. Rencontre avec François, l’un des fondateurs.

 « Notre amitié est née aussi bien sur l’éclectisme musical que sur notre boulimie de curiosité, » débute François sur son histoire avec Elzo Durt, le graphiste belge, l’autre tête pensante de Teenage Menopause. Leur rencontre s’est construite sur le comptoir de l’ancienne boutique de Born Bad. « On s’est rencontré dans ce lieu. Elzo ne connaissait pas Paris et il a déboulé avec ces sérigraphies.

Heimat

Heimat

On a discuté puis nous sommes allés boire un verre dans un bar à côté, » se remémore-t-il. Ainsi, « aujourd’hui, j’ai son nom tatoué sur ma jambe et lui a mon visage dessiné sur sa cuisse. »

Le label a éclos presque sur un coup de tête. Il se souvient : « On apercevait dans notre entourage, beaucoup de monde sortir des disques. Par exemple JB de Born Bad où Elzo faisait les pochettes pour lui ». Il se rappelle d’une époque où il était une sorte de roadie qui conduisait les vans lors des tournées.

La pierre fondatrice du label

La pierre fondatrice du label

« Frustration, Cavaliers tous ces gars de Born Bad, je les connaissais bien, mais aussi Abraham de Plastic Spoons Records. » Un soir, les deux amis vont voir Catholic Spray : « On les connaissait de vue. On adorait leur cassette qu’ils avaient sortie à l’époque sur Inch Allah. Nous étions à fond durant le concert. A ce moment, on s’est dit : « Pourquoi pas nous. » Ensuite on a cherché Cyprien, on l’a supplié de signer avec nous et de sortir un 45 tours, qui s’est transformé en album. » La magie s’opère puisque à la fin, le groupe a annoncé au public la sortie du disque. « Le lendemain il a fallut le monter, » rit-il.

Teenage Menopause est « en marge de nos boulots respectifs. Notre temps libre est livré au fonctionnement de la machine. C’est vrai qu’il y a beaucoup de groupes d’amis, mais on essaye de trouver sur différents pays, comme par exemple le Canada avec I.D.A.L.G. Mais généralement, on ne se cantonne pas à la situation géographique. On produit des disques par coups de cœur. »

Faraway Land de JC Satan

Faraway Land de JC Satan

Pour eux, le label est un accomplissement. « Il est une façon de continuer cette aventure et de partager de la musique à deux. On apporte notre touche à l’édifice, même si on n’est pas musiciens ». Il en revient à l’identité de Teenage Menopause : «  Il vient de la part de ces groupes qui se reconnaissent dedans. Il découle de ce choix de sortir des albums et non des 45 tours, mais aussi de prendre de vrais artistes et non des projets. »

Born Bad Records revient souvent dans les interviews. François nous explique plus à ce sujet : «  Il est le fer de lance. Quand je voyage à l’étranger, je rencontre des personnes, Brésiliens, Japonais, qui vont te dire qu’ils connaissent la scène indé française grâce aux disques Born Bad. C’est lui qui s’est démarqué des majors. Il est ce doigt d’honneur, qui se matérialise par ce choix de produire des petits groupes. Il est un exemple pour la façon de travailler. » Il continue sur cette méthode : «  On est un accompagnement pour un groupe d’un moment de développement à un autre. Surtout au moment charnier de la professionnalisation. Ce sont des choix qui peuvent s’avérer difficile et on veut être là, tout en étant respectueux des musiciens. »

Prenons l’exemple de Jessica 93, où François nous raconte cette première entrevue : «  Je l’ai vu un soir à la Miroiterie. J’étais sur le cul. On a saigné sa cassette avec Elzo. On lui propose un disque et ensuite il enchaîne avec Rock en Seine. Maintenant, il a deux tourneurs, il vit de sa musique et joue à l’étranger. »

Songazine avait craqué pour cette pochette

Songazine avait craqué pour cette pochette

Elzo Durt illustre de nombreux albums d’artistes, comme les Kaviar Specials. Pour autant, il ne dessine pas pour les groupes du label. «  Ça serait trop facile, » commente t-il,  « On  n’a pas vraiment de charte graphique. Nous commandons, à chaque sortie, à un illustrateur pour élaborer une pochette. On a envie de partager la part belle à la musique mais aussi de mettre en avant le visuel. On veut que chaque artiste soit sa propre vision à travers une pochette d’un graphiste différent.  On organise souvent des expositions en marge de nos concerts. »

Gérer un label indépendant n’est pas de tout repos tout seul ou à plusieurs, comme François le démontre : « Tu ne vis pas de ton label. Tu es obligé de te diversifier et de travailler à côté, Je n’en connais aucun qui vit vraiment de ça, même Born Bad pour te dire. C’est de l’artisanat. » Cependant, il y a ces avantages : «  Un label c’est excitant. Plusieurs fois, tu as des moments où tu as ras le cul, puis les jours d’après tu reçois une démo qui tue. Je la partage à Elzo et c’est reparti pour un tour. » Pour nos deux compères, « vivre dans l’urgence est quelque chose de bénéfique pour nous, c’est ce qui nous aide à être vraiment productif. »

Thomas Monot

Bonus lien :

Le bandcamp de Teenage Menopause

Le site d’Elzo Durt

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