Même quand on a vu un millier de concerts au bas mot dans sa vie, il en reste toujours de  bien plus mémorables que d’autres bien calés dans un coin de votre lobe préfrontal ; des gigs qui vous ont tout simplement marqué à jamais.

Me viennent direct à l’esprit Siouxsie & The Banshees, Coil, The Cramps, Young Gods, Neubauten ou Nick Cave. Mais le groupe qui m’a à chaque fois laissé béat d’extase, c’est The Swans.

La première fois que je les ai vus, ce fut le 31 mars 1992 à l’Espace Ornano, une salle malheureusement fermée depuis belle lurette. Cela faisait 4 ou 5 ans que j’attendais ce moment et je ne fus pas déçu. La dernière fois qu’ils avaient joué à Paris, ils n’avaient eu le droit de jouer que 20mn (je ne sais plus pur quelle raison)  et ce fut l’émeute dans la salle et dans la rue, le public, il est vrai, exhorté en ce sens par Michael Gira (chanteur-guitariste) lui-même. Le bassiste Al Kizys  frappait sa basse de ses énormes poings armés de bracelets de force tandis que Jarboe, derrière son synthé, ma regardait fixement avec des yeux de sorcière absolument terrifiants.

La setlist correspondait plus ou moins au tracklisting du live officiel témoignant de cette même tournée et intitulé Omniscience. Si ce n’est que je crois me souvenir d’un « Failure » en milieu de set. Comme à chaque foi, le leader Michael Gira fit de son mieux pour que ce soit la guerre sur scène et dans la fosse. Tout le monde était sur les dents, tout le monde en prenait pour son grade, se faisait engueuler vertement par ce monstre de Gira et, comme à chaque fois, un membre du public un peu trop agité se fait incendier à la limite d’en venir aux poings.

Comme à chaque fois par la suite, le concert fut tendu comme un string entre les fesses d’un bouddha. Swans vous remue les entrailles jusqu’à chambouler votre flore intestinale et cela vous marque à jamais, jusque dans votre chair.

Yannick B.

 

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