Il est des artistes qui vous entraînent dans leur univers sans crier gare, sans bruit et sans esbroufe et qui vous font découvrir les bonheurs simples de la vie, comme siroter une boisson dans son hamac à l’ombre du soleil de Tulsa, Oklahoma, où il fut repéré pour la première fois dans les années 50.

Il aurait pu rester un simple de musicien de bar, inconnu du grand public, laissant l’impression de ne jamais en faire plus que le strict minimum, certains l’accusant même de paresse – mais est-ce un défaut – confondant celle-ci avec un goût prononcé pour la lenteur, la fluidité de son jeu, la simplicité de ses compositions, oscillant entre jazz, blues et country et inspirant les plus grands guitaristes avec une humilité à l’image d’une vie si riche mais si discrète.

Eric Clapton, avec lequel il a enregistré l’album « Road to Escondida », était un de ses plus grands fans , reprenant quelque uns de ses titres de ses débuts , dont le fameux « Cocaïne » sans parler du son clair de la guitare de Mark Knopfler de Dire Straits en pleine période punk et en inspirant tellement d’autres comme Lynyrd Skynyrd, Santana, Johny Cash, Kansas pour n’en citer que les plus connus, sans oublier, et oui, notre Francis Cabrel national.

Bien entendu, il n’a jamais succombé aux sirènes mercantiles des grands studios, composant année après année ces mélodies envoûtantes et c’est en plein été 1979 que je l’ai découvert à travers son cinquième album intitulé sobrement « 5 » que le déclic s’est fait et que le charme s’est opéré, mariant la chaleur du mois d’Août de cette année-là, avec cette voix cassée, ses rythmes hypnotiques, le son de cette guitare qui vous entraîne dans une sieste sans fin ralentissant le temps et réduisant l’espace à sa plus simple expression.

Ah les morceaux phare de cet album tel que « Sensitive kind » « Lou-Easy-Ann » ou Don’t cry sister cry» morceaux épurés de tout artifice, allant à l’essentiel, sans effort apparent, à l’image de cette gueule cassée, obtenant son meilleur classement de ventes de disque … en France, oui cette terre d’accueil pour artistes atypiques et originaux  à peine ou si mal reconnus dans leurs propres pays. Album génial remarquablement produit, et symbole de cette musique country blues, si enracinée et si intemporelle.

Réécoutez l’artiste à la palette dorée comme le soleil de l’ouest américain et aux climats arides mais apaisés en espérant que vous redécouvrirez les vertus si rares de nos jours de la lenteur et de la nonchalance, du bonheur de prendre son temps, et de laisser la vie s’écouler, fluide, comme le whisky qui coule au fonds de votre gorge en swinguant avec JJ Cale le « Troubadour » quasi anonyme jusqu’à « After midnight » tout au bout de la nuit.

Dans son dernier album – posthume – son épouse a compilé quelques bijoux dont les « Stay around », ou « Wish you were here » messages subliminaux pour nous dire que car sa présence, hors du temps et hors des modes, à travers sa musique ne nous quittera pas de sitôt.

JJ Cale ou l’artiste qui n’a jamais délaissé, sans vice ni compromis, les vertus de la lenteur.

Thierry B.

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