Layla and Other Assorted Love Songs

Qui n’a jamais siffloté le premier riff de cet immense monument rock ? Quel apprenti guitariste ne s’est pas cassé les dents sur la version acoustique, rêvant d’atteindre les sommets sur lesquels se balade celui qu’on appelle « God » ?

Je veux bien évidemment parler de Layla, la belle Layla, la protéiforme, parée tantôt de rock, de blues ou de jazz, mais toujours magnifique.

On la trouve pour la première fois sur l’album de Derek and the Dominos Layla and Other Assorted Love Songs, paru en 1970. A cette époque, Layla la plantureuse fait déjà plus de 7 minutes.

Composée par Éric Clapton (paroles et première partie) et Jim Gordon (partie finale au piano), elle est devenue l’égérie du guitariste anglais. Elle est son Bohemian Rhapsody, son Stairway to Heaven, son Hotel California.

Dans sa version originale, elle commence par un riff qu’on reconnait maintenant dès les premières secondes. Morceau de virtuosité absolue tendance blues-rock, Layla la puissante a toujours le pouvoir de faire se lever des stades entiers.

Vraisemblablement inspirée d’un conte arabe, Layla est surtout connue pour avoir permis à Clapton d’exprimer les sentiments qu’il nourrissait pour la femme de l’un de ses meilleurs amis, un autre musicien extrêmement célèbre, j’ai nommé Georges Harisson (le Beatle). La déclaration d’amour à peine voilée a fonctionné puisque quelques années plus tard Pattie Boyd, la destinataire, quitte son Beatle de mari et convole avec Clapton.

En 1992, il participe à la célèbre émission MTV Unplugged (dont l’une des plus fameuses sera celle de Nirvana) et joue en live dans les studios londoniens Bray Studios. A cette occasion, Layla revient sur le devant de la scène.

Parée d’une robe acoustique, elle devient le symbole de cet Unplugged aux côtés de « Tears in Heaven ». L’album, qui à l’origine ne devait même pas être édité, sera l’une des plus grandes réussites de Clapton avec plus 20 millions d’exemplaires vendus.

Layla la douce, l’émouvante, devient un succès planétaire.

Les amis de Clapton sont nombreux et tous plus talentueux les uns que les autres. Au cours de sa longue carrière, le guitariste a collaboré avec des grands noms du blues ou du rock : JJ Cale, BB King, Steve Winwood, Derek Trucks ou encore Pete Townshend pour ne citer qu’eux (car la liste est encore longue).

C’est au cours de l’une de ces récentes collaborations que Layla nous revient vêtue cette fois de la soie du jazz.

En 2011 sort un album live intitulé Wynton Marsalis & Eric Clapton Play the Blues: Live from Jazz at Lincoln Center. Enregistrement donc d’un concert avec un orchestre de jazz mené par le célèbre trompettiste Wynton Marsalis.

Clapton change de registre et elle apparaît, accompagnée du chant des trompettes : 41 ans et pas une ride.

Layla la sensuelle, lancinante et provocante est aussi magnifique qu’inattendue.

Trois formes, trois identités à la fois si distinctes et complémentaires qu’il est impossible de choisir à laquelle va ma préférence. Je les aimes toutes les trois également. 70, 92, 2011, Layla traverse les âges avec une classe inégalée.

En ces temps troublés d’hécatombe musicale, où chaque semaine nous apporte son lot de disparus, je ne peux souhaiter qu’une chose : que vive Clapton et que vive Layla, pour encore de très longues années.

Hédia

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