Arte a eu l’excellente initiative de diffuser Bird on a Wire de Tony Palmer (rien à voir avec Iron Man, hein !) qui témoigne de la tournée de Leonard Cohen en 1972.

A cette époque, les trois premiers albums du chanteur-compositeur folk étaient déjà parus, trois chefs-d’œuvres absolus indispensables à toute discothèque qui se respecte un minimum. Alors quel meilleur moment que de le découvrir cette année-là sur scène en train d’essayer de forcer le seuil et l’inhospitalité de ses propres chansons chaque soir ?! Bird On The Wire permet donc de l’admirer en pleine communion (et quelques impressionnantes improvisations !!) avec son groupe et son public interprétant parmi ses meilleurs titres, de « Suzanne » à « Avalanche », en passant par « Sisters Of Mercy », « Story Of Isaac », « So Long Marianne », « That’s No Way To Say Goodbye », « Who by Fire » ou « The Partisan ». Le son est parfait, mais on regrettera sans doute le côté statique des images du fait d’une caméra unique filmant ces extraits de concert, seul bémol du film de Tony Palmer.

bird on a wire lyrics

Hormis ces extraits live, on a également le privilège de découvrir ce chansonnier désenchanté des synagogues Montréalaises en avion, en coulisses, sous la douche, se confessant, devisant sur l’immoralité et l’individualisme crasse de notre société ( « Honnêtement, je pense que personne ne veut qu’on règle nos problèmes sociaux ») ou déclamant des poèmes dans des chambres d’hôtel un clope à la main.

Bref, tout plein d’images volées dans les divers pays traversés durant cette tournée d’amour et de haine avant de terminer son périple à Jérusalem, la Cité de la Paix (je ne vais quand même pas tout spoiler, mais la fin du doc est juste magique et mérite à elle seule la vision du film !!). Outre cette fin majestueuse et l’indicible plaisir de voir et entendre chanter le Canadien de sa voix grave et profonde ses chansons délicieusement désespérées, on retiendra surtout deux scènes incroyables en backstage avec des groupies l’entreprenant et le regardant avec des yeux qui hurlent « où tu veux quand tu veux, mais plutôt tout de suite maintenant, Leo !!! ».

Étonnamment, Cohen reprenant ses esprits après quelques secondes d’égarement et de désir informe (« c’est très compliqué de draguer devant une caméra », dit-il à la première) les chasse gentiment estimant notamment que l’affaire serait trop compliquée.

Enfin, je ne peux m’empêcher d’évoquer une autre scène surréaliste montrant L.Cohen rembourser de sa poche des spectateurs mécontents du fait d’un concert gâché par la sono défectueuse ! De bien belles archives rappelant à ceux qui en douteraient encore de l’élégance artistique, physique et morale de Leonard Cohen, ici élevée à son paroxysme !

Yannick Blay

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