‘’La douceur angevine’’ est une belle et vénérable expression, créée par Joachim du Bellay, poète punk patenté du XVIe siècle, pour magnifier sa terre natale. Ou un fumeux concept marketing ourdi par l’office du tourisme de l’époque ?
Une expression en tout cas bien ancrée dans l’identité culturelle de l’Anjou, qui caractérise la douceur de vivre, voire une certaine torpeur.
Pas sûr que le duo rock alternatif angevin de ‘’The Mirrors’’, composé de Sarah Nadifi (Chant, Guitare) et Corentin Bossard (Batterie), partage la quiétude du Sieur du Bellay !
Il est même à redouter, à l’écoute du dernier EP 5 titres du groupe, ‘’What’s My Brain’s Brain’’ (à paraître le 14 avril), que l’expression n’ait vécu et ne doive être renvoyée tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieuses.
A bas la torpeur, debout là d’dans !
Parce que ‘’The Mirrors’’, on vous le dit tout de go, c’est du brutal, de la mise à l’envers plus que de la mise en vers de tonton Joachim !
Un duo guitare/batterie en négatif des White Stripes, Sarah/Jack White et Corentin/Meg White, dont on sent immédiatement qu’il puise sa force et son énergie dans une dualité solide. Comme d’autres duos célèbres, des Black Keys (Dan Auerbach/Patrick Cartney) à The Kills (Alison Mosshart/Jamie Hince), en passant par les groupes de Brighton, Royal Blood (Mike Kerr/Ben Thatcher) et Blue Red Shoes (Laura-Mary Carter/Steven Ansell).
Du rock lourd, massif, à la formule directe et imparable qui fait mouche : riffs de guitare saturés, batterie furieuse et voix puissante entre plainte et feulement.
Un ‘’rock animal’’ qui prend toute son ampleur sur scène. Car c’est bien là que le duo développe littéralement quelque chose de l’ordre du physique et de l’instinctif, comme le feraient deux boxeurs sur un ring. ‘’The Mirrors’’ sur scène, c’est ‘’Rumble in the Jungle’’ : le côté sauvage et la puissance brute à l’image d’un Foreman violent, massif et destructeur ; des mélodies soignées comparables à la fluidité et aux jabs déliés et précis du génial Muhammad Ali.
L’alternance du noir et de la lumière.
Le rock de ‘’The Mirrors’’ vole comme le papillon et pique comme l’abeille. Ça sue, ça envoie des directs au foie et à l’abdomen, ça uppercut sans jamais de coups bas. C’est intense et bourré de férocité. C’est une gabarre qui dérive sur les flots agités de la Maine.
Enregistré aux Studios Tostaky, accolés au Chabada (SMAc d’Angers), ‘’What’s My Brain’s Brain’’ est le troisième EP du groupe, après ‘’Gold and victories’’ (2014), le single ‘’Party Skeleton’’ (2015) et ‘’Best Thunderstorms’’ (2016), tous autoproduits.
Sur le premier titre, ‘’White Land Wolves’’, on se délecte de la voix de Sarah, toute en suavité, directement sortie d’une B.O. d’un film de David Lynch, au milieu de guitares saturées à souhait et de martèlement de fûts.
Le single ‘’Naive Ground’’ arrive ensuite, plus enlevé, avec un riff de guitare répétitif et addictif, une voix plus en fusion.
Sur l’éponyme ‘’What’s My Brain’s Brain’’, guitare et percussions sont à l’unisson et ne vous lâcheront plus jusqu’à la fin. Vous en sortirez ballottés, sonnés et exsangues.
‘’Secrets Seeker’’ est indéniablement le chef-d’œuvre de l’EP qui concentre à lui seul l’essence même de ce qu’est ‘’The Mirrors’’. Un titre paroxystique, tout en dénivelé, où le duo s’auto-alimente pour redoubler d’intensité et de force. La voix de Sarah est tour à tour tapie, grave, dans l’attente puis s’envole en clamant ‘’Never walk away from fever’’… Tout est dit. Cinq minutes de votre vie dont vous vous souviendrez longtemps. Magnifique.
‘’Blood’’ clôt l’opus, fédérateur en diable, dans une complainte en totale maîtrise.
Il n’aura échappé à personne que ‘’Angers’’ signifie ‘’Colères’’ en anglais.
On sait pourquoi maintenant.
Alechinsky.
Le groupe sera en tournée européenne en avril et mai 2017 :
20/4 Bourges (Bar St Bonnet) – 21/4 Caen (Le Bocal) – 22/4 Cherbourg (Le Kraken) – 27/4 Mannheim, Allemagne (Kurzbar) – 28/4 Bruxelles, Belgique (Rock Classic) – 29/4 Nancy (915 Kaffe) – 2/5 Paris (Supersonic) – 3/5 Londres, UK (The Shacklewell Arms) – 5/5 Brighton, UK (The Prince Albert) – 6/5 Londres, UK (Hanwell Hootie Festival) – 11/5 Tours (Puzzle Pub) – 12/5 Tarbes (Celtic Pub) – 13/5 Niort (L’Alternateur) – 25/5 Nice (Le Volume) – 26/5 Lyon (La Marquise) – 27/5 Aix-en-Provence (Les Arcades)
© Crédit Photo : Laurent Franzi