1994 aura été une ‘’Annus Horribilis’’ sur le plan musical et ce, pour trois raisons : la naissance le 1er mars de l’Ontarien Justin Drew Bieber, la mort le 5 avril de Kurt Cobain et le dernier concert donné à Toronto le 21 mai 1994 par les cockneys londoniens de SLOWDIVE, l’un des groupes les plus marquants du courant dit ‘’shoegazing’’ au début des 90’s.
Que le glabre post-ado continue de nos jours à amasser les American Music Grammy Bullshit Awards en bêlant à qui mieux mieux devant un parterre de groupies écervelées, l’habitant de Sablé-sur-Sarthe mélomane s’en cague littéralement.
Mais quand on lui annonce soudainement le retour de SLOWDIVE , avec le single ‘’Star Roving’’, quelques 8000 jours après la parution de leur dernier album ‘’Pygmalion’’, soit 22 années tout de même (!), le rocker sablésien s’émoustille tout de go.
Flashback. 1990.
Les membres de SLOWDIVE, Neil Halstead (chant, guitare), Rachel Goswell (chant, guitare), Nick Chaplin (bassiste) , Christian Savill (guitare) et Simon Scott (batteur) sont tous âgés de moins de vingt ans et fortement influencés à cette époque par les concerts des Smiths, My Bloody Valentine, des Stone Roses, de The House of Love et de Sonic Youth.
Avec Ride, dont l’album mythique »Nowhere » sort en 1990, ils sont considérés comme un des groupes fondateurs du mouvement shoegazing, terme employé par le New Musical Express pour désigner ces groupes qui jouent de la guitare les yeux rivés sur leurs pieds et leurs pédales d’effet pendant leurs performances.
Le shoegazing se caractérise alors par des chansons longues et répétitives, des morceaux très mélancoliques, des ambiances éthérées, où la mélodie prime sur le rythme.
SLOWDIVE forge sa notoriété grâce au son ambient et euphorique, aux mélodies atmosphériques et aux sublimes harmonies vocales de Neil Halstead et Rachel Goswell.
Ils signent fin 1989 sur le label Creation d’Alan McGee et, après un premier single éponyme salué par la critique, ‘’Slowdive’’, enregistrent deux albums, ‘’Just For a Day’’ en 1991 et ‘’Souvlaki’’ en 1993, qui reçoivent tous deux un accueil critique plutôt négatif.
Dès 1994, l’émergence du mouvement grunge outre-Atlantique (Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et Alice in Chains) pousse irrémédiablement le shoegazing vers la sortie, au profit de la britpop naissante, plus commerciale et plus fun, (Supergrass, Blur, Oasis, Suede), nouvellement plébiscitée par le public d’outre-Manche.
L’ultime album de SLOWDIVE, ‘’Pygmalion’’, sort dans un quasi-anonymat en 1995.
Une semaine après sa sortie, Alan McGee, plus affairé à développer des groupes comme Oasis, et dont le relationnel avec Neil Halstead s’est largement détérioré, débarque le groupe, mettant prématurément fin à leur (courte) carrière.
Dans les années 2000, SLOWDIVE fait l’objet d’une réhabilitation, devenant culte, étant considéré comme le groupe le plus marquant de la scène shoegazing du début des 90’s, avec My Bloody Valentine.
2014. Prémices de come-back. SLOWDIVE se reforme lors d’un concert donné au Village Underground à Londres en mai 2014, presque vingt ans jour pour jour après le dernier concert donné à Toronto. L’intégralité des places sera vendue en une minute trente chrono après l’ouverture de la billetterie (!), preuve tangible de l’intérêt suscité pour le groupe.
2017. ‘’Nous étions juste une bande de jeunes qui aimaient le même type de musique et qui se sont rassemblés pour jouer des tas de chansons que nous aimions’’ analyse le guitariste Christian Savill. ‘’Maintenant, nous sommes une bande de vieux amis avec des millions de divorces et d’enfants, qui jouent à nouveau ensemble et qui essayent de se familiariser aux avancées technologiques en matière de pédale d’effet’’.
2017 n’est pas pour SLOWDIVE l’année de la ‘’relance’’, terme marketing inapproprié ici. ‘’That’s something you’d do with a brand, and we’re not a brand’’ tient d’ailleurs à souligner le bassiste Nick Chaplin.
On ne parlera pas plus de ‘’renaissance de ses cendres’’, le groupe ne s’étant jamais consumé dans les flammes à l’inverse du phénix antique.
‘’Hibernation’’, en référence au film de Molinaro, serait plus juste. Avec le ravissement de constater que le talent de SLOWDIVE est intact après ces 22 longues années de mutisme.
Quel bienfaiteur de l’Humanité saura rendre prisonnier d’un bloc de glace pour le quart de siècle à venir le ‘’petit chant bêlant’’ Justin B. ??
Claude Le Flohic, en mode revival.