Bye bye blondie

Gloria, 35 ans, un CV de punk à chien sur le dos, se retrouve une fois de plus à la rue, suite à une énième bagarre qui dégénère avec son petit ami, et à négocier un coin de canapé auprès des quelques potes qu’elle peut encore solliciter. Pilier du bar Le Royal depuis bientôt deux décennies, elle se fait payer des litres de bière, attendant que l’engourdissement salvateur de l’alcool lui offre une solution temporaire, partenaire sexuel d’un soir ou copine bonne poire, et l’oubli, temporaire lui aussi.

bye bye blondieSi notre quotidien ressemble plutôt à métro – boulot – dodo, la complainte de cette gentille paumée se résume plutôt à alcoolo – clodo – héro (ou coke selon ce qui se présente)… et coup de boule ! Car avouons-le la demoiselle est une folle furieuse spécialiste de la crise de nerfs haute voltige. Aucun de nous n’aimerait la croiser de peur que la couleur de votre crête – ah vous n’avez pas de crête… ?! de vos Dr Martens alors – ne soit pas à son goût, pas de chance !

Ce décor glauque et hardcore dans lequel patauge Gloria bascule violemment lorsque son chemin croise à nouveau celui d’Eric, son grand amour rencontré en HP vingt ans plus tôt, devenu star du petit écran et qui lui montre une attention persistante.

L’occasion pour Virginie Despentes de nous décrire le monde joyeusement libertaire d’une punkette de seize ans au milieu des années 80. A l’époque où casser du bourgeois, s’opposer aux voies toutes tracées, mener des révoltes sous acides et heavy metal à fond, en somme faire n’importe quoi de sa peau,  infuse un goût de bonheur sans penser aux lendemains, qui déchantent fatalement.

Anthologie du punk rock et encyclopédie de l’insulte trash, Bye Bye Blondie nous fait naviguer au cœur d’une âme torturée, entre discours d’une vulgarité dérangeante, chargée d’une haine destructrice assez mal justifiée – reconnaissons-le – et discours psychanalytique de comptoir, un brin superficiel, pavé de bonnes intentions vite éludées.

Le lecteur passe rapidement de la compassion à l’énervement, parce qu’au bout d’un moment ce n’est plus le sort qui s’acharne, mais bien Gloria qui s’acharne sur le sort.

Reste la question essentielle : faut-il lire ce texte qui regorge d’ondes négatives et de mal-être au point de vous mettre la rage ? Et bien plutôt oui. Pour cette écriture nerveuse et perturbante, ce personnage uppercutant et son sociolecte (= dialecte lié à une condition sociale), cet étalage de groupes punk du milieu des années 80.

Vous attacherez-vous à Gloria ou la détesterez-vous ? A vous de voir !

Maud D., trash inside

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