Qu’est-ce qu’une bonne chanson ? certains vont vous dire, c’est le texte d’autres vous diront, c’est l’orchestration, non en fait c’est l’autotune ou la disto, bref on le voit bien chacun à sa formule, sa definition d’une bonne chanson alors qu’on oublie souvent un ingrédient, l’émotion.

Photo Antoine Henault

Si bien que certains artistes vont fonctionner uniquement à ça au risque de perdre l’auditeur dans des considérations beaucoup trop privées, et pousser au malaise.

Photo Antoine Henault


C’est comme dans la cuisine et l’élaboration d’un bon plat, la magie opére quand tous les ingrédient sont bien dosés ;
Pierō semble avoir compris où se situait la barrière, nous proposer des morceaux savamment orchestrés sans coller 30 000 synthés et des textes touchants en laissant planer un mystère sur le sens profond.

 les œufs sont battus en neige ça prend. Onctueux

Pierō a sorti  le 31 Mars un EP 5 titres en 4 lettres Yolo, en anglais you only live once, on ne vit qu’une fois, il ya donc l’intensité de vivre sous-jacente.

Le personnage du Pierrot le clown triste est une image bien sur assez forte pour comprendre que l’artiste nous parle de solitude de tristesse, et je vous laisse le dernier mot en allant écouter d’urgence cette tendre mélancolie, une mousse au chocolat délicieuse, celle qui laisse le bon gôut dans la bouche et surtout pas l’écoeurement.

Photo Antoine Henault

Alors allons à l’essentiel, c’est vraiment bien, la seconde chanson « Doutes de tout » fait office de single, non pas comme un outil de promotion lambda mais surtout comme un échantillon de ce que l’artiste peut faire, de la mélodie héritage de Christophe, d’une variété pop à la Souchon, une voix douce à la limite du déchantage, et une orchestration minimaliste avec un clavier sui vient souligner ce décollage en douceur.

Puis « 5h17 », l’air fait penser aux « Turtles » un groupe des 60’s, avec un titre majestueux « Happy together », vraiment sympa à écouter 5h17, dégaine le savoir faire de l’auteur, poésie mélodie et machines non envahissantes à l’oreille.
C’est un hymne au temps, c’est toujours aussi doux et sympathique avec ce saupoudrage de synthés des années 80, léger comme une rosée du matin dans un jardin au moi de mai, on marche pied nu sur une pelouse verte, attention à l’arrosage automatique.

Photo Antoine Henault

« Visages », c’est vraiment une intention à la « Christophe », c’est vraiment beau c’est précis dans le minimalisme avec une belle mélodie, on part loin.

C’est un très bel EP où effectivement rien n’est laissé au hasard, aussi bien le visuel du Pierrot que le coté musical à fleur de peau.

Alors comme on est gourmand avec Pierō on aimerait bien entendre l’album qui va suivre, alléchant pour les papilles et les oreilles !

En première partie de November Ultra le 5 avril prochain à la Cigale

Interview de l’artiste :

La figure du Pierrot clown triste est forte en image, pourquoi l’avoir choisi ? et que signifie le o avec un tiret au-dessus 

J’ai toujours aimé la figure du Pierrot Lunaire, sans savoir vraiment pourquoi : lorsque je travaille sur un projet, certaines images – comme celle du clown triste – finissent par s’imposer parce qu’elles ne cessent de revenir, sans raison. Le mieux est de se laisser guider par elles, sans demander pourquoi, et de laisser libre cours à ses obsessions. 

Le ō, tel que je l’imagine, c’est le fil d’un équilibriste tendu au-dessus du vide. Mais chacun peut y voir ce qu’il veut 

Est-ce difficile d’écrire pour soi ? Ya-il une censure ?  Les contraintes sont-elles les mêmes que pour un groupe ?  

Seul, on peut dire très exactement ce qu’on voulait dire, en prenant autant de temps qu’il faut pour trouver le mot et le son juste, mais ça peut être un peu triste et austère. À plusieurs, les choses peuvent aller très vite et se faire dans la joie, mais parfois dans une forme d’approximation. J’aime ces deux méthodes qui se complètent. L’une doit venir au secours de l’autre, et inversement. 

Yolo, le titre de l’album interpelle, ne vit-on vraiment qu’une fois ? 

On ne le saura qu’après notre mort. 

A qui s’adresse cet EP ? 

Peut-être à ceux qui cherchent un refuge, loin du bruit ? 

Doutes de tout est une remise en question existentielle, l’époque est-elle au doute, ou plutôt aux certitudes ? 

Je ne sais pas si j’ai quelque chose à dire de l’époque. De ce que j’en vois, je dirais qu’elle récompense plus les certitudes que les doutes, mais je me trompe peut-être. 

Dans sans le son, il y a une volonté de se couper de la musique pour mieux apprécier les choses est ce possible de danser sans le son ? 

Oui, je crois qu’on n’a pas besoin de musique pour danser. On peut danser en se lavant les mains ou en tournant la clé d’un appartement.

Cet ep est vraiment à fleur de peau dans un écrin de douceur, ou avez-vous construit cette sensibilité ? 

On évoque souvent la douceur pour qualifier ce que je fais, ce qui me réjouit ! Mais ce n’est pas une intention de ma part, ni une construction. Au contraire, j’aurais tendance à aller vers l’inverse en ce moment. Je réécoute par exemple beaucoup le producteur « Gesaffelstein » en ce moment, aux sonorités sombres et violentes. J’essaie d’explorer l’ensemble du spectre.  

Comment avez-vous choisi de doser les machines sur cet ep ? Qu’avez-vous voulu mettre en avant ? le texte ou la machine ? 

Selon moi, la voix humaine est un instrument comme les autres. Une sorte de machine, si on veut. Une machine mystérieuse. Je ne cherche donc pas à équilibrer l’un et l’autre mais à les travailler jusqu’à ce qu’ils se confondent, s’amalgament pour ne former plus qu’une seule et même chose.  

@pyofficiel

 

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