Saint Laurent des Cuves est un petit village où vivent 489 âmes. Situé près de Villedieu les Poêles, cette commune du Cotentin accueille chaque année, une vague de festivaliers divers et variés sur ses champs. Ils viennent voir durant trois jours, une multitude d’artistes, allant du rock, à la pop, à l’électro, voire au punk.
Cette année, Songazine a eu l’honneur d’y assister. Pour ce premier live-report-interview, nous avons croisé The Goaties, VKNG et Bombay.
On commence par les jeunes punk de Caen. Ils ont ouvert les Papillons de Nuit avec leur « punk des collines. » Nous les rencontrons à l’espace presse, juste après leur show. Voici les réactions à chaud au sujet de leur performance. Felix, le guitariste-chanteur de la bande : « J’ai mis du temps à être dedans, mais quand je l’étais, c’était ouf. J’avais l’impression de jouer dans le vide quand je suis sur une grande scène. C’est un peu dur de te caler. Mais après c’est cool. »
Martin, le bassiste-chanteur : « J’étais content car je pensais être vachement stressé. En fait, tu n’as pas le temps de penser quand tu te déchaînes. » Enfin, Joseph, le batteur de la bande : « Je me suis complètement gouré dans les balances. Je stressais, je me disais que ça n’allait pas le faire. Pourtant, je ne fais jamais l’erreur, mais je me suis calmé et j’ai réussi à jouer. Après on n’a pas l’habitude d’être dans des grandes scènes, on joue plus dans des petites salles, des rades ou des clubs de rock. » Le public a pris un véritable coup de fouet. Il était chauffé pour le reste de la soirée. « On les a excités. Je ne m’attendais pas à jouer devant tant de personne. »
L’année dernière, à Beauregard, nous les avions quittés déguisés en indiens des Grandes Plaines. Pour leur prestation aux Papillons de Nuit, ils se sont mis en tenue de monsieur loyal loufoque. Felix s’amuse : « Nos costumes dépendent de quelle drogue on prend. » Martin revient sur l’origine : « L’idée vient du fait qu’on descend tous du monde du spectacle. Mon père tient un cirque depuis trente ans. Puis, on a vécu cette expérience depuis qu’on est gamin. On adore cet univers. »
Ces costumes sont les prémices d’un futur projet, Joseph nous l’explique : « On veut monter notre propre chapiteau. On voudrait un cirque musical avec des invités. On veut qu’il soit le nôtre, à notre image. Puis on a toujours aimé les mobylettes, du coup on veut créer un spectacle avec des cascades. Du Tir à la Carabine. Des trucs de manouche. »
Ils ne peuvent pas être présents tout au long du festival. Pour autant, Ils auraient voulu voir : « De Staat, ils sont délires » répond le guitariste à la crinière rouge. Martin les a découverts « avec leur clip à la con ».
L’actualité de 2016 de The Goaties est la sortie d’un documentaire sur leur concert au Cargö à Caen. Felix : « On a joué une Carte Blanche au Cargö. On avait le droit à la grande salle. On était avec trois groupes. On a pu aménager à notre goût, inviter tous nos potes et ceux qui nous suivent depuis le début. On a mis une caravane de manouche dans la salle avec des vrais manouches. On avait créé un cocktail que tu gagnais au bras de fer avec l’un deux. Il n’y en a eu qu’un seul qui a réussi. C’était un Breton. »
La salle caennaise est le lieu où ils ont pu vraiment s’émanciper : « C’est là qu’on a gagné le tremplin, l’année dernière. Cela nous a permis de devenir plus importants par rapport aux gens de Caen et de la région. C’était déjà avant mais c’est plus cool aujourd’hui, » se souvient Martin.
Ils ne tournent pas qu’en Normandie, mais aussi sur Paris. Felix se rappelle une soirée : « On a déjà joué dans la capitale, à la Flèche D’Or, à la soirée Léopard Day. C’était le 30 avril. C’est David Vallet de Scopitone qui nous a invité. C’est un grand copain qui nous aide beaucoup. » Martin : « Ce n’était pas facile, il n’y avait pas grand monde. Après, on s’est bien débrouillé pour mettre l’ambiance. » Il ajoute une note sur les Parisiens : « Le public de Paris est un peu snobinard. Ils ne sont pas fous comme ici. » Pour Juin, ils assureront une nouvelle date à Paris, au Supersonic, en compagnie de Paradis Noir et The Fool Monkey.
Songazine trouve ce trio normand de punk-rock est comme les descendants des Béruriers Noirs, de la Mano Negra, Les Négresses Vertes, Pigalle, Sheriff ou de Gogol 1er. Le bassiste se souvient une anecdote : « On a joué avec un des mecs des Béru’. Loran qui joue maintenant avec les Ramoneurs de Menhir. Il est venu à la fin du concert nous voir. Il nous a donné sa bénédiction comme les dignes héritiers. »
Sueur Froide, leur premier album, aura un petit frère, Martin affirme : « Mais bien sûr, qu’il y aura un successeur. En ce moment on est en train de composer. On voulait sortir un truc l’année dernière, mais en fait, non. Là, on répète beaucoup, car on possède plein de nouvelles chansons, on va partir en studio en septembre. Mais on pense que ça sera un EP. »
Enfin, pour conclure, l’habituel dernier mot. L’honneur est à Martin : « Tu as l’air gentil alors je voudrais bien être ton copain. » Une petite rasade de calva dix ans d’âge. Santé aux The Goaties !
Papillons de Nuit : VKNG
« Alors on déserte Indochine ? », s’exclame Thomas de VKNG, devant une petite troupe de curieux venu voir du côté de la Scène Erebia. Pendant que la bande de Sirkis sévissait sur la Scène Vulcain, la musique de la West Coast Quiberon a fait danser, déhancher, gigoter, sauter, ambiancer, donner le sourire à toute une foule qui grossissait à chaque chanson. C’était de la folie ! Thomas a assuré en bête de scène. Il ne faisait plus qu’un avec le public. Personne ne pouvait l’arrêter. Il nous a joué de son instrument fétiche : le saxophone soprano. Un délice ! Girls Don’t Cry, Mary, First Pop, Don’t Stop et Killing In The Name Of God ont toutes été magistrales. Pendant une heure, ils ont été l’Illumination (le nom de l’album) pour nombre de Normands sur place. Rien à dire, c’était magique.
Papillons de Nuit : Bombay
Un des derniers groupes à clôturer cette belle soirée musicale, le groupe hollandais de garage-pop Bombay. Nous les avons rencontrés en fin d’après-midi, sur la terrasse des loges autour d’une bière. Matthias Janmaat (guitare), Gijs Loots (basse) et Lisa Ann Jonker (batteur) sont en pleine tournée en France. Ils assurent douze dates. Ils ont déjà joué quatre concerts, Mathias nous donne sa première impression : « Nous avons commencé au Point Ephémère le 3 avril. C’était vraiment sympa, il y avait une bonne vibration. Jouer avec Elecampane c’était génial. En gros, c’était une bonne soirée. Pour l’instant, on adore jouer chez vous ! »
Leur voyage dans l’Hexagone s’est arrêté à La Clef de Saint Germain en Laye, jeudi soir. Mathias a un excellent souvenir avec les Saint-Germanois : « C’était Cool. Beaucoup de monde ont dansé pendant notre set. C’est difficile de jouer et de ramener un public en dehors de Paris. Pourtant, on a été surpris de trouver une foule motivée. » Songazine a demandé à Bombay, la différence entre le public français et celui des Pays-Bas. Lisa s’exclame : « Les Français sont très cool. » Gijs décrit celui de son pays : « Les hollandais restent les bras croisés devant toi. On dirait qu’ils attendent que le temps passe. Vous (le public français), au moins, vous êtes en symbiose avec nous. C’est vraiment excitant. » Quant à Mathias, il nuance: « Je pense que vous avez différents publics, celui de Paris ressemble plus au nôtre. Par contre, nous étions en Bretagne, là c’était complètement délire. »
Aux Papillons de Nuit, deux groupes des Pays-Bas partagent la scène. Le deuxième est connu de Songazine, ce sont les De Staat. Mathias le cerveau de la bande : « Ce sont nos amis. Nous avons déjà joué avec eux lors de différents concerts, il y a quelque mois. Ils sont comme nous, ils déchargent une grosse énergie sur scène. Chez nous, tous les groupes se connaissent entre eux, on est vraiment une petite scène ! » Bombay, nous conseille d’écouter le groupe Skip And Die.
Le groupe serait partant pour aller s’aventurer en Inde : « Pourquoi pas. J’espère qu’un jour, un festival indien nous contactera pour jouer là-bas. Si ça marche, on sera prêt pour partir et jouer dans ce coin d’Asie. »
Vendredi, ils ont sévi à la toute fin de la soirée, entre 01 heure 30 et 02 heures 30. Gijs nous donne sa recette pour tenir : « le mélange café/bière. On a déjà joué à ce genre d’horaire. C’est une heure particulière, car tu uses tes dernières énergies. Tu joue dans tes derniers retranchements. La mission est de faire encore vibrer le public, de les entraîner à sortir de la fatigue. »
Show Your Teeth est leur deuxième album sorti en février 2016. Il est un mix de morceaux de garage, de pop avec une touche de post-punk. L’œuvre dégage une ambiance positive, nerveuse, pleine de vitalité, d’enthousiasme avec des moments de mystère et de délicatesse. Mathias commente : « C’est nickel, on ne peut pas dire mieux. Tu as notre bénédiction. Tu peux commencer à écrire, tout de suite. » Il poursuit « Pour cet album, nous voulions un son plus rock, plus groovy en délaissant un peu plus le côté pop de l’ancien (Vulture/Provider, 2013) . Tu le ressens notamment dans Slow Motion, où la basse, la guitare et la batterie sont plus percutantes.» Ce titre est leur favori en concert : « On adore jouer Slow Motion. Elle permet de réunir les connaisseurs et les curieux. Elle dégage une énergie fédératrice. C’est vraiment une chanson qui a été créée pour le live », conclut-il.
Thomas Monot
Bonus lien :
The Goaties
VKNG
Bombay