Dès les premiers accords de ce nouvel album (Trouble), les No money kids balancent une atmosphère saturée de guitare électrique, convoquant une imagerie de fuite en avant. Le premier morceau (Chains) pose direct le décor… en ruines faut-il préciser ? Motels miteux aux néons zozotants. Personnages en souffrance, toujours sur la brèche, constamment en instabilité sociale, affective. Voiture un peu déglingue qui fonce à vive allure quittant un bourg miteux, espérant rejoindre un paradis qui s’avère hélas souvent du même acabit.
Un électro blues qui geint, des morceaux pop lancinants et douloureux lacérés d’un rock vibrant et rauque qui malgré tout exhorte à y croire… encore ! Arrêtez de vous apitoyez sur votre sort, on reprend la route ! Bref la révolte oui, mais pas l’apitoiement.
Quelques notes indie s’immiscent alors et le flower power new generation sautille joyeusement. Mais ça ne dure pas. Après quelques incursions dans des contrées amies, le rock rageur revient inévitablement. Parce que le cœur du rockeur ne fait pas longtemps dans la guimauve. Parce que la vie mord et griffe. Et que le rock est là pour le crier. Ainsi la boucle est bouclée.
Sur les bases d’un rock oldy originel, écho rassurant d’une autre époque, viennent s’accoler des accords grinçants électro résolument modernes qui nous ramènent sans cesse au no future. Brillamment orchestré et cadencé, en mode neo oldy, flirtant avec différents styles, ce 3e album du duo parisien reste absolument électro-rock. De la vie de la mort on ne sait jamais vraiment laquelle gagne au fil des morceaux, l’une étant infailliblement le corollaire de l’autre. No money kids jouent avec nos émotions mais pas avec la qualité du son. Ils nous embarquent dans un rock’n road movie où on se laisse jouissivement piéger !
M. TroubleD.