A peine j'ouvre les yeux

Le film A peine j’ouvre les yeux, le premier long métrage réalisé par la jeune tunisienne Leyla Bouzid, est un film magnifique, et à Songazine, on ne pouvait pas ne pas vous en parler.

Le film se situe au courant de l’été 2010, juste avant le Printemps arabe. L’ambiance, tout au long du film, décrit très bien ce quotidien qui étouffe et oppresse la jeunesse tunisienne.

A peine j'ouvre les yeuxL’héroïne, Farah (superbement joué par Baya Medhaffer), est une belle jeune fille qui vient tout juste d’obtenir son bac. Elle est chanteuse dans un groupe de rock engagé, rêve de poursuivre des études de musicologie, et vibre toute entière pour la musique. Elle n’est pas vraiment consciente des risques qu’elle prend, dans ce pays où la liberté d’expression ne tient qu’à un fil. Un indic au sein du groupe, et le groupe se fissure. Farah subit un interrogatoire des forces de police – scène terrible. La paranoïa s’installe, la peur gagne du terrain. Comment museler un groupe de rock.

La mère de Farah, Hayet (admirable Ghalia Benali, chanteuse dans la vraie vie), essaie de préserver sa fille, oscille entre sa traditionnelle autorité et sa volonté de laisser sa fille libre. Ce binôme mère-fille est remarquable et sonne parfaitement juste.

Les chansons du film, une influence « reggae 2010 » jouent bien entendu un grand rôle. Elles sont écrites par Khayam Allami, un compositeur irakien qui vit à Londres. Ce compositeur a remis l’oud (sorte de luth oriental) au centre de ses compositions en solidarité avec son pays d’origine, et ce rock baigné de sonorités orientales nous offre un cocktail savoureux.

Le film a été sélectionné dans plusieurs festivals et primé à la Mostra de Venise. Il sort ce mois-ci en Tusinie et gageons qu’il aura tout le succès qu’il mérite.

La musique, comme une forme de liberté et de résistance : voilà un message fort pour bien démarrer cette année 2016 !

Pascale B., heureuse de porter le drapeau de la liberté d’expression pour Songazine.

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