Nous avions découvert Tamino lors de son passage au Hop Pop Hop festival en septembre dernier. Après un EP brillant en 2017, la sortie d’Amir son premier album en octobre nous promettait un automne doux et lumineux, au-delà de la réalité météorologique. L’effet Tamino a de nouveau eu lieu lors de son concert au Café de la Danse lundi 19/11. Explications.
Dans la flûte enchantée de Mozart, Tamino, prince noble et courageux est chargé par la Reine de la Nuit d’aller délivrer sa fille Pamina des prisons du mage Sarastro. Il lui revient une flûte magique.
Dans la vraie vie, en 2018, Tamino-Amir (son deuxième prénom qui signifie « prince » en arabe), originaire d’Anvers, est un jeune homme ténébreux de 22 ans qui compose une musique au charme désarmant. La musique coule dans ses veines et ses gènes mêmes semblent être construits de notes. Il a la mémoire de son grand-père, immense chanteur égyptien et de ses premières influences transmises très tôt par sa mère musicienne. Il apprend – bien entendu, le piano classique pendant deux ans, étudie au Conservatoire d’Amsterdam et évoque surtout déjà adolescent son « besoin vital d’écrire de la musique ». Il cite John Lennon et Leonard Cohen, rapport aux paroles de ce dernier « qu’on peut lire comme des poèmes ». La littérature est très importante pour lui ; c’est d’ailleurs souvent le déclencheur de son travail de composition et il avoue avoir toujours avec lui Le prophète de Khalil Gibran, qui l’inspire.
Alors oui, Tamino est beau comme une gravure de mode, comme une statue grecque. Sa silhouette évoque un prince du désert lorsqu’il entre sur la scène du Café de la Danse drapé dans une tenue suggérant l’orient, le voyage, le mystère aussi, dans la semi obscurité, caché derrière sa guitare, les yeux clos pour débuter son concert. Mais c’est surtout du côté de sa musique que le charme opère.
Les premières notes de Persephone résonnent et le timbre envoûtant de Tamino frappe le public.
Juste derrière lui, à ses côtés, on aperçoit ses compagnons de route, Vik Hardy (claviers, percussions) et Ruben Van Houtte (batterie).
C’est souvent les yeux fermés que Tamino chante, absorbé par sa musique. Capté à notre tour, on se laisse aller au voyage qui passe par un rock aux accents folk (Each time), aux évocations orientales (So it goes). Tamino change très souvent de guitare, comme pour mieux nous perdre, nous proposant des ballades mélodieuses totalement fascinantes et des guitares incisives (Chambers qui n’est pas sans évoquer Radiohead). Comme sur l’album, tout en nuances, les ombres et la lumière alternent, comme le registre vocal très étendu de Tamino : sa voix pouvant se faire grave et dense pour mieux infléchir dans les aigus.
Après le délicieusement mélancolique Indigo night, sur lequel Colin Greenwood a collaboré, très attendu par le public, on assiste à l’effet Tamino. Comme à chaque concert, vient le moment où le public touché en plein cœur par les compositions et la pureté de la voix de Tamino, abandonne son écoute quasi religieuse, se laissant aller à l’émotion et le couvre d’un tonnerre d’applaudissements plusieurs minutes durant.
Tamino s’adresse alors à son public, en français, visiblement très ému à son tour « merci, vous êtes très gentils, ça signifie beaucoup pour nous ». Il nous avait déjà confié se sentir particulièrement heureux d’être ainsi « embrassé » par le public français.
S’en suivront le lumineux et presque électro W.o.t.h., le sublime Habibi, puis une reprise, seul sur scène, de Mariners Apartment Complex de Lana del Rey avant de nous quitter sur Smile.
Si dans la flûte enchantée, le parcours de Tamino pour délivrer et conquérir Pamina le mène vers l’amour et la lumière, ici en 2018, le talent de Tamino et sa voix céleste devraient immanquablement le mener vers les cîmes en nous emmenant avec lui.
« Les rayons du soleil repoussent la nuit. » Mozart, La Flûte enchantée
Veyrenotes et Wunderbear
Crédit photos : Marylène Eytier – Au Bon Declic
Tamino sera en concert à la Cigale le 06.03.2019, infos disponibles sur ici
Pour Gé, pour te faire aimer l’automne !